mercredi 29 janvier 2014

La maison aux esprits - Isabel Allende

Présentation de l'éditeur ( le livre de poche) - Histoires de Vie
Traduction : Carmen et Claude Durand

Une grande saga familiale dans une contrée qui ressemble à s'y méprendre au Chili. Entre les différentes générations, entre la branche des maîtres et celle des bâtards, entre le patriarche, les femmes de la maison, les domestiques, les paysans du domaine, se nouent et se dénouent des relations marquées par l'absolu de l'amour, la familiarité de la mort, la folie douce ou bestiale des uns et des autres, qui reflètent et résument les vicissitudes d'un pays passé en quelques décennies des rythmes ruraux et des traditions paysannes aux affrontements fratricides et à la férocité des tyrannies modernes. Isabel Allende a quitté le Chili après le coup d'Etat militaire. La Maison aux esprits, son premier roman, tantôt enchanteur, tantôt mordant, est à inscrire parmi les révélations de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui. Il est traduit dans une dizaine de pays et a obtenu le prix du Grand Roman d'évasion 1984.

Je ne connaissais pas du tout cette auteur, et quelques livraddictiennes m'avaient un peu mis l'eau à la bouche en me vantant les qualités d'écriture de Mme Allende. Stéphanie propose une LC, je saute sur l'occasion. 

L'écriture est en effet très agréable, elle vous entraîne dans cette histoire à tiroir avec la délicatesse d'une conteuse. La qualité des mots choisis donne aux phrases une mélopée vraiment remarquable, elle nous fait tourner les pages sans avoir envie de s'arrêter et accompagne parfaitement le récit rocambolesque de cette saga familiale. 

Les cahiers de vie de Clara sont le point de départ et le fil conducteur de l'histoire, c'est sa petite fille Alba, qui nous transmet, sous forme d'un récit vivant, les souvenirs de son arrière grand-mère, elle nous montre comment à travers trois générations de femmes, les relations et les revendications se mêlent et se démêlent avec passion, au sein de leur petite communauté. 

Les poins de vue du narrateur sont différents tout au long de l'histoire et ne sont pas toujours bien perceptibles… Je ne savais plus qui parlait parfois entre Clara ou Esteban… petite gymnastique que l'on apprend vite et qui ne nuit pas à la compréhension mais apporte au contraire un autre éclairage et un des seuls points de vue "masculin" significatif dans ce récit. 

On retrouve donc des personnages fortifiés par un pays et un climat dur, moulés dans des traditions ancestrales et des coutumes paysannes intenses. Cela donne des êtres entiers, aux caractères parfois incontrôlables et bien trempés, ce qui fait écho et donne matière aux affrontements et au pouvoir politique en place. Et si aucun nom ne désigne le Chili, cela y ressemble beaucoup … 

Pour en revenir à ces femmes au destin hors du commun qui hantent et harcèlent le lecteur de leurs actions fortes, Clara est celle qui donne le tempo, elle est pourtant la seule qui ne se bat pas … Elle illumine sans effort et coule doucement en suivant ses prémonitions. Ses extravagances et ses fantômes nous la rendent intrigante, et je dois dire qu'en son absence, je me suis demandée si le récit n'allait pas s'en trouver appauvri … Mais ce n fut pas le cas, car les événements reprennent le pas, mais nous sommes un peu comme Esteban Trueba, déboussolé et meurtri de cette disparition, elle nous manque cette Clara ! La fragilité et la clairvoyance de cette femme en a fait un être à part qui contraste avec la dureté de leur vie quotidienne. Un petit mot pour la soeur d'Esteban : Férula dont l'histoire m'a beaucoup touché, c'est un personnage très fort dans ce livre, malgré sa discrétion permanente. 

Je n'ai pas grand chose à rajouter, si ce n'est que j'ai beaucoup aimé cette atmosphère (digne d'un Laurent Gaudé ou d'une Carole Martinez) et qu'il faut le lire pour se sentir imprégnée de cette atmosphère particulière et de l'émotion des personnes qui peuplent ce coin de terre. C'est un conte et le destin s'y mêle en apportant beaucoup de malédictions et de souffrance dans cette famille. 
La vaste demeure des Trueba finit par être un labyrinthe, comme le coeur de ces personnages. Pris au piège de leurs sentiments souvent contradictoires, la seule cohésion vient toujours de leur filiation et de leur désir de lutter contre le mauvais sort auquel il n'échappe que très rarement… On en serait presque à se demander s'il n'existe pas quelque part les ruines de "cette maison aux esprits", un domaine bien réel et pourtant hors du temps, qu'on aimerait visiter comme un vieux musée.

