jeudi 21 juin 2012

Enquête sur la disparition d' Emilie Brunet - Antoine Bello

Présentation de l'éditeur (folio) - Policier
Le détective Achille Dunot souffre d'une étrange forme d'amnésie. Depuis un récent accident, sa mémoire ne forme plus de nouveaux souvenirs, si bien qu'il se réveille chaque matin en ayant tout oublié des événements de la veille. Quand le chef de la police lui demande d'enquêter sur la disparition d'Emilie Brunet, une des femmes les plus riches du pays, Achille décide de tenir un journal dans lequel il consignera le soir, avant d'aller se coucher, les enseignements de la journée. Lui qui ne jure que par Agatha Christie, il devient ainsi à son insu le héros et le lecteur d'un drôle de roman policier.. dont il est aussi l'auteur.
Très vite, tout accuse Claude Brunet, la mari de la disparue. Il a plusieurs mobiles et aucun alibi. Il se vante a demi-mot d'avoir commis le crime parfait. Mais surtout, il ose critiquer les méthodes d'Hercule Poirot...

Je tiens à remercier vivement le forum "Livraddict" qui m'a permis de participer à ce partenariat ainsi que  la collection Folio.



Ce partenariat m'a permis de prendre goût à cet auteur atypique qui surprend par la teneur de son sujet. J'ai beaucoup aimé et je ne saurai dire pourquoi précisément, mais l'air de rien, il a fait appel à toutes mes petites cellules grises, et ce n'est pas si courant lorsqu'on lit un roman.

Achille Dunot, excellent enquêteur et policier a était mis à la retraite prématurément. En effet, il souffre d'amnésie antérograde suite à un accident peu ordinaire, puisqu'il a reçu sa bibliothèque et son contenu sur la tête. Depuis, sa mémoire lui fait défaut, elle ne forme plus de nouveaux souvenirs et sa journée s'efface quand il s'endort. Malgré ce grave handicap, le chef de la police lui demande de reprendre du service pour une affaire particulièrement délicate. Elle met en scène Emilie Brunet, femme d'un célébre neurologue qui est partie avec son amant en randonnée et ne donnent plus signe de retour, ni de vie. Claude Brunet, le mari trompé, qui est au courant de cet adultère, signale donc leur disparition au commissariat de police. Lors de sa déposition, Brunet se fait molesté gravement par un policier. Les coups portés par l'agent devenu hystérique rendent également amnésique le mari, qui à son tour, ne sait plus ce qu'il a fait le jour de la disparition de sa femme. Etrange comportement que cette amnésie qui n'aide pas Brunet à se disculper, et qui cache pour Dunot, un procédé de crime parfait. Bien vu en effet car Brunet n'a plus de mémoire ! donc plus de preuves ... mais attention pas d'alibi non plus !!! Cela devient compliqué et plutôt commode ! Dunot doit donc se débrouiller pour résoudre l'affaire en tenant compte uniquement des témoignages qu'il aura pris soin de noter dans un carnet. Un carnet qu'il devra relire en entier chaque jour. Ce livre devient épais au fur et à mesure de l'enquête, il est également notre matière première pour découvrir le véritable coupable ! Nous pouvons donc réfléchir avec lui et entériner des hypothèses... 

Ce roman est un véritable jeu de piste entre une intrigue policière et les romans d'Agatha Christie, suivi par un policier retraité et un suspect qui ont tous les deux perdus la mémoire...A première vue, on se demande vraiment quel est l'intérêt d'une telle histoire ?!..Et bien, contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est palpitant, innovant et ça se dévore ! Une énigme dans une autre, un puzzle à double face, un suspens psychologique d'une belle envergure...

