lundi 30 octobre 2017

Une colonne de feu - Ken Follett

Présentation de l'éditeur (Laffont) - Romans-Histoires
Traduction : Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Odile Demange, Nathalie Gouyé-Guilbert et Dominique Haas.

Après Les Piliers de la Terre et Un monde sans fin, Ken Follett renoue avec la magnifique fresque de Kingsbridge, qui a captivé des millions de lecteurs dans le monde entier.

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu'il connaissait va changer à tout jamais... Les pierres patinées de la cathédrale dominent une ville déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu'il voulait épouser, Margery Fitzgerald.

L'accession d'Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l'Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient, notamment en France ou la séduisante Marie Stuart – considérée comme l'héritière légitime du royaume anglais et issue de la redoutable famille française de Guise – attend son heure. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l'un des espions de la reine. À Paris, il fait la connaissance de la libraire protestante Sylvie Palot dont le courage ne le laisse pas indifférent...

Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme qui répand la violence depuis Séville jusqu'à Genève, les pires ennemis ne sont cependant pas les religions rivales. La véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n'importe quel prix.

Un grand merci à ROBERT LAFFONT et à BABELIO pour cette lecture attendue !

 


Après mettre régalée, il y a longtemps déjà, avec Les piliers de la terre, avoir continué l'aventure avec le Monde sans fin, la boucle se referme avec ce dernier tome qui semble clôturer cette trilogie devenue la mythique saga de Kingsbridge.

La couverture est superbe, réhaussée d'un verni et d'un gauffrage bien choisi, bel objet qui attire l'oeil et que je vois partout dans le top 10 des ventes !
Et pour cause, Ken Folett a cette propension naturelle à signer de grandes fresques historiques, et celle-ci nous entraîne une fois de plus dans une Angleterre fragile et torturée, en plein milieu du 16e siècle. Depuis les piliers de la terre, nous avançons dans l'histoire avec des sauts de deux siècles à chaque tome. Nous ne retrouvons donc pas les héros de chaque série mais leurs descendances, les gens sont assez sédentaires dans ces temps réculés, et ceux de Kingsbrigde n'échappent pas à la règle.

Je ne vais pas vous raconter cette longue et belle aventure, 1000 pages d'émotions et de destins hors du commun.  Mais sachez que comme dans tous ses romans, il marque de sa patte, son style. Il privilégie l'étude de quelques personnages charismatiques que nous allons suivre, chacun dans leur vie et leurs mésaventures, ils finiront par se croiser et se recroiser, partageant quelques instants pour certains et beaucoup plus, pour d'autres. Cette vision qui finit par entremêler les vies de chacun est intéressante et parfaitement maitrisée. Les intrigues nous poussent à continuer toujours plus loin pour retrouver à intervalles réguliers, leurs devenirs.

Il y a beaucoup de personnages, et le récapitulatif des protagonistes (au début du roman) est utile, je m'y suis souvent référée, ensuite happée par l'histoire, on finit par s'y retrouver parfaitement. L'attachement aux personnages évoluent, il y en a qu'on déteste tout de suite, d'autres avec lesquels on pleure où on enrage, et d'autres qui vivent à cent à l'heure nous entraînant dans toute l'Europe, bref, on voyage et on ne s'ennuie pas une minute avec Ned, Margery, Rollo, Pierre Aumande ou encore Sylvie Palot.
On notera aussi avec quelle perspicacité, l'auteur associe des événements connus avec ceux de nos personnages fictifs. N'oublions pas nos illustres rois et reines, qui sautent à pieds joints dans l'aventure où les rebondissements ne cessent de serrer la main au complot. Nos héros s'intégrent dans le tracé de la grande histoire, et cela donne de l'ampleur, de la densité à cette fresque.
J'ai beaucoup apprécié la vision de l'auteur concernant le rôle des femmes au pouvoir, nous en avons un bel échantillonnage entre Elisabeth, Marie Tudor, Marie Stuart, Catherine de Médicis ....Elles ne sont pas vraiment très tendres et même si elles souhaitent toutes la primauté du peuple sur la religion. Il semble que le pouvoir dévie inexorablement l'âme humaine à chaque niveau social.
 
Le leitmotiv de cette histoire est bien sûr la religion, tout tourne autour de cela, une excellente reconstitution de l'époque et en cela, les recherches et la documentation nombreuses donnent du crédit à l'histoire. J'ai revisité cette histoire de France et d'Angleterre avec plaisir, comprenant mieux certains faits, et assimilant quelques manques dans mes connaissances. A travers ces guerres de religion qui résonnent encore aujourd'hui, on ne peut pas rester de marbre, on s'insurge contre cette intolérance diffuse et constante dans ce récit. Les hommes d'église, comme les politiques, jouant avec le peuple comme avec des pions. C'est consternant et pourtant le catholicisme et le protestantisme ont généré tellement de morts et de conflits. L'auteur nous donne des preuves de ce fanatisme religieux tout au long du récit, et nous laisse bien souvent en grande réflexion !

