Présentation de l'éditeur ( le livre de poche) - Histoires de Vie
Traduction : Carmen et Claude Durand
Traduction : Carmen et Claude Durand
Une grande saga familiale dans une contrée qui ressemble à s'y méprendre au Chili. Entre les différentes générations, entre la branche des maîtres et celle des bâtards, entre le patriarche, les femmes de la maison, les domestiques, les paysans du domaine, se nouent et se dénouent des relations marquées par l'absolu de l'amour, la familiarité de la mort, la folie douce ou bestiale des uns et des autres, qui reflètent et résument les vicissitudes d'un pays passé en quelques décennies des rythmes ruraux et des traditions paysannes aux affrontements fratricides et à la férocité des tyrannies modernes. Isabel Allende a quitté le Chili après le coup d'Etat militaire. La Maison aux esprits, son premier roman, tantôt enchanteur, tantôt mordant, est à inscrire parmi les révélations de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui. Il est traduit dans une dizaine de pays et a obtenu le prix du Grand Roman d'évasion 1984.
Je ne connaissais pas du tout cette auteur, et quelques livraddictiennes m'avaient un peu mis l'eau à la bouche en me vantant les qualités d'écriture de Mme Allende. Stéphanie propose une LC, je saute sur l'occasion.
L'écriture est en effet très agréable, elle vous entraîne dans cette histoire à tiroir avec la délicatesse d'une conteuse. La qualité des mots choisis donne aux phrases une mélopée vraiment remarquable, elle nous fait tourner les pages sans avoir envie de s'arrêter et accompagne parfaitement le récit rocambolesque de cette saga familiale.
Les cahiers de vie de Clara sont le point de départ et le fil conducteur de l'histoire, c'est sa petite fille Alba, qui nous transmet, sous forme d'un récit vivant, les souvenirs de son arrière grand-mère, elle nous montre comment à travers trois générations de femmes, les relations et les revendications se mêlent et se démêlent avec passion, au sein de leur petite communauté.
Les poins de vue du narrateur sont différents tout au long de l'histoire et ne sont pas toujours bien perceptibles… Je ne savais plus qui parlait parfois entre Clara ou Esteban… petite gymnastique que l'on apprend vite et qui ne nuit pas à la compréhension mais apporte au contraire un autre éclairage et un des seuls points de vue "masculin" significatif dans ce récit.
On retrouve donc des personnages fortifiés par un pays et un climat dur, moulés dans des traditions ancestrales et des coutumes paysannes intenses. Cela donne des êtres entiers, aux caractères parfois incontrôlables et bien trempés, ce qui fait écho et donne matière aux affrontements et au pouvoir politique en place. Et si aucun nom ne désigne le Chili, cela y ressemble beaucoup …
Pour en revenir à ces femmes au destin hors du commun qui hantent et harcèlent le lecteur de leurs actions fortes, Clara est celle qui donne le tempo, elle est pourtant la seule qui ne se bat pas … Elle illumine sans effort et coule doucement en suivant ses prémonitions. Ses extravagances et ses fantômes nous la rendent intrigante, et je dois dire qu'en son absence, je me suis demandée si le récit n'allait pas s'en trouver appauvri … Mais ce n fut pas le cas, car les événements reprennent le pas, mais nous sommes un peu comme Esteban Trueba, déboussolé et meurtri de cette disparition, elle nous manque cette Clara ! La fragilité et la clairvoyance de cette femme en a fait un être à part qui contraste avec la dureté de leur vie quotidienne. Un petit mot pour la soeur d'Esteban : Férula dont l'histoire m'a beaucoup touché, c'est un personnage très fort dans ce livre, malgré sa discrétion permanente.
Je n'ai pas grand chose à rajouter, si ce n'est que j'ai beaucoup aimé cette atmosphère (digne d'un Laurent Gaudé ou d'une Carole Martinez) et qu'il faut le lire pour se sentir imprégnée de cette atmosphère particulière et de l'émotion des personnes qui peuplent ce coin de terre. C'est un conte et le destin s'y mêle en apportant beaucoup de malédictions et de souffrance dans cette famille.
La vaste demeure des Trueba finit par être un labyrinthe, comme le coeur de ces personnages. Pris au piège de leurs sentiments souvent contradictoires, la seule cohésion vient toujours de leur filiation et de leur désir de lutter contre le mauvais sort auquel il n'échappe que très rarement… On en serait presque à se demander s'il n'existe pas quelque part les ruines de "cette maison aux esprits", un domaine bien réel et pourtant hors du temps, qu'on aimerait visiter comme un vieux musée.
La vaste demeure des Trueba finit par être un labyrinthe, comme le coeur de ces personnages. Pris au piège de leurs sentiments souvent contradictoires, la seule cohésion vient toujours de leur filiation et de leur désir de lutter contre le mauvais sort auquel il n'échappe que très rarement… On en serait presque à se demander s'il n'existe pas quelque part les ruines de "cette maison aux esprits", un domaine bien réel et pourtant hors du temps, qu'on aimerait visiter comme un vieux musée.
Lecture commune organisée par Stéphanie dont voici l'avis ici .