On se retrouve confronté à deux personnalités étonnnantes :
Celle de Claude Brunet, suspect d'une grande intelligence, neurologue, donc il contrôle parfaitement ses émotions, il a des mobiles et aucun alibi...Cela laisse planer un doute certain sur sa culpabilité... Il affiche aussi beaucoup d'assurance par rapport à Dunot, et disserte souvent sur la théorie "du crime parfait", il réfute la manière d'agir d'Hercule Poirot et critique par là-même l'univers d'Agatha Christie.
D'un autre côté, vous avez Achille Dunot, il consigne méticuleusement ses témoignages dans son calepin (comme le ferait l'inspecteur Columbo), c'est un inconditionnel d'Agatha Christie et de son fameux Hercule Poirot dont il admire son esprit de déduction et ses techniques de résolution d'enquête. Il s'identifie à lui et tente de résoudre cette enquête en utilisant les procédés décrits dans ses romans. Il établit très vite des parallèles et cela nous remémore certaines histoires comme "Le meurtre de Roger Ackroyd". Ce roman est comme un hommage de Bello à Christie, il y a beaucoup de références et de citations et j'en ai été enchanté, aimant moi-même cet univers. Et ceux qui n'ont pas lu la reine du genre, ne seront pas perdus car l'auteur redonne toujours le contexte de la citation, cela est fait de façon très intelligente et réfléchie !

Le style est sobre, dépouillé de tout artifice, ce qui rend la complexité de l'intrigue encore plus puissante. Les dialogues, mêlant des interrogatoires policiers et des débats sur les procédés de criminologie d'Agatha Christie, sont truculents. On retrouve avec bonheur les ingrédients et les caricatures de ces romans : la femme riche, le mari médecin et bafoué, l'amant discret, la gouvernante morose... Tout ce petit monde se donne la réplique et permet au lecteur de se faire sa propre histoire. A ce propos, Dunot parle de "délectandes" qui sont des éléments par lequel l'auteur dévoile la solution de l'intrigue avant même qu'elle n'aboutisse. Ces remarques qui permettent de trouver le coupable très vite "normalement", nous donne envie de relire cette intrigue délicieuse et de faire marcher ses petites cellules grises afin de résoudre le sort des protagonistes.

Evidemment, je penche beaucoup pour la culpabilité de Brunet, c'est presque trop facile mais cela prouverait que le crime parfait existe ... Et si la sixième réflexion oubliée, c'était que tout ceci est une vaste fumisterie et qu'Achille Dunot s'est bien joué de nous, car finalement le coupable c'est peut-être Lui... comme il ne souvient de rien, il y a le doute permanent de ce que "lui" a fait cette fameuse journée... AH ! pourquoi pas !... je vais le relire pour étayer cette thèse, et chercher ces fameuses "délectandes" ... Si quelqu'un veut en parler ou proposer une autre hypothèse, n'hésitez pas à m'en toucher un mot !

Ce livre est plaisant à lire et savamment construit, je n'en avais jamais lu de ce genre, on reste un peu sur sa fin, mais elle est logique par rapport au reste du roman, je l'aurai préféré plus significative avec un revirement de situation à la "hitchcock", incongru et étonnant ! Mais cela n'enlève rien au charme de ce magnifique petit bijou de réflexion. J'ai maintenant très envie de lire d'autres ouvrages de Mr Bello comme "les falsificateurs" ou "les éclaireurs". Et vous ?  cela  ne vous tente pas de devenir un "Poirot" en herbe, l'espace d'un livre !


mardi 19 juin 2012

Le Scandale Modigliani - Ken Follett

Présentation de l'éditeur (Le livre de poche) 

Ils ont entendu parler d'un fameux Modigliani perdu et sont prêts à tout pour mettre la main dessus : une jeune étudiante en histoire de l'art dévorée d'ambition, un marchand de tableaux peu scrupuleux et un galériste en pleine crise financière et conjugale...sans compter quelques faussaires ingénieux et une actrice idéaliste venant allégrement pimenter une course poursuite échevelée. Qui sortira vainqueur de cette chasse au trésor menée tambour battant, de Paris à Rimini, en passant par les quartiers huppés de Londres ?


Avant la lecture :  Bercée dans mon adolescence par "les piliers de la Terre", un grand livre qui n'avait pas déclenché un gros intérêt à l'époque, et qui depuis a connu un très grand succès, je fus stupéfaite de voir ce petit livre. En effet, "Le scandale Modigliani" est son premier roman, écrit en 1976. L'auteur lui-même ne le trouvait pas à la hauteur de son ambition... et il avait raison ...

