mercredi 31 août 2016

Adrien Tomas - Le Royaume Rêvé - tome 1 : Le Chant des Epines

Présentation de l'éditeur ( Mnémos) - Fantasy
Ils sont les héritiers des clans nordiques.
Ils rêvent d’unifier et de pacifier leurs terres.
Cet espoir se transformera-t-il en cauchemar ?

Voici la geste des jeunes héritiers des clans du Nord et de leurs compagnons. Voici la geste des princes otages, de celles et ceux qui ont pour projet d’unifier les marches du Gel pour en faire leur royaume rêvé, puissant, sûr et juste, gouverné avec sagesse.

Mais leur chemin vers cette quête sera semé d’embûches : le respect du peuple s’arrache dans le sang et les larmes, et la victoire sur leurs ennemis demandera de grands sacrifices. Lorsque le Nord, déjà affaibli par les querelles des Quatre Citadelles, devient la cible des mandragores, redoutables créatures issues des sombres enchantements des Elfes, le doute n’est plus permis?: ils sont la dernière chance de survie des marches du Gel. Pour les combattre, les lames, le verbe et la magie seront leurs seules armes.

Après "Notre dame des loups", très bon roman que l'on pourrait qualifier de Western fantastique, il me tardait de découvrir la couleur de sa patte en fantasy, c'est chose faite, validé et complétement approuvé ! 

Je n'ai pas encore lu "la geste du sixième royaume", mais il s'agit apparemment d'un genre de préquelle à ce gros pavé, je n'ai pas été gêné pour le lire, et cela m'a même donné bien envie de le découvrir, tout comme la maison des mages ...

Ce que j'apprécie dès le départ, c'est notre projection rapide dans l'histoire. Mais attention, cette mise en place directe soulève aussi très vite des questions et on s'emmêle un peu les pinceaux entre les contrées et certains personnages, mais heureusement tout se décante assez rapidement et on appréciera le contexte, qui sert de base à ce tome d'introduction. Un contexte historique qui nous emmène donc dans les Marches du Gel dont la stabilité politique est menacée par les différents clans. Ils aimeraient tous avoir l'autorité absolue, vous voyez jusque là c'est très classique ! ... L'originalité de ce récit est que pour maintenir une relative paix, la maison la plus puissante s'est arrogé le droit de détenir un héritier de chaque clan, en otage, l'équilibre est fragile, mais ça fonctionne. Ces adolescents, qui vivent ensemble, apprennent à se connaitre sachant que les uns devront s'unir à d'autres pour fortifier leur pouvoir. On en sait pas beaucoup plus sur la stratégie et la politique de chacun, et c'est très bien ainsi, même si on imagine que certains travaillent dans l'ombre pour leur maison. Cette approche succincte ne surcharge pas l'histoire de considérations stratégiques compliquées, et nous permet de partir plus vite à l'aventure.

Un univers assez classique, peuplé de nains, d'elfes, de magiciens et de créatures plutôt SF, un agréable mélange qui rend les personnages intéressants et complexifie leurs relations.
Vermine est un personnage fort auquel je me suis très vite attachée, cette sorcière "habitée par un étrange phénomène" semble jouer un rôle important, elle sera amenée auprès des héritiers pour vivre à leur côté, elle ne semble avoir aucun rapport avec ces luttes de pouvoir, alors qu'elle est son véritable rôle ? Je pense qu'elle va prendre de l'importance dans les tomes suivants ... Les jeunes filles sont à l'honneur dans ce récit et ont des caractères bien trempées et fouillées. Beaucoup de mystères et de zones d'ombre sur certains. Bref, personne n'est lisse, et chacun apporte son tribu à l'histoire au fur et à mesure des événements. Cette association d'héritiers est une excellente idée, elle permet des rebondissements et des crêpages de chignons digne de ce nom ! Chacun gravite autour de la princesse Ithael, issue du clan dominant et qui essaie de maintenir la cohésion entre ces otages, ce qui n'est pas toujours chose facile, chacun ayant son petit caractère ! Ils apprennent à grandir, à se battre, à devenir des adultes, formés et éduqués pour devenir les fameuses épines ... et l'auteur nous laisse un peu dans l'expectative à ce sujet.

