vendredi 23 septembre 2016

La voie des oracles T1 Thya - Estelle Faye

Présentation de l'éditeur ( Scrineo) - Fantasy

La Gaule, au début du cinquième siècle après Jésus-Christ.
Cerné par les barbares, minés par les intrigues internes et les jeux malsains du pouvoir, l'Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement.
Dans une villa d'Aquitania, perdue au milieu des forêts, vit Thya, seize ans, fille du général romain Gnaeus Sertor. À cinq ans, elle a manifesté pour la première fois des dons de devin. Mais dans l'Empire chrétien, il ne fait plus bon être oracle, et à cause de ce secret qu'elle doit garder, Thya est devenue une adolescente solitaire, à l'avenir incertain.
Lors d'une des visites en Aquitania, Gnaeus tombe sous les coups d’assassins à la solde de son fils Aedon qui souhaite s'emparer de son siège au sénat. Il est ramené à la villa entre la vie et la mort et Thya cherche dans ses visions un moyen de le sauver. Son don lui permet d’apercevoir la forteresse de Brog, dans les montagnes du nord, là où, autrefois, Gnaeus a obtenu sa plus grande victoire contre les Vandales. Elle comprend alors qu'elle doit s’y rendre et s’enfuit dans la nuit.

Sa route sera pavée de rencontres, Enoch, un jeune et séduisant barbare, ou encore un faune, un être surnaturel issu du monde païen, et Thya va évoluer et découvrir un monde en mutation qui n'est pas exactement celui que lui décrivait son père…


Rencontrée aux Imaj’inéres d’Angers, cette jeune femme, pleine de vie et dynamisme, donne envie de s’arrêter sur son stand, et poussée par de bons avis sur ses romans, je me suis laissée tenter. 



L’histoire romaine qui sert de toile de fond est intéressante car elle n’est pas souvent utilisée en fantasy alors que le terrain est prolixe en matière de créatures originales, de cultes divers et de superstitions.

 L’ambiance pourrait être sombre et austère mais je n’ai pas senti de lourdeur dans l’atmosphère, ni de peur ou de tension à vrai dire. il est vrai que notre héroïne est une adolescente assez représentative de la jeunesse actuelle, elle a quelque chose de très moderne, ce qui donne du peps à ce périple.


Les personnages sont très attachants, bien qu'assez caricaturaux, il y a donc notre héroïne Thya, fille romaine de général et pourvue d'un don d'oracle, elle est soeur d'Aedon, un habile traître dont les mauvaises intentions restent encore obscures et qui attente, sans scrupule, à la vie de leur père. On appréciera aussi Enoch, son compagnon d'aventure, un maquilleur aux doigts de fée qui se retrouve mêlé à la propre histoire de Thya, bien plus qu'il ne le croyait, il est débrouillard et sa façon de dissimuler Thya est un élément fort original et divertissant. Il me tarde aussi de voir comment le couple Thya - Enoch va évoluer et s'épanouir, une belle histoire d'amour se noue avec réserve et retenue, une étonnante association ... Quant à Mettius, ancien soldat de son père, il est son protecteur dans cette folle aventure, pétri de remords sur un passé qui nous est encore  méconnu, on se demande aussi quel sera son rôle auprès de cette jeune fille ?  ... Les mystères s'épaississent autour de ces personnages qui cachent pour certains de lourds secrets et qui se dévoileront au fur et à mesure de leur quête.

Par ailleurs, la trame de l'histoire reste simple, les événements s’enchaînent logiquement sans tension, et les rebondissements restent assez prévisibles, tous ses critères mis bout à bout donnent à l’ouvrage un caractère très jeunesse qui domine tout au long du récit et qui fait que je n’ai pas été complétement convaincue pour ma part … Mais cela ne m’a pas empêché de trouver ce premier tome agréable à lire, et de continuer avec la suite prochainement, 
D'autant qu'on attend beaucoup de réponses ou d'explications sur le sacrifice et le rôle d'Enoch qui semble se transformer pendant ce voyage, on ne sait pas trés bien pourquoi Thya entraîne ses amis à Brog, qu'est ce qui l'attends là-bas ? et qui la pousse à y aller absolument ? On sait juste qu'elle suit intuitivement ses visions prémonitoires... Mais je me doute et j'espère bien que la suite va répondre à toutes mes questions...