Après la lecture : Une étudiante en histoire de l'art découvre l'existence d'un "Modigliani" perdu, tableau qu'il aurait fait à l'époque sous l'emprise de la drogue, comme c'est également le sujet de sa thèse, elle se lance sur la trace du soi-disant chef d'oeuvre. France, Londres, Italie, elle est suivie de près par des galéristes peu scrupuleux, et des faussaires plus doués, qui vont savoir tirer leur épingle du jeu, et là-dessus vient se greffer une histoire de famille peu reluisante...Bref, tout un petit monde, et on le voit très vite, les protagonistes ne manquent pas. Comme à son habitude, ils nous fait découvrir chaque groupe de personnages, et on  connaitra le lien qui les unit aux autres, vers la fin de l'histoire... Cette méthode est intéressante pour un livre comportant un grand nombre de pages, mais là en 300 pages, nous n'avons pas le temps d'apprécier la complexité de chaque groupe. Il y a trop d'histoires imbriquées et de ce fait, cela devient très vite compliqué à suivre, et à comprendre, on ne sait plus très bien qui suit qui ... et pourquoi...!
Les acteurs de ce roman sont très stéréotypés, et ne sont pas attachants, on a d'ailleurs pas le temps de les apprécier car l'histoire avance rapidement. Certaines histoires anodines prennent le pas sur celle qui concerne le tableau recherché, reléguée souvent au second plan, l'intrigue se voit alors précipitée à la fin car il faut bien revenir au sujet principal !... Cela manque de fluidité et de cohérence, un peu confus...

Habituée à des ouvrages plus conséquents, mieux maîtrisé, avec des personnages charismatiques et des intrigues prenantes, ce petit livre se révèle décevant. Quelques bons moments alternent avec des longueurs qui n'apportent rien, et sont semées parfois de quelques incohérences. Heureusement, ce roman est signé comme une première oeuvre et l'on comprend pourquoi ! Mr Follett a su me faire rêver avec "les piliers de le terre" et "un monde sans fin". Donc j'oublierai vite ce petit "scandale"...

dimanche 17 juin 2012

Frey - Chris Wooding


Présentation de l'éditeur (Milady) Fantasy -SF

Frey est la capitaine de l'aéronef  la "KETTY JAY", un séducteur invétéré et une fripouille notoire. Avec son groupe d'aventuriers, ils vivent d'activités illégales en se cachant des frégates de la Coalition. Entre les coupes de feu, les larmes bien affûtées, et même la magie noire, la mort n'est jamais loin.
Aussi lorsque Frey entend parler d'un navire chargé d'un trésor qui a tout d'une proie facile, il croit que sa fortune est faite. Mais l'opération tourne mal et notre ami devient l'ennemi public numéro un, avec toutes les forces de la Coalition à ses trousses...

Avant la lecture :  Merci à Liestra, avant toute chose, car c'est grâce à cette charmante personne que j'ai pu lire ce livre, livre qu'elle fait voyager au gré des envies et des demandes, vous pouvez y accéder par ce lien.  Aimant beaucoup les histoires de pirates, de rebelles invétérés, et de grandes aventures, j'ai pensé qu'il fallait que je le lise sans tarder.

Après la lecture : Un roman qu'il est difficile de situer, un peu Fantasy, un peu SF, un peu Steampunk... L'auteur a su trouver un juste équilibre entre ces genres, et il s'en tire plutôt bien. Un style très enlevé, assez simple, des descriptions qui rendent très visuelles les scènes de combat. On rentre vite dans l'action dans les premières pages...

