Présentation de l'éditeur ( fleuve noir) - Humoristique
Un jour, j'ai eu envie d'écrire une belle histoire : la nôtre !
C'est-à-dire celle de la France.
De l'écrire, non à la façon grave des manuels scolaires qui fait tarter les mômes, mais à ma manière. C'est exactement la même que celle des facultés, notez bien ; seulement la mienne se différencie des autres en cela qu'elle est pleine de rires et de culs. Ici, les rois ont un braquemart et les reines une chaglatte. Leur bon peuple également.
Et chacun de s'en servir à s'en faire éclater les amydales sud.
Béru est le fil conducteur de cette fresque farfelue.
Pourquoi ? Parce que, qu'on s'appelle Clovis ou Henri III, Louis XIV, Napoléon Ier ou Charles de Gaulle, nous sommes tous des Bérurier !
Et maintenant, en choeur : VIVE LA FRANCE !
A l’occasion d’une LC organisé par Tautiton, qui est très friand des aventures de Bérurier, sa contagion est parvenue jusqu'à moi ! Il m'a donné envie de m'y essayer, d'abord parce qu'il faut toujours vérifier ses propres "a priori" et parce que je garde un vague souvenir d'une tentative de lecture très jeune (je n'avais pas 12 ans ...), on m'avait arraché littéralement le livre des mains en prétextant que cette lecture n'était pas faite pour une jeune fille, je retournais donc à ma bibliothèque rose et verte, un peu frustrée... Il aura donc fallu attendre une quarantaine pour que je récidive ... Mieux vaut tard que jamais !
Le ton est particulier, et je me suis lancée le sourire aux lèvres dans ce récit, très drôle il est vrai, mais à petites doses car le ton salace est parfois un "peu lourd" comme je m'y attendais d'ailleurs. J'ai donc bien fait de tronçonner ma lecture et de lire ce livre sur plusieurs semaines. Il faut dire que l'histoire de France donne de la matière à Mr Dard, car les rapports de "force" sont souvent surpassés par les rapports "sexuels" dans la grande Histoire comme dans ce récit, et on peut dire que le doigt est mis dessus, un doigt un peu "vicelard" quand même ...
Alors que San Antonio est en proie à des considérations très terre à terre au début de ce roman, son camarade Bérurier lui rend visite, et tout démarre par la lecture d'un article dans le journal, on a retrouvé une fresque qui date un peu et qui relate certains faits d’armes de Vercingétorix, c’est alors que San Antonio commente et explique l’histoire, la vraie avec un grand H... On y découvre les événements majeurs qui couvrent la période allant de Vercingétorix à césar, en passant par la renaissance, par le siècle des lumières avec tous nos Louis, et pour finir avec la période contemporaine. Un vaste programme dont on ne verra que quelques dates, je vous rassure !
Le récit de fond n'a donc aucun intérêt dans ce type de livre, on suit Béru et San A. tantôt au commissariat, tantôt à un bal costumé, à un pique-nique ou à auditionner des petites frappes. C'est la vie au quotidien que l'on suit, mais dès qu'ils papotent, Béru tanne San A. pour en apprendre toujours plus sur l'histoire de France, ce qui lui permet de fignoler ses connaissances, assez sommaire, si l'on en croit les questions ou les remarques qu'ils posent parfois, à la limite de la niaiserie, mais qui permettent à notre narrateur de rebondir et d'enchainer...! Pauvre Béru, quelle plaie !
Voyez plutôt ...
« Q : QU'A FAIT LE MARQUIS DE LA FAYETTE ?
R : Il a travaillé pour la galerie. »
« Q : QU'ÉTAIT NAPOLÉON BONAPARTE AVANT LE COUP D'ÉTAT DU 18 BRUMAIRE ?
R : Il était corse. »
Bon reprenons ...
Les découpages des périodes "étudiées" finissent toujours par une mise en situation de Béru à l'époque choisie, avec un petit questionnaire qui récapitule quelques idées. Mélangeant la vie quotidienne moderne et les scènes purement historiques, on peut dire que l'auteur s'est fait plaisir en imaginant ce que l’histoire aurait oublié, il illustre un fait marquant en donnant une interprétation très aléatoire, originale et souvent paillarde.
J'avoue ne pas avoir été toujours réceptive à ce genre de grivoiseries ! Mais je reconnais que cet argot est plaisant à lire quant il n'est pas systématiquement associés à des histoires lubriques ! On notera aussi la modernité de ce roman qui avec ces 50 balais, reste très au fait, sans avoir pris beaucoup de rides ! Voilà mon pari est réussi en tous les cas !
EXTRAITS
Portrait de Bérurier ...