Un  premier tome se clôture par l'arrivée de la troupe dans ce lieu fatidique... On notera pour finir une magnifique couverture d'Aurélien Police, des recherches aussi sur l'époque qui confère à l'histoire un environnement crédible et qui contribue à nous mettre bien dans l'ambiance. J'ai beaucoup aimé les interventions fantastiques comme la présence de l'Ondine, du faune, des dryades ou du petit Sylvain qui apporte à l'histoire, sa note de rêveries et de poésie mythologique. Un joli moment de détente.  A découvrir !

mercredi 14 septembre 2016

Le livre de Baltimore - Joël Dicker


Présentation de l'éditeur ( Editions de Fallois) - contemporain


Jusqu'au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l'auteur de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d'une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne. Huit ans après le Drame, c'est l'histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu'en février 2012, il quitte l'hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s'atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu'il éprouva jadis pour cette famille de l'Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées. Mais les années passent et le vernis des Baltimore s'effrite à mesure que le Drame se profile. Jusqu'au jour où tout bascule. Et cette question qui hante Marcus depuis : qu'est-il vraiment arrivé aux Goldman-de-Baltimore ?



Très impressionnée par son premier ouvrage  
" la vérité sur l'affaire Harry Quebert" qui fut assez controversé, j’avais très envie de retenter l’aventure avec celui-ci. D’autant que le héros Marcus Goldman est de retour avec une nouvelle idée d’écriture, après nous avoir parlé de la vie et des péripéties de son ancien professeur dans son premier roman, il choisit ici un thème plus personnel en nous présentant une branche de sa propre famille, ses cousins de Baltimore.

C'est un excellent exercice psychologique auquel l’auteur s’est livré car l’action passe un peu en retrait pour laisse briller les relations humaines. On a donc l’ambiance et les ficelles d’un thriller sans vraiment en avoir le goût ! Il s'agit plus d'une histoire de société, on découvre deux branches de la même famille, la riche « les Goldman de baltimore », la pauvre « les Goldman de Montclair », c’est un peu réducteur, mais c’est pourtant la réalité de leur quotidien, une jalousie insidieuse nait au fil des jours et c’est ce que nous conte Marcus. Un vrai conteur ce Monsieur Dicker, car il nous happe dans cette histoire de famille avec intérêt, même si on ne peut pas vraiment parler d’un récit très original, toute l’affaire étant basée sur des mécanismes connus : jalousie par l’argent, amour inavoué, rancoeur, quiproquos…
L’auteur passe en revue les rassemblements familiaux qui permettent aux plus jeunes des cousins de se retrouver, il y a donc notre narrateur Marcus (le pauvre) et Hillel (le riche) ainsi que Woody, un genre de fils adoptif pour les Goldman de Baltimore, rêveur au coeur tendre il est le frère qu’Hillel souhaiterait, leur amitié sera indéfectible, c’est cela que je retiendrai car c’est ce qui m’a touché le plus. Le parcours de cette histoire tourne beaucoup autour de l’adolescence de ces 3 jeunes garçons que l’on voit évoluer et changer, une vie heureuse qui peu à peu se dégrade, on gratte un verni complexe qui donne de la densité à l’histoire jusqu’au final….Un final qui tarde tout de même à arriver …

En effet, malgré une écriture fluide, j’ai peiné parfois à rester concentrée sur ma lecture, et cela, à cause d’une mise en place de l’intrigue et du contexte un peu lourde et maladroite, des flash-backs incessants finissent par perdre un peu le lecteur et font qu’on a l’impression de tourner un peu trop longtemps en rond ou autour du « pot » pour reprendre une fameuse expression. Cette impression perdure avec l’utilisation trop répétitive de « et je ne me doutais pas que  et si j'avais su que ...… ou encore … c’était avant le drame … c’était après le drame … » Quel drame d’ailleurs ! car on finit par devenir impatient, il faudra attendre les 100 dernières pages avec le quatrième livre pour enfin comprendre le pourquoi du comment ? comprendre comment cette famille qui avait tout pour réussir et qui affichait une image parfaite de la réussite, se retrouve complètement perdue, ruinée, désabusée par de stupides coups du sort, par leur négligence et leur appétence pour l’argent et le pouvoir.

Il en ressort que j’ai passé un bon moment de lecture dans l’ensemble, un peu trop long à mon gout, mais riche d’émotions et de passages intenses. Je conseillerai de commencer par son premier roman qui fut pour moi « un coup d’essai et un coup de maitre », il rendra un peu plus facile cette deuxième lecture qui met en scène le même héros, ce cher Marcus … Va-t il devenir un personnage récurrent ? Affaire à suivre …

Merci à Imagin pour cette lecture commune, son avis ici

55- Les Trois Pignons : lire un livre dont la couverture comporte trois objets identiques - 3 fenetres
 

vendredi 9 septembre 2016

L'Homme de Lewis - Peter May (Tome2 de la trilogie de Lewis)