Je n'ai pas vraiment vraiment compris le sens de ce titre, mais sans doute un rapport avec cette guerre de religion qui balaie tout sur son passage. En me relisant, j'ai l'impression de laisser l'idée d'un roman très noir, mais il y a aussi beaucoup d'amour dans ce roman, beaucoup d'émotions, d'aventures et d'espoirs ! Je vous laisse avec Mr Follett, et sa sarabande d'acteurs !

Dernière chose, je serai curieuse de savoir comment tous ces traducteurs (pas moins de 5) ont travaillé pour nous rendre cette saga aussi passionnante, rendons leur un bel hommage aussi pour ce travail de longue haleine ! J'espère croiser aux Utopiales à Nantes Monsieur *Jean-Daniel Brèque  pour lui renouveler mon admiration.




* Jean-Daniel Brèque
Jean-Daniel Brèque est traducteur professionnel depuis une trentaine d’années. Deux fois couronné par le Grand Prix de l’Imaginaire, il a traduit des écrivains comme Orson Scott Card, Stephen King, Lucius Shepard et Lev Grossman et Dan Simmons. Jean-Daniel Brèque a longtemps collaboré à la revue Galaxies, dont il fut l’un des fondateurs, ainsi qu’à Bifrost. Également éditeur, il participe à la publication des œuvres de Poul Anderson aux éditions du Bélial’ et dirige, chez Rivière Blanche, la collection Baskerville, consacrée à la redécouverte des Rivaux de Sherlock Holmes, dont il publie lui-même les éditions numériques.

lundi 23 octobre 2017

Un dernier verre avant la guerre T1 et Tènébres prenez moi la main T2 - saga Kenzie et Gennaro - Dennis Lehane

Présentation de l'editeur ( Rivages/noir) - Policier
traduction : Mona de Pracontal

Amis depuis l’enfance, Patrick Kenzie et Angela Gennaro sont détectives privés. Ils ont installé leur bureau dans le clocher d’une église de Boston. Un jour, deux sénateurs influents les engagent pour une mission apparemment simple : retrouver une femme de ménage noire qui a disparu en emportant des documents confidentiels. Ce que Patrick et Angela vont découvrir, c’est un feu qui couve « en attendant le jet d’essence qui arrosera les braises ». En attendant la guerre des gangs, des races, des couples, des familles.






Traduction : Isabelle Maillet

Une nuit, la psychiatre Diandra Warren reçoit un appel anonyme et menaçant qu’elle croit lié à l’une de ses patientes. Quand arrive au courrier une photo de son fils Jason sans aucune mention d’expéditeur, elle prend peur et demande de l’aide à Patrick Kenzie et Angela Gennaro. C’est pour les deux détectives le début d’une affaire bouleversante qui va les confronter à l’inacceptable, jusqu’à l’imprévisible dénouement. La peur, la compassion, la répulsion, l’amour, toutes ces émotions sont remarquablement mises en scène par Dennis Lehane dans un livre qu’on ne lâche pas avant la dernière page et dont les échos résonnent bien après qu’on l’a refermé.


 

Pour un de mes challenges, Zina, ma partenaire de "déstockage de pal en duo" m’a choisi un excellent policier, Ténèbres, prenez moi la main de Dennis Lehane. J’appris pendant ma lecture  que c’était en fait le deuxième tome de la série qui met en scène Patrick Kenzie et Angela Genaro, deux détectives privés, pas forcément hors du commun mais très attachants ! j'ai tellement apprécié le deuxième opus que j'ai attaqué à suivre le premier : Un dernier verre avant la guerre. Le fait de les avoir lu dans le désordre n'a pas été pénalisant. Je ne sais pas si sur la durée, ce couple va continuer à m'intriguer et à me charmer, mais je viens de faire l'acquisition du tome 3, Sacré, qui ne va pas tarder à prendre le chemin du haut de la pal !

J'ai vraiment été très emporté par le tome 2, et je l'ai préféré au premier, pour plusieurs raisons, d'abord l'analyse des sentiments qui existent entre Patrick et Angela et qui sont très bien rendus, ils évoluent l'un par rapport à l'autre, et leur jeu du chat et de la souris fonctionne bien, cette attirance qu'ils ont et qu'ils retiennent constamment renforce les liens pendant leurs enquêtes, et leurs vies privées et professionnelles sont incontestablement mêlées et emmêlées. 


D'autant plus que l'enquête dans laquelle ils sont s'empêtrer, va les ramener dans leur adolescence, on append beaucoup de choses sur Patrick et Angie, et leurs "potes" de l'époque, un petit côté "Myster River", qui nous plonge aussi ici dans l'horreur de certains travers humains, c'est glauque et violent à souhait, je vous préviens, il ne fait pas dans la dentelle notre Dennis ! C'est assez criant de réalisme et peut rappeler des affaires existantes de violence sur mineur.  La conception de l'histoire reste originale et ne ménage pas notre sensibilité, on atteint des sommets dans le sadisme et la barbarie, mais je ne rentre pas trop dans le détail pour ne pas spoiler les deux histoires.