L'intrigue est assez classique, elle se comprend facilement, et les évènements s'enchaînent sans surprise, c'est à mon avis le point faible de ce roman, car l'histoire n'est pas suffisamment passionnante pour nous entraîner à fond dans ce périple. Elle nous permet, par contre, d'apprécier l'équipe de "bras cassés", qui fait route à bord de la "Ketty Jay", aéronef du Capitaine Frey. C'est en effet un équipage assez caricatural que nous décrit l'auteur, tous très différents, pirates attachants à leur manière, et ayant au fond du coeur un lourd secret ou un passé non avouable. Jez la pilote et Crake le démoniste sont mes personnages préférés, ils se démarquent des autres, j'ai aimé leur passage dans le grand monde lorsqu'ils participent au bal ainsi que la course-poursuite qui clôt cette première partie. C'était drôle, bien amené et j'ai repris goût à cette lecture après un long passage à vide et poussif. 

La deuxième partie met plus en scène l'histoire par elle-même, mais j'ai préféré suivre la vie et les secrets de ces baroudeurs de l'extrême, de ces véritables anti-héros, attendrissants par certains côtés, qui se serrent les coudes quand la situation le requiert. Les secrets de chacun se révèlent au fur et à mesure, et c'est le seul charme qui a opéré sur moi. Certains ont des secrets surprenants ! 

Les aventures de Frey ne resteront pas gravé dans ma mémoire, et la suite se fera sans moi, l'ambiance générale ne m'a pas convaincu, ni même fait rêver, et même si les personnages ont un gros potentiel, j'ai peur qu'ils soient noyés de nouveau dans une histoire assez anodine. 
Conclusion : Un univers intéressant, de bons personnages, mais il manque la bonne intrigue à mon goût …. et du coup … je n'ai pas pu décollé avec Mister Frey !

Lecture commune du 17 juin 2012 organisée par Fleurdusoleil
avec BookHystericLove, Reveline... On va dire peu nombreuses mais bien choisies ;)


mardi 12 juin 2012

Le Mardi sur son 31


Tous les mardis, vous ouvrez le livre que vous êtes entrain de lire à la page 31 et vous choisissez une phrase. Elle peut-être révélatrice du roman, vous plaire par son style, vous déplaire... 
Bref vous êtes libres ! Pourquoi la page 31 ? Parce que c'est au début du roman, mais pas trop tôt non plus. Et c'est aussi parce que Sophie est née un 31 ! Retrouvez ces phrases sur son blog



"- Vous ne paraissez pas souffrir de graves troubles fonctionnels, a-t-il poursuivi. J'en déduis que si votre hippoccampe est endommagé, votre néocortex, lui, est intact. Cela signifie que vous avez conservé votre mémoire procédurale - vous savez encore nager ou conduire - et que vous avez probablement accès à tous les souvenirs précédant votre accident."

tiré de "Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet" d' Antoine Bello - page 31

Un excellent livre, d'une très grande subtilité où il faut faire fonctionner ses petites cellules grises à la façon d'Hercule Poirot. Chronique très prochainement ...

Bon Mardi !

samedi 9 juin 2012

Les lieux sombres - Gillian Flynn

Présentation de l'éditeur (sonatine) - Lectures Histoire de vie


Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux soeurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de quinze ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l'innocence bafouée. 25 ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s'est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d'un type très particulier, elle accepte de revisiter pour la première fois les lieux sombres de son passé. C'est là, dans un middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu'une vérité inimaginable commence à émerger. Et Libby n'aura pas d'autre choix, pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l'affaire, quelles qu'en soient les conséquences.

Avant la lecture : J'ai sauté sur l'occasion pour cette LC, je venais juste d'acheter ce livre dans une brocante, je ne l'avais pas mis au sommet de ma Pal, car juste après avoir lu "seul le silence",  je voulais attendre quelques temps avant de me reprendre en pleine face une histoire de famille sordide et glauque. Mais bon, le destin en a décidé autrement, et ce n'est pas pour me déplaire, l'idée du partage des avis dans une LC est très motivant ...