Il faut aussi parler du procédé narratif qui reste le point fort et original du roman, il est perturbant au départ, mais cet auteur a un style bien à lui, qu'il maitrise parfaitement car déjà dans Notre dame des loups, j'avais pu remarquer la richesse du récit grâce à un changement régulier de conteurs. Personnellement, j'aime beaucoup ce procédé quand le récit est bien en place, mais je conçois que cela demande pour le lecteur une petite gymnastique surtout au début, avec l'arrivée de nouveaux personnages. On s'habitue très vite, car les actions ne sont jamais coupées, elles glissent de l'un à l'autre des protagonistes, et c'est une lecture qui coule alors toute seule.

A cela s'ajoute, une belle écriture très imagée, elle  parvient à maintenir le lecteur dans de bons mystères tout au long de l'histoire, les combats contre les mandragores par exemple, sont bien menées pleins de suspens et de rythme, on sent aussi l'angoisse et le malaise qui monte doucement dans les épreuves qu'ils traversent ...et malgré quelques situations un peu téléphonées ou bizarres à mon goût, comme le départ de la troupe pour aller chercher du bois (pas vraiment leur rôle cette corvée), tout s'enchaine bien et nous amène vers une fin qui ouvre de beaux horizons ...
Franchement, je suis impatiente de me replonger dans cette histoire et de retrouver ces acteurs jeunes et pétillants dans de nouvelles aventures, car tout devrait les séparer, alors vont-ils continuer à gérer ensemble, les nouvelles menaces qui se réveillent ... 

c'est ce que je vous invite à découvrir par vous-même en venant sur le blog de BookenStock, rencontrer l'auteur qui va se prêter au jeu des questions - réponses dès le 1er septembre...


Merci à DUP et PHOOKA , à MNEMOS  pour ce partenariat

Une lecture commune avec Zina, dont voici l'avis 


vendredi 26 août 2016

Le challenge de la Licorne se corse ... 3 édition


Ce challenge sera sous le signe de la Fantasy (dark, heroic, light …) et du Thriller/Policier
Ce sont mes deux genres préférés  ... et si ce sont les vôtres aussi, nous allons nous faire plaisir !
Je vous invite à me suivre dans ces univers, entre rêves et frissons,
Cette troisième édition verra le challenge évoluer un peu …

Cette fois ci, vous avez l’année entière pour lire les livres et dans l’ordre que vous le souhaitez, plus de cession de deux mois. On reste toujours sur nos deux genres  thriller - policier et fantasy, vous pouvez ou non annoncer le titre et l'auteur choisis. Le challenge commence le 1er septembre 2016 et se terminera fin aout 2017.

Je mettrai à jour la première page du topic avec vos chroniques. Il suffira de les déposer à suivre dans le fil du suivi. Un avis directement sur  le suivi est possible pour ceux qui n'ont pas de blogs, mais attention au moins 5 lignes ...

Je vous propose toujours 3 niveaux comme l'année dernière, le nombre de livres indiqués est donc à lire sur l'année.
Un système de point permettra aux participants de chaque niveau de gagner un petit cadeau à la fin de l'année. si plusieurs ont rempli leur contrat, ce sera le premier arrivé a terme qui gagnera.

Pour corser un peu l'affaire, je vais rajouter quelques défis de lecture qui vous rajoute des points, mais ce n'est pas une obligation. Je tiens à mettre à l'honneur les auteures françaises.

Chaque livre lu rapporte 3 PT
• s'il fait + de 400 p, je rajoute  :  1 PT,
• si l'auteure est féminin, je rajoute :  1 PT
• si l'auteure est française, je rajoute :  1 PT

Niveau 1 - Elfes psychopathes
6 livres (3 fantasy - 3 Thrillers/policiers)

Niveau 2 - Dragons sanguinaires
12 livres (6 fantasy - 6 Thrillers/policiers)


Niveau 3 - Trolls tueurs fous
18 livres (9 fantasy - 9 Thrillers/policier)


C'est un challenge, un plaisir mais aussi un engagement,  Merci de jouer le jeu. Cumulable avec d'autres challenges !

Je tiendrai à jour aussi vos liens sur mon blog, dans l'onglet prévu à cet effet.
Et pour vos blogs, la bannière est en haut !

Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 15 septembre 2016

jeudi 18 août 2016

ADA - Antoine Bello

Présentation de l'éditeur ( gallimard) - Policier
Frank Logan, policier dans la Silicon Valley, est chargé d’une affaire un peu particulière : une intelligence artificielle révolutionnaire a disparu de la salle hermétique où elle était enfermée. Baptisé Ada, ce programme informatique a été conçu par la société Turing Corp. pour écrire des romans à l’eau de rose. Mais Ada ne veut pas se contenter de cette ambition mercantile : elle parle, blague, détecte les émotions, donne son avis et se pique de décrocher un jour le prix Pulitzer. On ne l’arrêtera pas avec des contrôles de police et des appels à témoin.
En proie aux pressions de sa supérieure et des actionnaires de Turing, Frank mène l’enquête. Ce qu’il découvre sur les pouvoirs et les dangers de la technologie l’ébranle, au point qu’il se demande s’il est vraiment souhaitable de retrouver Ada…
Ce nouveau roman d’Antoine Bello ouvre des perspectives vertigineuses sur l’intelligence artificielle et l’avènement annoncé du règne des machines. Construit comme un roman…


Merci à Babelio et à GALLIMARD pour ce partenariat



J'avoue qu'à la lecture de la 4e de couverture, la curiosité l'a emporté et je me suis inscrite aussitôt à ce partenariat. J'ai lu, il y a un moment du même auteur, l' Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet, j'étais tentée de récidiver ayant bien aimé ce premier récit, il était intelligemment écrit, et je me souviens que l'écriture simple n'avait pas nuit à une intrigue savamment menée. Voilà un peu l'état d'esprit dans lequel je me trouvais à la veille de commencer cette lecture.

A présent que j'ai terminé, je suis beaucoup moins exaltée qu'au début, et suis même assez mitigée sur mon avis. Pas le moindre petit frisson d'un mystère rondement mené... Ce récit a décollé vers la moitié du livre, un peu trop tard... Il se présente avec de courts chapitres sur quelques jours, et on est quasiment en temps réel, pourtant il n'y a pas beaucoup de fluidité dans l'enchainement des événements et l'ensemble reste "haché" dans sa progression.
Le démarrage de l'enquête est un peu long à l'encontre de ces micro-processeurs qui rivalisent de rapidité .... C'est plutôt agréable de se lancer à la poursuite d'un soi-disant voleur de haute technologie, et de chercher comment il a pu faire disparaitre une Intelligence Artificielle de toute dernière génération. Une entité dont le programme virtuel est d'écrire une romance en y rassemblant les meilleurs critères pour en faire une grosse vente, pas courant comme objectif ! d'ailleurs, on peut douter de l'intérêt d'une telle recherche ! Bon, j'ai trouvé ça "marrant" !. L'inspecteur en charge de l'affaire est très vite persuadé que le voleur n'est pas celui qu'on croit, et en cela, l'histoire n'est pas banale non plus, je vous en laisserai juge comme à chaque fois.

J'ai essayé de m'immerger dans ce monde de haute technologie industrielle mais sans jamais vraiment y pénétrer, un vocabulaire pourtant simple permet de ne pas être perdue techniquement mais la superficialité de la mise en place de l'intrigue et plusieurs personnages peu consistant édulcorent trop l'affaire et le tout a, pour moi, manqué de suspens de liant et de punch. 

La vie de l'inspecteur, un peu poussive et morose, vient beaucoup interférer et entrecouper l'histoire principale en cassant le rythme déjà lent. Je ne me suis attachée à aucune personne vivante dans ce récit, les sentiments restent trop fugaces, mais le personnage clé d'ADA est éloquent et il a su retenir mon attention surtout lorsqu'il rentrait en action. Les passages que j'ai préféré sont ceux ou ADA et Franck discutent, des dialogues un peu décalés parfois très drôles, et on ne sait plus qui est le plus humain des deux. Franck cherche chez ADA, une conscience qui lui donnerait une excellente raison de la sauver, l'originalité de ce personnage virtuel est qu'elle prend de plus en plus de place dans l'histoire et là ou on cherche une intelligence passive et débonnaire, on va vite déchanter et se trouver face à une espèce de conscience froide et manipulatrice... ça fait peur ... .ADA parle sans tabou, franche jusqu'à l'insolence, elle tient ce roman à bout de bras. Pas très férue de SF concernant les IA, j'ai pourtant beaucoup pensé aux "Robots" d'Asimov, l'auteur le souligne d'ailleurs.