Lecture commune organisée par Stéphanie dont voici l'avis ici .

lundi 27 janvier 2014

L'appel de la lune. T.1 Mercy Thompson - Patricia Briggs

Présentation de l'éditeur ( Milady)
Traduction : Lorène Lenoir

" Les loups-garous peuvent être dangereux si vous vous mettez en travers de leur chemin. Ils ont un talent extraordinaire pour dissimuler leur véritable nature aux yeux des humains. Mais moi, je ne suis pas tout à fait humaine. " 
En effet, Mercy Thompson n'est pas une fille des plus banales. Mécanicienne dans le Montana, c'est une dure à cuire qui n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis et à sortir les griffes quand le danger frappe à sa porte. Mais ce n'est pas tout : son voisin très sexy est le chef de meute d'une bande de loups-garous, le minibus qu'elle bricole en ce moment appartient à un vampire, et la vieille dame très digne qui lui rend visite vient jeter des sorts sur son garage. Au cœur de ce monde des créatures de la nuit, Mercy se trouve mêlée à une délicate affaire de meurtre et d'enlèvement...

Eh bien, ça y est, je suis piquée en m'initiant à la bit-lit … J'ai suivi les bons conseils de Mypianocanta, elle m' a offert ce qu'il y avait de mieux dans le genre pour elle, et je la remercie. J'ai beaucoup pensé au livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness, je mettrai cette série dans le même genre, et j'avais adoré !

Ce volume m'a également convaincu. Un peu réticente au départ à cause de la couverture trop racoleuse et pas assez vendeuse à mon sens (elle donne l'effet d'une lecture de midinette en chaleur). Pour moi, cette communication est décevante car elle ne représente pas le livre, et ne rend pas compte de l'atmosphère, qui est bien plus délicieuse ! 

Mercedes Thompson, dit Mercy est un personnage tout à fait sympathique, on s'y attache assez rapidement, car sous ses air de meccano à gros bras, elle incarne bien le genre de personnage auquel on aimerait ressembler, jolie, bien faite, musclée, et sportive, avec des pouvoirs de transformation, suffisant pour qu'on la sente à l'abri des coups durs et qu'on s'inquiète aussi pour elle, coyote ce n'est pas rien, mais ce n'est pas loup-garous quand même … 

Auprès de ses amis, elle incarne la soeur, la mère, la confidente, figure très complète, elle est cohérente et a beaucoup d'esprit. Elle est une femme aussi et le triangle amoureux qui se forme entre son ex copain et l'Alpha du groupe : Adam,  donne un peu de pigment, juste ce qu'il faut, car ici, c'est un tome où l'aventure et l'action prédominent avant tout ! 

Un univers détaillé ou les "faes" sont multiples, noms donnés aux êtres hors du commun, un bestiaire complet ou l'on rencontre des loup garous, des sorcières, des gremlins, des vampires… ce mélange de genre donne une dynamique étonnante et vivifient les dialogues. On s'y croirait, beaucoup de véracité et d'humanisation dans les relations de ces êtres pourtant "extra" ordinaires. 

Tout ceci est due en partie à l'écriture très enlevée, simple mais qui va droit au but dans l'émotion ou l'expression. Tout est prétexte à nous en apprendre un peu plus sur ces créatures et sur leur évolution future, c'est très bien exploité.
Cette évolution future m'amène donc à parler de l'intrigue, car c'est pour protéger leur devenir que les bandes se battent et s'agitent, certains veulent rester cachés et d'autres veulent faire leur "coming-out " ! et c'est le seul point qui m'a un peu "titillé", on ne comprend pas toujours le motif de chacun, la trahison de certains et puis cette pauvre Jesse qu'on laisse mijoter chez ses kidnappeurs pendant la presque totalité du bouquin… beaucoup de perte de temps, aller voir les uns, les autres… et bien que cela nous permette de faire des rencontres intéressantes (surtout les vampires pour qui j'ai un petit faible …), la jeune fille reste sans secours, livrée à elle-même… L'enquête pêche donc un peu par les motivations des méchants et la résolution de l'intrigue rapide et un peu tirée par les cheveux … Mais le rythme ne s'essouflant jamais cela permet de passer aisément sur ces petites faiblesses, on apprécie la compagnie de ces "adorables" phénomènes ! et avec en prime pleins de beaux "seconds rôles" ! 

