lundi 1 juillet 2013

Les sacrifiées - Laurent Gaudé

Présentation de l'éditeur ( Actes SUD) -  Théâtre

Raïssa est une jeune fille qui vit dans les collines de la campagne algérienne. Elle est maudite. Sa mère est morte en couches, ce qui la souille à jamais. Elle porte en elle cette faute originelle. A travers trois générations de femmes (Raïssa, Léïla et Saïda), à travers trois époques différentes de l'histoire de la France et de l'Algérie, la malédiction se perpétue. Elle se décline sans cesse sous un nouveau visage : la guerre, l'émigration, la montée du fanatisme. La lignée de Raïssa traverse ces tourmentes. Chacune de ces femmes lutte contre l'histoire, essayant d'échapper aux coups du sort qui renversent tout. Chacune, tour à tour, pousse le cri de révolte et de combat des sacrifiées. Laurent Gaudé a choisi de raconter le destin de trois générations de femmes qui traversent la seconde partie du XXe siècle. A leur chant tragique répondent en écho les chœurs des soldats, des émigrés et des villageois.

Je suis encore sous le charme de cette pièce très moderne, et qui rappelle pourtant des temps plus anciens celui de l'histoire de la France et de l'Algérie. Les trois thèmes que Laurent Gaudé abordent, sont symbolisés par l'histoire de 3 femmes, magistralement mises en scène pour remuer et contraindre le lecteur à s'arrêter et à réfléchir aux messages délivrés... Des messages forts qui nous ramènent à des événements historiques précis et discutables, on ne peut rester indifférents, et les mots utilisés : touchent, blessent, interpellent... La sobriété des décors et les images qui s'en dégagent rendent ces femmes attachantes.

La première partie remémore les étapes de l'occupation française, une occupation qui tourne le dos à l'intégration et qui nous montre les abus des français sur la gente féminine notamment. On est dégoûté des droits que s'octroient certains, pour jouer les chefs et se faire mousser ...
La deuxième partie touche à l'émigration en France et m'a beaucoup moins inspiré, peut-être que beaucoup de films et de reportages ont déjà montré et constaté les problèmes recensés ici.
La dernière partie est un hymne à la souffrance des femmes, face à leurs libertés de corps et d'esprits,  l'écriture est extrêmement efficace, on a la rage au coeur et on peut ainsi mesurer la chance et la liberté des femmes de notre pays. Cette partie est émouvante et touche particulièrement.
Les sujets sont féroces et ne sont pas larmoyants pour autant, c'est la force de Gaudé qui touchent par des mots simples et des situations peu communes,  les images s'imposent à nous avec beaucoup de force et de sensibilité.

Après la lecture du "soleil des scorta", je m'aperçois qu'ici, Laurent Gaudé récidive une fois de plus avec un  thème récurrent, celui de la malédiction transmise par hérédité de femme en femme... On le sent à chaque fois très intrigué par ce thème qu'il développe ici sous une forme différente, il semble vraiment hanté par le destin et ses conséquences sur la vie quotidienne. C'est un  thème qu'il articule savamment tout au long de ce récit grâce aux témoignages tristes et dures de ces femmes : Raïssa, Leïla et Saïda.  C'est aussi ce qui les relie entre elles.

On finit par une note optimiste, car l'auteur pressent que ces femmes se battront jusqu'au bout... jusqu'au jour où leurs droits seront enfin respectés ! Elles ne lâcheront pas, elle s'entraideront et on aime à penser que leur sacrifice sera récompensé !. Je vous laisse savourer à votre tour les destins de ces femmes dans lesquelles nous pouvons retrouver nos propres aspirations, nos propres révoltes, en tant que mères, que soeurs, qu'amies, que femmes... ! Une très belle découverte ! 

Cette pièce de théâtre a été lu dans le cadre du challenge Laurent Gaudé 
organisé par Choco, cliquez sur ce lien et pour en savoir plus et lire d'autres avis.

2 commentaires:

  1. J'ai trouvé ce texte encore une fois très fort. J'ai été surprise d'autant adhérer au format théâtre mais il colle parfaitement avec ces choeurs qui reviennent... Je partage ton avis sur le destin des femmes qu'on retrouve dans ses oeuvres!

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    1. Oui, moi aussi, ce n'est pas le théâtre que je lis habituellement, c'est très classique et en même temps moderne ! Indéfinissable, mais surtout c'est l'émotion qui parle !

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