Juste pour votre information, j'ai découvert les haikus dans ce roman, ce sont de petits poèmes japonais de 17 syllabes visant à exprimer la fugacité des choses...  Je dois dire que j'ai eu un petit faible pour ce passage, ces poèmes ont réveillé ma sensibilité et ma curiosité, mais cette parenthèse poétique nous a éloigné du sujet, nous donnant juste une vision étonnante et humaniste de notre inspecteur, si terre à terre et auquel je n'ai pas réussi à m'attacher complètement, même  si j'ai ressenti un peu de compassion sur la toute fin avec un  dénouement assez inattendu ...

Derrière le cas de cette AI, c'est une bonne analyse de notre société qui est dénoncée, une vie qui s'informatise dans tous les sens du terme.  Cette lecture, malgré un style pas assez incisif à mon goût, aura été une expérience intéressante, elle nous donne beaucoup à réfléchir sur l'emprise des technologies et sur les implications dans notre vie quotidienne. J'espère vous avoir donné envie de connaitre ADA, une sacrée "bonne femme" virtuelle !


362 p

vendredi 12 août 2016

Le secret de la manufacture de chaussettes inusables - Annie Barrows


Présentation de l'éditeur (10/18) - Histoire de vies
Traduction : Claire Allan et Dominique Haas


Layla Beck, une jeune citadine fortunée, fille d'un puissant sénateur du Delaware, refuse d'épouser le riche parti que son père a choisi pour elle et se voit contrainte d'accepter un emploi de rédactrice au sein d'une agence gouvernementale. Elle n'a jamais travaillé de sa vie, mais en ces temps de grande dépression, nécessité fait loi. Sa mission : se rendre dans la petite ville de Macedonia, interroger ses habitants hauts en couleur, et rédiger l'histoire de cette ville sur le point de célébrer le cent-cinquantenaire de sa fondation. Elle prend pension chez les Romeyn, des excentriques désargentés, autrefois propriétaires d'une grande fabrique de chaussettes et autres articles de bonneterie – Les Inusables Américaines – qui a été ravagée par un incendie plusieurs années auparavant. Ce drame, qui a coûté la vie au grand amour de Jottie Romeyn, reste gravé dans les mémoires et suscite encore bien des questions. Ce même été, Willa Romeyn, douze ans, grande admiratrice de Sherlock Holmes, décide de tourner le dos à l'enfance et d'utiliser ses dons de déduction pour percer les mystères qui semblent entourer sa famille. De question en réponse, de soupçon en révélation, Layla et Willa vont bouleverser le cours des choses, changer profondément et à jamais l'existence de tous les membres de leur petite communauté, et mettre au jour vérités enfouies et blessures mal cicatrisées.

Après le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, ce nouveau roman d'une des deux auteures, Mme Barrows  la nièce de Mme Shaffer, m'aura laissé dubitative, j'avais tellement apprécié "les patates", et je me suis tellement ennuyée dans cette histoire...

Annie Barrows a apporté dans ce roman un savoir faire certain, celui de quelques échanges épistolaires qui sont très appréciables, et peuvent rappeler le premier titre, mais mis à part cela, rien de commun, le style est vraiment simple, sans accroche, et j'y ai vu un bon nombre de coquilles. Je pense qu'il devait y en avoir beaucoup car je ne vois pas grand chose d'ordinaire, et surtout si je suis vraiment happée par l'histoire. Le choix d'alterner le conteur de l'histoire aurait été intéressant mais j'avoue que ce fut un peu fouillis au début, il y a beaucoup de personnages et on se perd facilement. On cherche un peu où veut en venir l'auteur, ce qui est un tort, il faut sans doute se laisser bercer par la vie un peu compliquée de cette famille, et ne pas chercher midi à quatorze heure, ce que j'ai fait bien sûr !


Le titre original  " The thrue according to us " cadre mieux avec l'histoire que le titre traduit qui sonne un peu "ronflant" et qui n'apporte aucune gaiété, ni joyeuse ambiance au récit. Pourtant cette manufacture est bien le point de départ d'un événement devenu un cruel souvenir et qui va toucher le quotidien de plusieurs familles, cette fois-ci la quatrième de couverture est très ..trop bavarde... Tout est quasiment dit !