Le deuxième tome "Les liens du sang" va rejoindre ma pal d'ci peu ! On sent que les rapports entre Mercy et Adam vont se renforcer et tout cela promet une suite alléchante dans un univers d'Urban Fantasy qui convient à merveille à mes envies ponctuelles d'évasion ! 




vendredi 24 janvier 2014

Le sang des 7 rois - Régis Goddyn

Présentation de l'éditeur (Atalante) - Fantasy

25 juillet 806
Deuxième jour de traque. Depuis le départ du château, la pluie n'a pas cessé de tomber. Je profite d'une roche en surplomb pour abriter le journal et écrire ce premier compte-rendu. Arrivés sur les alpages, nous avons suivi la crête pour trouver des indices. Rien ne nous avait préparés à ce que nous avons trouvé là. Un autre campement avait été édifié à cinquante pas à vol d'oiseau du premier et tout indique qu'alors que nous pensions notre retard considérable,ses occupants s'en étaient allés quelques heures auparavant.

J'ai attendu un peu trop longtemps pour éditer cette chronique, et c'est parfait car ce qui m'en reste témoignera au plus près de ce que j'en ai pensé. 
Une quatrième de couverture comme je les aime, qui en dit assez, sans trop en dévoiler, on sent qu'il va s'agir d'une course poursuite et qu'un grand secret est sur le point d'être révélé au grand jour … Rien de tel pour se mettre en appétit !

La première partie du livre nous plonge tout de suite dans l'histoire, et pas de temps mort pour Orville, notre héros solitaire qui part, avec des soldats, à la recherche de brigands qui ont kidnappés 2 enfants du village. Pourquoi, comment, cela reste le mystère ? Après plusieurs attaques,  son équipe est décimée, et il se retrouve bientôt seul à crapahuter dans des zones non explorées et va devoir affronter des hordes singulières...

La deuxième partie est beaucoup plus politique, avec la mise en place d'une mini-royauté, toujours par notre sieur Orville, sur l'île du Goulet. On y découvre aussi une histoire parallèle avec Rosa, dont on se doute déjà qu'elle va être plus présente dans le deuxième tome. Elle arrive un peu tard, et comme cela se fait souvent, j'aurai préféré avoir une alternance des chapitres plus tôt dans le livre. Passer de la quête d'Orville aux mésaventures de Rosa, cela nous aurait baladé un peu plus, et aurait coupé cette longue partie où Orville avance dans les montagnes, même si on ne s'ennuie pas un seul instant, je dois le dire … L'auteur a trouvé un autre stratagème pour remédier à la monotonie de la  traversée, il fait participer le lecteur en intégrant dans l'histoire, son journal de bord ou de voyage, cela rend plus vivant le récit de ses exploits, et par ce biais, l'auteur distille des informations sur l'enquête, nous faisant partager les doutes et les questions d'Orville, n'oublions pas qu'il n'a personne à qui se confier durant toute la première partie du livre... 

Comme d'habitude, je ne m'égarerai pas à vous raconter ses aventures, multiples, et parfois rocambolesques, beaucoup de comparatifs et de similitudes peuvent être faits avec des romans existants et pas si vieux que ça, je pense au héros de Haut-Royaume de P.Pevel en premier lieu que j'ai lu il n'y a pas longtemps… Mais, on sait qu'il est assez difficile de se renouveler dans la fantasy, et ce tome 1 ne déroge pas tellement à la règle. Ce roman se lit facilement grâce à une écriture vivante qui donne un bon rythme aux événements, les combats sont bien pensés, les décors bien décrits, mais ici pas de dragons, ni de créatures issues de la fantasy, juste un monde aux allures médiévales vastes et dures avec des guerriers et des combats à tout bout de champs... La seule magie réside dans les pouvoirs du sang des 7 rois, depuis bien longtemps décimés. Cette magie résonne encore dans ceux qui ont le sang BLEU, (on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour nos royalistes d'antan et une certaine lutte riche-pauvres …) Mais ici, le sang bleu n'est pas une vue de l'esprit , il est bien de couleur BLEU et correspond à la possession de pouvoir que les hommes s'évertuent à chasser, à éliminer pour garder le secret des rois et des gardiens … Un secret qui est divulgué avec parcimonie et dont on aura pas toutes les réponses dans ce tome… hélas....