Présentation de l'éditeur (Babel noir) - Policier
Traduction : Jean-René Dastugue

En rupture de ban avec son passé, Fin Macleod retourne sur son île natale de Lewis. La mort tragique de son jeune fils a pulvérisé son mariage. Impuissant et résigné, il a quitté la police. La lande balayée par les vents, la fureur de l’océan qui s’abat sur le rivage, les voix gaéliques des ancêtres qui s’élèvent en un chant tribal : il pense pouvoir ici retrouver un sens à sa vie.
Mais, Fin à peine arivé, on découvre le cadavre d’un jeune homme, miraculeusement préservé par la tourbière. Les analyses ADN relient le corps à Tormod Macdonald, le père de l'amour de jeunesse de Fin, et font de lui le suspect n°1. C’est une course contre la montre qui s’engage alors : l’inspecteur principal est attendu sur l’île pour mener l’enquête et il n’épargnera pas le vieil homme, atteint de démence sénile.
Au rythme des fulgurances qui traversent l'esprit malade de Tormod, le passé ressurgit, douloureux, dramatique, et dévoile le sort que la société écossaise a réservé pendant des décennies aux "homers" : ces enfants orphelins ou abandonnés que l’Eglise catholique envoyait sur les îles Hébrides.
Après "L’Île des chasseurs d’oiseaux", on retrouve ici avec bonheur la figure d’un enquêteur indécis à la croisée des chemins, tenté de construire son avenir sur les cendres du passé. L’Ecosse mystérieuse, majestueuse et sauvage est un écrin de rêve pour ces vies dans la tourmente, magistralement orchestrées par Peter May.


Un deuxième tome aussi agréable à lire que le premier dont voici mon avis ici,  j'ai adoré une fois de plus retrouver l'univers sombre et émotionnellement fort de Peter May, cela va d'ailleurs être dure de faire ma chronique alors que je suis assise au soleil, les pieds dans l'eau sur une des plus belles plages de Vendée... Bref, je suis aux antipodes de cette Ecosse belle, cruelle et sauvage.

Il y a 3 points forts dans ce livre, et pas des moindres puisqu'il s'agit du décor, des personnages et de l'intrigue .. donc rien à jeter ...

Le décor grandiose et austère des îles Lewis donne toute la mélancolie nécessaire à ce tome. Balayée par le temps, et les éléments, j'étais meurtrie en me plongeant dans cette histoire et on se demande comment des gens peuvent vivre toujours ballotés par le vent, sous les embruns ou dans la tourbe humide sans en être affectés.... Il faut sans doute une sacré force de caractère, ce qui me permet d'en venir au deuxième point fort, les personnages.

Des personnages charismatiques et attachants. Nous retrouvons Fin McLeod, son fils et Marsaili, cette famille semblent toujours aussi torturée, se posant mille questions sur l'avenir. Notre inspecteur qui s'est mis dans un genre de retraite forcée semble être une fois de plus rattrapé par son passé, il reste hanté par la perte de son enfant. D'ailleurs je fais ici un petit aparté, car je conseille vivement aux futures amateurs de ce récit de respecter l'ordre des tomes, ne serait ce que pour comprendre ici les relations qu'il développe avec Marsaili et son état d'esprit très perturbé qui s'explique grâce au premier tome. 

Une très bonne intrigue basée sur des allers-retours passé-présent. Dans ce deuxième tome, Fin est de retour sur son île natale pour un long repos, mais il va devoir très vite reprendre ses galons d'inspecteur pour mettre à jour une intrigue qui prend sa source dans le passé du pére de Marsaili, Tormod MacDonald. Cet homme souffrant d'amnésie maladive, sera le véritable héros de ce roman, drôle et émouvant, son passé revenant par bribes va, peu à peu, faire ressurgir des événements lointains, entraimant des révélations et des rebondissements étonnants comme seul Peter May sait les mettre en scène. Prise dans ce tourbillon du passé, j'ai aimé cette histoire bien ficelée qui mêle passé et présent, entremêlant des sentiments forts et touchants, et démontrant qu'une fois de plus, la vengeance est un plat qui se mange froid, voir gelé ! 

Le tome 3 est d'ores et déjà une de mes prochaines lectures, je retrouverai avec plaisir cette écriture envoûtante qui donne force et tendresse au récit.  Innocentant son potentiel beau-père, retrouvant grâce et tendresse auprès de Marsaili et de Fionnalagh, j'espère retrouver cet inspecteur plus heureux et reposé, un homme droit qui finit toujours par faire la lumière sur des histoires souvent sordides parlant de tradition et de filiation.  Un pur régal !


7- Une Affaire d'Identité : lire un livre dont le personnage principal est amnésique