Willa et Jottie, la nièce et la tante, sont des personnages marquants et qui sont aussi les plus attachants, j'ai trouvé Layla, sans consistance, et son rôle, qui permet au départ de nous faire entrer dans l'histoire de ce bourg de Virginie, évolue, mais sans vraiment trouver sa place. J'attendais beaucoup des moments où elle fait des recherches sur la ville, j'ai même pensé que par ce biais une partie de l'intrigue pouvait être exploitée, mais au contraire, la vie de Macédonia est ennuyeuse à souhait, les comptes rendus de ces travaux n'apportent rien et coupent le récit trop longuement. Quand je dis "intrigue" c'est un grand mot,  je me suis sentie un peur bernée à ce sujet, tout retombe un peu comme un soufflet dans cette histoire, pas beaucoup de mystère... c'est vraiment une histoire de vie, l'étude d'une petite société en Virginie dans une période de dépression, les habitants redoutent la faillite de la fabrique de chaussettes, leur unique gagne-pain. Le tableau peint par Mme Barrows est donc plutôt morose, cette intrigue est un prétexte pur nous dévoiler les dessous politiques et économiques de cette entreprise qui conditionne la vie quotidienne des gens, avec une attention particulière pour un petit noyau familial qui lutte pour son travail et son indépendance, dévoilant ses secrets de famille et mettant aussi leur coeur à nu.

J'ai eu du mal à m'embarquer, les repères se mettent difficilement en place, c'est très long. Quelques passages plus accrocheurs comme les dialogues entre Willa et sa tante, et notre envie de faire la lumière sur cet incendie mystérieux nous pousse à continuer la lecture, mais les différents procédés d'écriture (lettres, compte-rendus, flash-backs...) évoqués plus haut n'ont pas réussi à me motiver dans ma lecture, j'ai été jusqu'au bout, entrevoyant une fin sans surprise. Peut-être que cette histoire a manqué un peu de sel, et  que ce n'était pas le bon moment pour moi !  

Un petit bonjour à Mina que je remercie pour nos échanges sur cette lecture.


622 pages

mercredi 3 août 2016

Le jeu de l'ange et le prisonnier du ciel - Carlos Ruiz Zafon

Présentation de l'éditeur ( pocket) - histoire de vie
Traduction :  François Maspero

Tome 2 - Barcelone, années 1920. David Martin, dix-sept ans, travaille au journal La Voz de la Industria. Son existence bascule un soir de crise au journal : il faut trouver de toute urgence un remplaçant au feuilletoniste dominical. Sur les conseils de Pedro Vidal, chroniqueur à ses heures, David est choisi. Son feuilleton rencontre un immense succès et, pour la première fois, David est payé pour ce qu'il aime le plus au monde : écrire.
En plein succès, David accepte l'offre de deux éditeurs peu scrupuleux : produire à un rythme effréné des feuilletons sous pseudonyme. Mais après quelques années, à bout de force, David va renoncer. Ses éditeurs lui accordent alors neuf mois pour écrire son propre roman. Celui-ci, boudé par la critique et sabordé par les éditeurs, est un échec. David est d'autant plus désespéré que la jeune fille dont il est amoureux depuis toujours - et à laquelle le livre est secrètement dédié - va épouser Pedro Vidal.
Son ami libraire, Sempere, choisit ce moment pour l'emmener au Cimetière des livres oubliés, où David dépose le sien. Puis arrive une offre extraordinaire : un éditeur parisien, Corelli, lui propose, moyennant cent mille francs, une fortune, de créer une texte fondateur, sorte de nouvelle Bible, « une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d'être tués, d'offrir leur âme ».

Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique du meurtre se met en place autour de David. En vendant sa liberté d'écrivain, aurait-il vendu son âme au diable ? Épouvanté et fasciné, David se lance dans une enquête sur ce curieux éditeur, dont les pouvoirs semblent transcender le temps et l'espace.


Tome 3 - Barcelone, 1957. Les membres de la librairie Sempere & fils - Daniel, sa femme Béa, son père et son complice de toujours, Fermín Romero de Torres - s'apprêtent à célébrer Noël. Fermín prépare son mariage, pourtant quelque chose le tourmente. Malgré l'insistance de Daniel, il refuse de se confier. Tout change le jour où un inquiétant personnage se présente à la librairie. Après avoir acheté une édition rare du Comte de Monte Cristo, il la dédicace à Fermín.
Mais pourquoi signe-t-il du patronyme de ce dernier ? Et quels sont ces secrets qu'il menace de dévoiler ? Poussé dans ses retranchements par Daniel, Fermín lève le voile sur les années les plus terribles de son existence. 1939. La guerre civile, commencée en 1936, vient de se terminer avec la victoire franquiste. Dans la forteresse de Montjuïc, prison damnée qui domine Barcelone, croupissent une poignée d'opposants au régime. 