Après la lecture : L'histoire, quant à elle est assez originale dans sa conception, et on est loin de se douter de la fin, même si on pense très vite que Ben ne peut pas avoir fait cela, par cela j'entends : avoir tué sa mère et ses deux petites soeurs à coup de hache … J'étais assez perturbée au début par cette association malsaine de "club du crime" qui souhaite rencontrer Libby et recherche à travers elle, à connaître tous les détails sordides de l'affaire, quitte à acheter ses renseignements, c'est dire le voyeurisme malsain dont ils sont atteints. Libby, pauvre fille meurtrie par la vie, a besoin d'argent, alors elle va s'enfoncer dans cet engrenage qui l' a fait tourner en rond dans son histoire, et au lieu de l'oublier, elle s'y retrouve encore plus impliquée. Elle va se laisser diriger par ces gens pour certains peu scrupuleux. Cette association est persuadé que Ben est innocent, ils veulent pousser Libby à reprendre le procès pour faire libérer son frère, elle a toujours été persuadé que Ben est coupable, et c'est alors que peu à peu, elle va se poser les bonnes questions, et nous allons découvrir en même temps qu'elle, les vrais visages de cette tuerie. Elle s'est trompée sur toute la ligne. Une fin pour le moins surprenante ! A cause de non-dits et de circonstances malheureuses, elle est passée à côté de la vérité pendant si longtemps… Je ne peux pas en dire plus au risque de dévoiler la fin.

Ce livre se lit bien, l'écriture est simple mais apporte les précisions qui s'imposent, pas de "je tourne autour du pot", les mots sont percutants et plantent bien le décor. Les coupures entre les chapitres peuvent au premier abord déstabiliser la lecture, mais j'ai trouvé au contraire qu'elles permettaient de faire monter le suspens jusqu'aux dernières pages. Ces chapitres de séparation permettent aussi de bien connaître la vie de chaque personnage et permet de répondre à quasiment toutes les interrogations posées au fil de l'histoire. 

On est touchée, émue par la vie de Libby, une vie gâchée depuis ces meurtres qui la hantent, elle n'a plus personne sur qui compter et se pencher, alors lorsque Lyle du Club du crime s'intéresse à elle, elle plonge aussitôt. On comprend son désarroi et sa solitude, et c'est vrai que je n'ai pu m'empêcher de repenser à Joseph, le héros masculin de "seul le silence" de Mr Ellory, un excellent livre également, et le destin a gâché une grande partie de leur vie à tous les deux, ils ont des souffrances identiques. Libby va pouvoir faire le deuil d'une partie de sa douleur, à la fin du roman, et retrouvé ce frère qui l'a sans doute toujours aimé, et qu'elle n'a pas compris. 

Ce livre soulève beaucoup de réflexions, certaines, inhérentes aux jeunes comme l'emprise de la drogue, de l'alcool, la maternité… Il y a aussi la solitude et la dépression qui mènent parfois au suicide, une remise en question de ces enfermements abusifs en prison avec un manque certain de preuve, les rapports familiaux… Bref, de quoi cogiter après cette lecture, une histoire qui ne laisse pas indifférent, c'est une belle et touchante découverte qui permet une réflexion sur certains travers de notre société. Mais il vaut mieux avoir le moral quand on entame cette lecture !


LC du 9 juin 2012 organisée par Mimigogotte, avec tousleslivres, nelfe, reveline, gentiane, mimi54

lundi 4 juin 2012

Les Louvetiers du Roi - Serge brussolo

Présentation de l'éditeur (Plon) Thriller historique 

Louis XIV vient de mourir, laissant la France ruinée. Avec l'arrivée du régent souffle un vent de liberté que d'aucuns nommeront débauche. Occultismes et messes noires sont le pain quotidien des roués qui invoquent le diable dans les carrières de Vanves. 
Frédéric Lemât, lui, est un peintre apprécié des salons. C'est également un sympathique tueur à gages dont l'art consiste à débarrasser de leur encombrant mari les jeunes marquises vendues par leur familles à des barbons. Frédéric utilise ses connaissances en chimie pour transforme ses tableaux en pièges mortels. 
Mais voilà soudain que le chasseur devient gibier ! Qui en veut à la vie de Frédéric ? Et surtout, qui est le mystérieux Ikônos, ce peintre dont personne n'a jamais vu le visage, et dont les toiles sont réputées prophétiques ? Si prophétiques, qu'elles pourraient ébranler les fondements de la monarchie. Aux yeux des Louvetiers du Roi, un groupe de fanatiques, il est capital de détruire ces oeuvres impies… et leur auteur ! Bien malgré lui, Frédéric va se retrouver mêlé à un complot qui le dépasse, et dont il risque d'être la première victime.

