mercredi 27 janvier 2021

Le chant du Rossignol - Kristin Hannah et Et ils oublieront la colère d'Elsa Marpeau

LES AFFRES DE LA GUERRE ...


Je vous présente deux lectures percutantes et historiques, qui m'ont fait vibrer. Elles débordent de sentiments contradictoires, de malaises, de joies et de pleurs.

Ces deux romans sont axés sur une période de la seconde guerre mondiale qui ont "dérangés" certains français, cela touche la trahison, la dénonciation et la violence entre civils ... Une vilaine page de l'histoire de France.




Présentation de l'éditeur (le livre de poche) - Histoires de vie
Traduction : Matthieu Farcot

 
France, 1939. Dans le village de Carriveau dans la Loire, Vianne Mauriac fait ses adieux à son mari qui part au front et se retrouve seule avec sa fille. Elle ne peut imaginer que les nazis vont envahir le pays. Pourtant, lorsqu'un capitaine allemand réquisitionne sa maison, elle est forcée d'accueillir un officier sous son toit. Et fait le choix de protéger sa fille avant la liberté de son pays... Sa sœur Isabelle, 18 ans, a passé son enfance dans des pensionnats depuis la mort de leur mère, et son père décide de l'envoyer vivre avec Vianne. Mais son tempérament rebelle met en danger leurs vies à toutes. Isabelle décide donc de partir vivre à Paris, le jour de l'entrée des Allemands dans la ville. Impétueuse et pleine d'idéaux, elle s'engage très vite dans la Résistance sous le nom de code " Le Rossignol " et fait régulièrement passer des aviateurs anglais en Espagne. Deux sœurs, deux destins et deux façons de survivre à la guerre et à l'envahisseur. Un grand roman sur l'amour, la liberté, les idéaux et sur le rôle des femmes pendant la guerre.


 
Quel excellent roman que je tenais depuis longtemps dans ma pal sans jamais avoir eu grande envie de le sortir. Et pourtant ! une fois fait, il fut englouti comme une vague, recouvrant sur son passage mes yeux de larmes et d'incompréhension parfois.
 
On va suivre Vianne et Isabelle, 2 soeurs tourmentées dans leur vie quotidienne voyageant entre Paris, La Loire et l'Espagne....  Des tempéraments différents, des âmes fortes qui vont vous donner beaucoup d'émotions. Elles vont aborder la guerre chacune à leur façon, faisant preuve de courage et de détermination au delà du possible. Deux destins de femmes assez incroyables qui rendent un bel hommage aux résistants,  aux soldats qui consacrent ici leurs vies à en sauver plutôt qu'à en tuer.

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au "silence de la mer" de Vercors. Un témoignage simple et émouvant de ce qu'on peut ressentir en essayant de survivre ou de vivre près de son oppresseur, il faut bien souvent mettre sa dignité de côté, et subir les foudres des autres. Le phénomène s'amplifiant comme on le voit, dans les petits bourgades de province. Exemplaire et donnant de belles leçons de vie, ce roman nous permet d'apprécier les différents points de vue et de se questionner sur nos propres choix devant de telles situations... A découvrir si ce n'est déjà fait ! 
 

Présentation de l'éditeur ( livre de poche) - Histoires & Histoires de vies
 
Été 1944. Une femme court dans la campagne icaunaise. Elle cherche à échapper à la foule qui veut la tondre. Été 2015. Un homme a été tué près d'un lac. La gendarme chargée de l'enquête soupçonne que son meurtre est lié à une tonte, qui a eu lieu soixante-dix ans plus tôt. Entre aujourdhui et hier, les destins s'entremêlent mais les protagonistes ne s'en souviennent plus ? 
Ils ont oublié la colère, les jours de liesse et la cruauté des vaincus contre ceux de leur camp, lors de la Libération. L'enquête va exhumer ce passé dont plus personne ne veut se rappeler.
 
 
 
Lu dans le cadre du comité polar de ma médiathèque, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt ce roman qui pointe du doigt des moments fascinants de la seconde guerre mondiale où la violence humaine se déchaîne. Mais pire que tout, une violence de guerre civile qui punit les rebelles et les traites à l'aube de la libération. Eté 44, les habitants d'un village font le nécessaire pour punir leurs traitres et marquer au fer rouge ceux ou celles qui "dérangent" leurs petites vies bien rangées de bons "français" collaborateur du régime de Vichy.
 
Il est question ici des punitions infligées aux femmes ayant eu des rapports sexuels, consentis ou non, avec des allemands. Le constat est édifiant, les villageois se défoulent et se vengent sur ces femmes comme un ultime échappatoire à leur douleur, un genre d'expiation ... Dans ce chaos, l'histoire d'une jeune femme devient sordide, on est parfois à la limite de l'envie de vomir ... Au delà du côté historique, l'enquête policière nous balade entre le passé et le présent et elle est très intéressante à suivre.