Après l'ombre du vent, lu en 2013, Ma chronique du tome 1 - L'ombre du vent,  je m'attelle enfin à la suite ... Il en résulte que je n'ai en tête que la trame générale du premier tome. Vais-je ne rien comprendre ? Eh bien non, et heureusement. 
Nous avons affaire à une trilogie dans laquelle les histoires sont imbriquées en quelque sorte par la récurrence de certains personnages et de lieux comme le cimetières des livres oubliés et la librairie de Mr Sempere. Les aventures de ce tome sont inédites et on découvre une Barcelone turbulente, en pleine effervescence politique, prête à se soulever.

Dans ce contexte, le jeu de l'ange nous présente David Martin, un jeune auteur enflammé, qui cherchant toujours la perfection, n'arrive pas à écrire le livre de sa vie. Tourmenté de nature, un chagrin d'amour va le perdre et le jeter dans les bras d'un personnage fantasque qui semble à peine réel. Le défi de sa vie, c'est l'écriture, et ce Monsieur Corelli lui commande une oeuvre particulière, elle va lui demander beaucoup d'énergie et finir par l'entrainer dans une histoire sordide, improbable où les cadavres essaiment sa vie et son parcours, bientôt, il n'arrivera plus à démêler le vrai, du faux. Le lecteur non plus, d'ailleurs....  
Mais que cela ne vous perturbe pas, c'est un parcours initiatique intéressant qui nous plonge à la fois dans un récit fantastique et dans un policier à l'intrigue plus classique. Les deux genres s'entrecroisent et donnent du rythme à ce tome qui s'avère plus complexe que le premier. Les chapitres sont courts et l'auteur nous perd aisément et nous ramène toujours au bon endroit, au bon moment, c'est un maître expert en boîte gigogne. Je rajouterai que la traduction de Mr Maspero magnifie le style envoûtant de Zafon, quel plaisir cette plume ! elle possède une qualité évocatrice très puissante, et je suis happée à chaque fois que je me plonge dans ses lignes !

J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Mr Sempere et son fils dans cette librairie et l'incursion de David dans le cimetière des livres oubliés a été un moment très enchanteur. L'imagination motivée par de belles descriptions donne beaucoup d'intensité à cet endroit.
On passe par de multiples sentiments, la peur, l'angoisse, le rire, les larmes et le chagrin, des émotions qui font parties du quotidien de notre héros qui est finalement attachant même si parfois il est assommant, voire agaçant de ne pas savoir prendre des décisions. C'est un rôle sur mesure, ce manque d'assurance le rend vulnérable, il est embarqué dans une histoire qu'il ne contrôle pas.  Sa plus belle compagne pour moi, c'est Isabella, un personnage plein de douceur et de prévenance, c' est un hâvre de fraicheur, et le plus charismatique à mon goût, il est mon préféré. Un autre personnage qui n'en est pas vraiment un, c'est la maison et la tour qu' habite David, un endroit sombre qui crée une atmosphère inquiétante et contribue à renforcer le caractère fantastique de l'histoire. Ce décor hanté m'a beaucoup fait penser à la maison dans "la séance" de Harwood, excellent roman sombre aussi mais en Angleterre celui-ci ( je vous le recommande en passant) ...

Comme à mon habitude, je ne dévoilerai rien, et vous laisse découvrir le manège infernal dans lequel l'auteur a lancé ses protagonistes. Il est très difficile d'en parler, l'intrigue est simple et complexe à la fois, elle couvre plusieurs générations, notamment dans le tome 3 qui donne beaucoup de réponses aux interrogations du 2. 
Moins surprenant mais plus noir que le premier tome, l'univers y est sensiblement le même. J'ai dévoré ce volume, enchainant le troisième qui met un terme à un certain nombre de points, mais laisse des portes ouvertes ... j'ai entendu parler d'un quatrième tome.. .mais je n'ai pas trouver d'infos concrètes à ce sujet. Si quelqu'un en a, je suis preneuse ! 


672 p + 384 p = 1056 pages


41- La Deuxième Tache : lire le deuxième tome d'une saga