Avant la lecture : Cela fait très longtemps que je n'avais pas lu un Brussolo, et malgré une écriture simple, mon plaisir etait à chaque fois renouvelé. Il vous embarque toujours dans un environnement différent et original, les intrigues tiennent en haleine, et on est tout de suite plongée au coeur de l'aventure. Il a été difficile de se faire une opinion avant la lecture de ce livre car je n'ai quasiment trouvé aucun commentaire sur le forum de Livraddict… Étonnant !… Alors, plaisir renouvelé, cette fois-ci encore ? On remarquera une couverture simple qui ne dévoile rien de l'histoire, et qui n'aguiche pas beaucoup le lecteur … 

Après la lecture : Incroyable, cela fait 7, 8 ans que je n'ai rien lu de lui, et j'ai tout de suite reconnu sa patte. Comme à son habitude, il nous entraîne rapidement dans le coeur de l'histoire. Cette fois-ci c'est un thriller historique, genre que j'apprécie beaucoup. Un style d'écriture simple mais qui touche à l'essentiel tout de suite. Les rebondissements sont également bien rendus par un choix de mots et de tournures de phrases travaillées, le suspens est exalté !


Mais quelle imagination ! un peintre machiavélique entraîne la mort de vieux maris en intégrant dans sa peinture des essences chimiques pouvant prendre feu, ou exhaler des poisons. Ce coquin se voit payer des fortunes pour ces tableaux, Il fallait déjà avoir une grande maîtrise des techniques picturales pour mettre au point de tels stratagèmes … Mais un homme le surpasse : Ikônos, dont je ne révélerai pas la véritable identité, il est capable, lui, de faire beaucoup plus fort, et de créer des tableaux pouvant dévoiler le futur, on va vraiment plus loin dans le fantastique, c'est diaboliquement génial ! ... Il y a aussi le mystère de sa maison, cadeau pour le moins empoisonné de Timoléon, une nouvelle enigme qui s'ajoute à celle d'Ikônos, et qui fait partie intégrante de l'histoire. Ces intrigues toutes entremêlées témoignent encore de l'imagination fascinante de cet auteur. Tout est donc en place pour le déroulement des faits, et c'est là, ou il a manqué quelque chose, l'intrigue est palpitante au début, puis dans une seconde partie, l'histoire s'essouffle un peu, on sent la fin qui arrive et qui est un peu trop facile et logique, Brussolo va trouver un rebondissement original en la personne de Juliette, mais cela ne suffira pas à finir en apothéose. Les événements se précipitent mais vont manquer un peu d'envergure (dont le passage avec la tempête). Nous n'avons pas forcément toutes les réponses à nos questions : Comment Ikônos a évolué aux côtés de son père pour devenir extralucide ? On ne sait finalement pas grand chose sur Juliette et sa traîtrise, ni sur les louvetiers du roi ? ... bref, l'intrigue avait bien pris et, puis tout s'arrête un peu vite, et on reste un peu sur sa faim à la fin...


Les personnages principaux restent attachants, surtout celui de Lahuilette, ami fidèle de son maître. Quant à Juliette, elle incarne toutes les facettes d'une femme ambigüe, les meilleures comme les pires. Le héros, Frédéric, n'est finalement pas le plus attachant, il m'a laissé assez indifférente car il se laisse un peu trop manipulé. En fait, tous les yeux sont tournés vers Arnaud de Bregannog. On aimerait en savoir plus sur ce personnage enfermé dans sa folie, il n'est pas assez exploité sans doute.


Enfin, comme à son habitude, Serge Brussolo sait nous sortir du quotidien, avec des histoires toujours plus fascinantes, il reste pour moi un excellent auteur, et le dépaysement de ces histoires m'enchante à chaque fois, donc je ne saurai trop vous conseiller d'y goûter, mais attention on devient vite accroc ...