D'une manière générale et dans ces deux tomes, l'écriture est plaisante, ça file tout seul, il y a un bon tempo et de la vivacité grâce au style enlevé, ponctué de nombreux dialogues. Les points de vues changent sans dérouter le lecteur, et on aime beaucoup les réflexions de Kenzie, c’est drôle parfois et ça soulage des moments de tension qui sont nombreux et forts.

Les personnages évoluent au cours des 2 tomes et j'ai aimé les suivre, connaître leur passé. Déjà très jeunes, on les découvre livrés à eux-mêmes et en proie aux affres de familles violentes et alcooliques, un passé qui les rattrapent trop souvent. 
Les personnages sont tous très attachants, et même certains "pseudo" méchants, je pense à Bubba, l’homme de la dernière chance présent dans les deux tomes, et dont on se régale de ses interventions aussi fantasques que flippantes ! 

Vous verrez, les intrigues sont bien ficelées, et on a du mal à lâcher le livre quand on devient spectateur de l'histoire et qu'on a l'impression d'être au plus près de l'action. Il semblerait que l'auteur ait un certain goût pour mettre le doigt sur les fléaux de l'humanité, qu'il développe avec maîtrise et émotion. Malgré toutes les monstruosités dont ils parlent, enlèvement, séquestration, etc, etc ... On ne peut s'empêcher de continuer à lire jusqu'au bout car heureusement, les dénouements et les révélations effroyables laissent quand même une petite place à la justice et à l'espoir !




mardi 17 octobre 2017

Sénéchal - Grégory Da Rosa

présentation de l'éditeur ( Mnémos) - Fantasy
« Sénéchal, la ville est assiégée ! »
Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni.
Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée. Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais.




Une bonne lecture que j’ai partagé avec Aelynah, et je dois dire que notre petit binôme a bien fonctionné ! Vous trouverez son avis ici 

Tout d'abord, un très beau livre-objet, la tranche est superbe et, cela a son petit effet dans la bibliothèque !  Vous allez voir que je me suis laissé beaucoup influencé par les séries TV et rien que la couverture avait un petit côté Game of thrones, j’ai vu en notre Sénéchal, héros de l’histoire, le portrait craché de la première main gauche du roi (Ned Stark) et cette association d’idées m’a fait partir dans cette imaginaire et dans cette ambiance. Et ça colle plutôt bien !

Dans ce tome, l’histoire à proprement dite n’est pas franchement originale comme l'indique la 4e de couverture, il y a des similitudes avec d'autres ouvrages du même acabit, ici le héros Philippe Gardeval, sénéchal de son état se trouve mêlé à un complot visant à occire le roi, il se débat pour affirmer son innocence et cherche à savoir ce qui se trame, la guerre se prépare, et l'ennemi semble être partout, à l'intérieur comme à l'extérieur ! Qui commandite ses assassinats ? Ce sont toutes ces énigmes que l'auteur nous propose de résoudre sur trois jours d'une intense activité !  


A coté de cela, il y a beaucoup de points forts qui retiennent l'attention, la conception même et l'organisation des chapitres est vraiment agréable, le suspens va crescendo, incluant des éléments nouveaux régulièrement, alors on part sur un bon nombre de pistes, et on imagine de multiples scénarios.  A travers un complot politique, on apprend à connaître tous les protagonistes de l'histoire, on découvre une cour royale impétueuse où la jalousie est reine, et où on est prêt à vous glisser une lame entre les côtes par avidité de pouvoir. Il faudra ajouter à cela, une guerre intestine et religieuse, anges et démons s'affrontent, et un ennemi cuirassé qui s'amasse devant les portes de la ville de Lysimaque. On imagine l'ambiance !

Ce qui marque aussi beaucoup, c’est l’écriture, elle intrigue et retient l’attention dans un premier temps. Une gouaille particulière entre un dialecte d’antan associé parfois à des mots ou expressions très modernes. Ça perturbe un peu puis on s’habitue, j’avoue avoir eu peur d’être lasser par le ton, mais l’écriture évolue au cours du récit, de « populaire » elle se « poétise » parfois, et cela donne de bons moments de lecture. Le rythme est soutenu, les scènes d'action efficaces et on ne voit jamais l'ennui poindre !
 

Et enfin, le personnage du Sénéchal est attachant et réussi, il incarne un ami fidèle du roi, il se laisse un peu débordé par les événements, ses réactions sont très humaines, ironiques parfois et pleine de doutes aussi, ce pourrait être celles du lecteur, car c'est lui qui nous raconte l'histoire, et sa vision nous permet de réfléchir avec ses "données". Alors bien sûr, il manque encore beaucoup d'informations sur l'environnement, les ennemis, les relations de certains, le cadre politique et religieux ... Mais, j'ai très envie de connaître la suite d'autant que les derniers instants de ce tome annonce un revirement complet, et promet encore plus d’actions et aussi .. de questionnements.
 
J'aime beaucoup la nouvelle perspective que nous propose cette fin !
Un jeune auteur talentueux à suivre ... Diantre ! 



Lecture commune avec Aelynah dans le cadre du challenge de la Licorne

jeudi 5 octobre 2017