« Mon valeureux camarade Bérurier vient d'entrer. Ses joues rouges comme des pommes de Californie racontent des hectolitres de beaujolais. Il porte un complet prince-de-galles dans les vert sombre. Les poches du vêtement sont gonflées d'objets mystérieux et pesants. Bérurier ressemble à un gros âne bâté. Sa chemise rose s'orne de trous brunâtres produits par les cigarettes. Sa cravate bleu ciel sert d'écrin à un reliquat de jaune d'œuf. Il ne s'est pas rasé depuis l'avant-veille. C'est un exploit inexplicable que réussit Béru d'une façon permanente : on peut le voir quotidiennement, il est resté pas-rasé-de-deux-jours avec une constance qui tient du prodige. Son chapeau de feutre au bord large et gondolé lui compose une auréole couleur de margelle. Saint Béru ! Introuvable sur le calendrier, mais connu dans tous les bistrots de Paris ! « Je considère avec cordialité les cent dix kilos de brave homme proposés à mon amitié. Le haut du pantalon est dégrafé et il manque trois boutons à la chemise rose, si bien que le contemporain du Gros a une vue imprenable sur son nombril tourmenté, ombragé de poils vigoureux et duquel rayonnent quantité de cicatrices »
Extrait de: Frédéric Dard. « L'Histoire De France: Vue Par San-Antonio... Illustrations De Dubout. » iBooks. »
extrait ... sur Christophe Colomb
« Comme les navigateurs venaient de toucher la boussole, ils ont pris l'âme vadrouilleuse, c'était fatal. Le plus célèbre d'entre eux se nommait Christophe Colomb.
— Je te vois venir, assure Béru, futé.
— Avant lui, les gars s'imaginaient que la terre était plate et qu'il y avait un gouffre tout autour. Colomb, lui, se gaffait qu'elle était ronde et il a parié sa culotte qu'en filant plein ouest depuis les côtes espagnoles il finirait par arriver dans l'Inde !
— Et il l'a eu dans le dos ?
— L'Inde ? Oui, puisqu'elle se trouve à l'est. Mais c'est l'Amérique qu'il a trouvée.
— C'est comme aux Galeries Lafayette, estime madame le Connétable : vous entrez pour y acheter un slip et vous ressortez avec un chapeau.
— Votre exemple est savoureux, applaudis-je. Sur le moment, Colomb a cru qu'il venait de toucher l'Inde.
— Ben, mon Colomb, quel œuf ! gouaille Béru, bien persuadé que s'il s'était trouvé à la place de l'illustre navigateur il n'aurait jamais commis pareille méprise.
— Voilà pourquoi les Peaux-Rouges furent appelés Indiens.»
Extrait de: Frédéric Dard. « L'Histoire De France: Vue Par San-Antonio... Illustrations De Dubout. » iBooks.
extrait ... sur Anne d'Autriche et Louis XIII
« Or la gentille Anne d'Autriche se pointe. A l'arrivée, ça carburait : jolie bouille, le jeune roi. Belle prestance. La hanche fine, la jambe longue, la moustache déjà Louis XIII et l'élégance prometteuse. Et puis, la nuit arrive et qu'est-ce qui se passe ? Sa Majesté rentre dans sa chambre et se met au plumard toute seule ! Il faut que la mère Médicis (qui est italienne, donc qui aime l'amour) vienne tirer son chiare par les nougats pour l'expédier chez Annette. Et lui, il y va, l'oreille basse. Le reste aussi. Y a rien de plus déprimant pour un monsieur dont la virilité appartient à la famille des mollusques que de se farcir une nuit de noces. Surtout quand toute la France regarde, attend, retient son souffle. Il voudrait être ailleurs, le monsieur en question. Bien loin, dans ses pantoufles à ligoter son France-Soir, le grand orgasme du soir ! »
Extrait de: Frédéric Dard. « L'Histoire De France: Vue Par San-Antonio... Illustrations De Dubout. » iBooks.
« — Eh bien voilà, si tu dresses la liste des rois, tu t'aperçois que tous les Louis ont été gratifiés d'un qualificatif... ça démarre par Louis Ier le Débonnaire et Louis Il le Bègue, et ça se termine par Louis XII le Père du Peuple, Louis XIII le Juste, Louis XIV le Grand et Louis XV le Bien-Aimé en passant par Louis VI le Gros, Louis VII le Jeune ou Louis VIII le Lion. Or, Louis XVI n'est que Louis XVI. C'est, si j'ose dire, Louis XVI tout court ; on aurait pu l'appeler le Sectionné ou le Malchanceux ; mais non : on l'a laissé seul avec son fatidique numéro et sa tête sous le bras. »
Extrait de: Frédéric Dard. « L'Histoire De France: Vue Par San-Antonio... Illustrations De Dubout. » iBooks.