Un bilan plutôt positif mais il y a deux choses qui m'ont gênées. 
La première est que je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment au personnage d'Orville. Malgré la rédaction de son carnet de bord, on ne sait jamais réellement ce qu'il pense, très renfermé, on admire ses prouesses techniques, mais pas d'épanchement, ni de peine, il reste trop froid et méthodique "pour moi". Son attitude sur l'île est parfois difficile à comprendre, il prend les choses en mains, et ça c'est trés bien, mais peu à peu, ne prend-il pas aussi la grosse tête en voulant créer un nouveau royaume ? J'ai trouvé que les événements de sa vie s'enchaînaient assez bizarrement sur la fin de ce tome... 
La deuxième chose est que j'ai trouvé un peu trop de "méli-mélo" dans l'intrigue et les liens qui nouent le secret et les gardiens sont un peu troubles, parfois on ne sait plus très bien qui est qui, qui est avec qui !.. On ne sait plus non plus ce que chacun cherche vraiment ? Mais j'ai peut-être décroché sur la deuxième partie que j'ai trouvé beaucoup moins palpitante que la première...

Enfin tout cela, ne m'empêchera pas de lire le tome suivant, en espèrant qu'il éclaircisse mes doutes... car il y a des actions en suspens qu'il me tarde de connaître, et cette Rosa a de quoi captiver !
A tenter donc pour le plaisir de lire un auteur français qui pour un premier roman maitrise rudement bien son sujet !



mardi 21 janvier 2014

L'étrange vie de Nobody Owens - Neil Gaiman


Présentation de l'éditeur ( J'ai lu) - Fantastique-Jeunesse
Traduction : Valérie Le Plouhinec
Illustrations : Dave McKean


Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux...

L'histoire d'un petit garçon qui voulait être comme tout le monde ! Voilà un titre qui aurait pu convenir... J'ai cru voir un film de Tim Burton, autant dire lire une histoire noire avec des moments de poésie sous-jacents très émouvants …Une présentation agréable avec l'insertion d'illustrations dans le découpage des chapitres.

Pas de révélation sur l'histoire … Mais sachez que la trame est complètement loufoque et nous plonge rapidement et avec intérêt dans ce livre… Voyez plutôt : un bébé miraculeusement épargné par le destin, est le seul survivant d'un massacre perpétré par un certain Jack… On n'en sait pas plus… ni pourquoi, ni comment… Mais on avance allègrement dans cette comédie déjantée.
Et on trouve Mr et Mme Owens, fantômes notoires du cimetière d'en face, qui ont décidé de protéger et d'éduquer ce petit humain qu'ils aiment déjà comme leur propre fils ! Ce petit bonhomme va les occuper et redonner un peu de "vie" à leurs monotones existences. Il va grandir encerclé de fantômes dans un endroit peu confortable mais avec beaucoup d'amour, et n'est-ce pas le plus important ? Ceci est sans doute le premier message de l'auteur, il y en aura beaucoup d'autres dans ce conte.

Un conte parfois moralisateur, parfois fantastique avec quelques zestes de gothique, et qui ne manque pas d'attraits avec sa galerie de personnages décalés et plus "vivants" que morts pour certains…Ces "êtres" vont rendre la vie de notre petit "Bod" assez passionnante, magique et pleine d'entrain. 
La vision du garçonnet est un peu déformée par le contexte et l'endroit où il vit, et cela va nous le rendre encore plus sympathique, on grandit avec lui et même la notion de temps devient secondaire…

L'atmosphère est un élément très important et conditionne le lecteur, elle introduit dans notre ressenti un petit côté "burtonnien" et rétro, et en même temps il y a beaucoup de modernité, CD, ordinateurs, téléphones portables... L'originalité tient aussi dans la poésie qui est apportée à ce lieu plutôt sinistre et reste donc bien à la portée des adolescents en édulcorant le monde fantomatique et lugubre des cimetières. N'oublions pas qu'il s'agit d'une histoire classée jeunesse. Rien à redire donc, adultes et adolescents y trouveront leurs comptes.

Une séries de portraits tous plus rocambolesques les uns que les autres (j'ai beaucoup aimé son tuteur). Des rencontres improbables également avec des loups-garous, vouivres, goules et autres sorcières qui apportent de la magie et de la fantaisie à l'histoire et nous emportent avec délice dans des endroits ou l'imagination fait seule son chemin, le tumulus par ex...
Une écriture simple, poétique et imagée. Des dialogues vivants, drôles et incisifs qui appellent souvent à la réflexion et mettent en évidence le bonheur de VIVRE ... ce qui est le comble dans un endroit pareil !