Le style est assez percutant, et l'auteur peu connue à mes yeux, tient une place de choix sur le petit écran, elle est à l'origine de la série "Capitaine Marleau" aux côté de Josée Dayan et scénaristes sur de très bonnes séries télévisées comme Meurtres à l'Elysée, au Louvre ou encore à la Tour Eiffel, ou encore la série avec la légiste Alexandra Ehle, en ce moment sur le petit écran.... A découvrir donc !

mercredi 20 janvier 2021

Le cri - Nicolas Beuglet

Présentation de l'éditeur (Pocket) - (Policier-Thriller)

Hôpital psychiatrique de Gaustad, Oslo. À l’aube d’une nuit glaciale, le corps d’un patient est retrouvé étranglé dans sa cellule, la bouche ouverte dans un hurlement muet. Dépêchée sur place, la troublante inspectrice Sarah Geringën le sent aussitôt : cette affaire ne ressemble à aucune autre…

Et les énigmes se succèdent : pourquoi la victime a-t-elle une cicatrice formant le nombre 488 sur le front ? Que signifient ces dessins indéchiffrables sur le mur de sa cellule ? Pourquoi le personnel de l’hôpital semble si peu à l’aise avec l’identité de cet homme interné à Gaustad depuis plus de trente ans ?
 
Pour Sarah, c’est le début d’une enquête terrifiante qui la mène de Londres à l’île de l’Ascension, des mines du Minnesota aux hauteurs du vieux Nice.

Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va lier son destin à celui d’un journaliste d’investigation français, Christopher, et découvrir, en exhumant des dossiers de la CIA, une vérité vertigineuse sur l’une des questions qui hante chacun d’entre nous : la vie après la mort…
Et la réponse, enfouie dans des laboratoires ultrasecrets, pourrait bien affoler plus encore que la question !

 

Quel bon roman ! j'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette histoire et à partager l'univers de ces personnages.
On entre tout de suite dans le vif de l'action, et l'accroche est vraiment intrigante. On a envie de savoir ce qui se cache derrière l'énigmatique patient 488. En effet, nous sommes à l'hôpital Gaustad à Oslo en Norvège. Ce fameux patient se serait suicidé... il présente une marque gravé sur le front : 488 et les conclusions du légiste sont formelles, il est mort de peur ! ... Rien de tel pour activer la machine à frissons et se plonger au coeur de ce pays balayé par un temps épouvantable ce qui rajoute à l'atmosphère oppressante de cet hôpital glauque. 

Un vrai régal de lecture, tous les ingrédients sont là !  ! Des intrigues qui voudraient nous faire découvrir les parties inconnues de notre cerveau, et de notre conscience collective. Une vision de l'humanité différente, des théories scientifiques qui font froid dans le dos, la vie après la mort ... Bref, des questions un peu existentielles avec quelques portes qui s' ouvrent pour la réflexion personnelle ! 

 A cela s'ajoute un compte à rebours qui met en danger la vie d'un enfant et nous font basculer dans le monde de l'espionnage ! ... Un beau cocktail ! De quoi passer une nuit blanche, mais ... j'émets tout de même un petit hic ! car au delà de la sportivité et de la combativité de nos deux protagonistes, il serait bon de leur accorder un peu de repos ... Là, j'avoue qu'ils sont trop en "mode warrior" ! et ça finit par peser un peu sur la crédibilité de l'histoire. On sent le scénariste qui sait bien amusé, mais on finit quand même par se demander combien de temps va durer le chantage qui occasionne une surenchère de rebondissements ... C'est sans doute la seule chose qui me fait passer à coté du gros coup de coeur.

Le personnage fort de Sarah Geringën est attachant, elle se jette à corps perdu dans son travail, elle y trouve un palliatif à son existence un peu miséreuse à ce moment. Elle va tomber sur un "os" et un engrenage pervers. Aidé d'un journaliste atypique, lui aussi massacré par la vie, ils vont tout donner pour résoudre l'enquête et l'enlèvement ... un duo choc qui ne ménagent pas les émotions et qui s'activent les méninges...

Une grande maitrise du suspens qui rend ce livre passionnant. En toile de fond, il fait référence à l'histoire véridique du fameux projet MK ultra, secret et illégal, J'ai appris ainsi beaucoup de choses qui glacent le sang, notamment que de 1953 à 1973,
la CIA a consacré des sommes faramineuses à des expériences terribles, le plus souvent à l'insu des participants, visant à élaborer des méthodes permettant un contrôle mental total, en leur administrant des drogues, électrochocs, torture, privation de sommeil, comas artificiels, exposition à des messages répétitifs... Bref de quoi les rendre zinzins ... Il y a des articles intéressants sur le Web à ce sujet, je vous recommande d'y jeter un oeil si ça vous intéresse, c'est édifiant !

Je finirai cet avis en citant "Le cri" de Munch ! car on ne peut s'empêcher d'y faire allusion quand on lit le titre de ce roman et ce tableau aurait tout à fait pu servir de couverture à cette histoire diabolique, symbolisant l'homme moderne emporté par une crise d'angoisse .... A découvrir !

La suite est déjà sur la pile de livres à lire :