Sans doute, je ne me promenerais plus avec le même regard dans un cimetière et si déjà mon imagination flambait à la vue de vieilles pierres tombales, cela na va pas s'arranger ... J'ai vécu 5 ans avec la fenêtre de ma chambre donnant sur le cimetière du Père-Lachaise à Paris, la partie basse et la plus vieille du cimetière... Une merveille d'inspiration pour ma petite cervelle ! Je le connais bien ce cimetière et  j'aurai aimé y rencontrer un genre de "Nobody" ! Une belle histoire ! Un beau conte !


mercredi 15 janvier 2014

Mangez-moi - Agnès Desarthe

Présentation de l'éditeur (folio) - Histoires de Vie  
   
"Myriam est un peu perdue, un peu fantaisiste et un peu rêveuse. Un beau jour, elle décide d'ouvrir son restaurant. A sa propre surprise, Chez moi devient vite le rendez-vous incontournable des habitants du quartier, le havre chaleureux où tout le monde se retrouve. Dans sa cantine, Myriam ouvre l'appétit et délie les esprits, avec l'instinct, la grâce et la sensualité des artistes aux fourneaux..."

J'ai tellement aimé l'ambiance dans lequel vous plonge ce livre...que je ne sais pas par où commencer ! Première chose : La couverture sera sans doute le seul point faible de cet ouvrage ! Elle manque de couleurs et d'audace ! Mais passons, que cela ne vous arrête pas dans votre choix  de lecture !


Il faut que je vous parle de cette écriture douce, suave, imagée et qui pétille en même temps de belles mises en scènes et de belles idées !  La lecture est facile, simple, elle vous inocule des couleurs, des saveurs et des odeurs, des sentiments et des émotions que j'ai rarement ressenti en lisant un livre dédié à la nourriture.  Nourritures terrestres qui accompagnent avec ravissement celles de l'esprit...

On découvre Myriam, une jeune quarantenaire un peu perdue, déboussolée, culpabilisée par son passé, elle a quelque chose de naïf en elle, et, peut parfois faire preuve d'une grande maturité ... Elle nous fait découvrir sa vie en nous invitant à suivre ces pérégrinations dans l'achat d'une salle qu'elle transforme au fur et à mesure en restaurant. 
Son "Chez moi" est une enseigne au nom bien choisi, elle y fait ce qu'elle sait faire, ce qu'elle aime faire, LA CUISINE, et le reste, comptabilité et paperasserie, elle les laisse a ses anges tombés du ciel, Ben et Barbara qui la secondent avec énergie et amour, et lui permettent de continuer à vivre son rêve, rêve qui se rapprochent de plus en plus de la réalité.
Cet endroit, c'est une projection personnelle, il est la chance pour elle de se reconstruire, elle y vit, elle y pleure, elle y dort, y mange, y découvre les petits bonheurs quotidiens et la complexité des rapports humains. C'est dans ce microcosme qu'elle évolue, elle y reste "en vase clos" et chaque instant lui rappelle son passé qu'elle nous livre par bribes tout au long du roman.

Son histoire avance au rythme de son installation dans ce nouveau lieu de gourmandise, et ses secrets nous intriguent, ils la rendent plus forte mais lui donne aussi des grands moments de doute... On la sent se débattre dans ses pensées, elle a ses humeurs et ne ménagent pas les questions, ses déductions sont fraîches et sa clairvoyance nous fait souvent sourire, car il y a beaucoup d'humour dans ce tumulte de poésie et de remise en question. C'est une femme en pleine renaissance, poussée par le plaisir de donner aux autres, donner à manger, donner de l'amour ...Tout finit par se confondre. 
L' instabilité de notre héroïne la rend attachante et ses bonnes idées lui donnent le charisme nécessaire, souvent sa vie chevauche sa carrière, elle est capable de tout lâcher sur un coup de tête et de reprendre confiance dans la minute suivante, ce plaisir qu'elle donne et qu'elle met dans ses créations culinaires va lui être rendu au centuple mais d'une autre façon.

Le formidable pari de ce live est tenu, je ne le connais pas ! mais pour moi c'est clair que c'est la conciliation des bonheurs quotidiens avec les gestes simples, comme jardiner, cuisiner, aimer, un hommage à la nourriture qui "nourrit" ici "le corps ET l'esprit" comme de magnifiques fruits bien juteux, gorgés d'amour et d'émotions. Les larmes m'ont presque trahies à la fin...

Un vrai régal, et j'oublie sans doute pleins de choses sur l'histoire de cette femme qui est passionnante, nous lui ressemblons parfois... et je vous laisse le soin de découvrir à votre tour ce concentré d'espoir, de plaisir, de bonheur, de rencontres et d'amour. 
Les 5 sens sont à l'honneur ! Et beaucoup d'expressions pourraient devenir des maximes, une philosophie de vie en quelque sorte ! Je vais me pencher sur sa bibliographie avec grand intérêt !

Il existe surement quelque part , un endroit qui ressemble à ce "CHEZ MOI"
Ah ! si je le trouve ! je vous le dis tout de suite qu'on y prévoit de belles rencontres...


vendredi 10 janvier 2014

Birdman - Mo Hayder

Présentation de l'éditeur (Presses de la cité) - Thrillers
Traduction - Thierry Arson

Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées.
Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau a été enfermé vivant à l'intérieur de chaque cage thoracique. C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et un voisin qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve.
Mais l'enquête dont il est chargé est de celle qui font oublier tout le reste. D'ailleurs, il le sait d'expérience : le cauchemar ne fait que commencer.


Pour finaliser mon LDPA avec MarieJuliet, vous trouverez mon avis sur le livre choisi par ces soins… 

Eh oui, Marie ! J'ai frissonné devant la monstruosité de ce serial killer, mais …. Je dois bien le dire j'ai préféré de loin, Tokyo et même Pig Island (ce dernier est un peu écoeurant car trop d'hémoglobine et de cadavres) mais ces deux là ne manquaient pas d'originalité .. C'est ce qui m'a manqué dans ce premier roman. 
Mais, il faut saluer ce premier essai … Tout est y parfaitement maîtrisé. Il reste que j'ai lu beaucoup de thrillers et vu beaucoup de série TV qui racontaient un peu le même genre d'histoire, même conception, mêmes ficelles, mêmes tenants et aboutissants… Les romans sur les serial killer finissent par tourner un peu en rond ... 

Nous avons un policier Jack Caffery qui, comme très souvent, traîne un lourd passé depuis la disparition de son frère, une affaire non vraiment résolue, qui lui gâche encore sa vie quotidienne. Ce vide incommensurable développe chez lui des qualités de fin limier, qui vont lui permettre de mettre ses dons en pratique et de se confronter avec un serial killer de haut vol : BIRDMAN, ainsi nommé car …. tatatatata… faut le lire ! Sachez que son doux surnom lui confère une part de poésie et de monstruosité ! C'est détonnant. 

Notre Jack, anti-héros à souhait, est donc tiraillé entre son passé, sa vie amoureuse incertaine, et son enquête… Des personnages très contrastés qui se côtoient et finissent par faire la part belle à Jack, en le rendant plus attachant qu'au début. 

Un style d'écriture simple mais percutant, l'auteur nous emmène et nous plonge très rapidement dans l'univers glauque de cette histoire. Elle y injecte petit à petit tous les ingrédients pour nous faire basculer dans l'horreur… voir peut-être un peu trop car le final est assez grandiloquent, et se présente sous la forme d'un jeu de massacre à la tronçonneuse peu ragoûtant … ça secoue bien, mais c'est aussi à la limite du "trop, c'est trop ! ". Certaines questions restent sans réponse, et malgré quelques petites zones d'ombre sur certains personnages, l'essentiel est connu et conclu à la fin.

Nous avons aussi une chronique de la vie du "méchant"… qui nous donne une vision différente du personnage, cela brouille encore plus les pistes, et ça, c'est plutôt bien géré… Une histoire de vengeance où notre serial killer traine lui aussi, un lourd passé … Comme quoi, l'enfance conditionne beaucoup de nos actes, ça non plus, ce n'est pas nouveau, mais à travers ce roman, nous apprenons que notre passé peut nous corrompre ou nous rendre plus forts. Les deux exemples sont en démonstration ici… 

Un bon premier roman, et une intrigue bien ficelée mais sans grand retournement de situation, le milieu hospitalier apporte souvent son lot de victimes et plus souvent encore son lot de détraqués ! On ne s'ennuie pas un seul instant, et je continuerai à suivre cette jolie blondinette qui ne ménage pas ces efforts pour nous attirer dans les couloirs sombres de notre inconscient !