vendredi 29 avril 2016

Le talisman de Nergal Tome1 et 2 - Hervé gagnon

Présentation de l'éditeur ( edition France Loisir) - Jeunesse fantasy

VIe siècle avant notre ère. Manaïl, un jeune mendiant de 14 ans, est recueilli par un mage qui lui révèle son incroyable destinée : il est l'élu de la déesse Ishtar. Il doit voyager à travers le temps pour trouver les cinq fragments du talisman de Nergal et le détruire, afin d'empêcher que l'humanité soit réduite en esclavage.
De Babylone assiégée par les Perses aux croisades des Templiers, on dévore les deux premiers tomes de cette série qui mêle avec virtuosité Histoire et fantastique.





Ayant beaucoup apprécié Damné et Maléfica de cet auteur, il me tardait de lire autre chose de lui, hélas, sa bibliographie n'est pas aussi longue que je l'aurai voulu, et je décide de me plonger dans ses aventures plus jeunesse. Jai peur de trouver une écriture facile et des récits moins palpitant que les derniers lus.
Le verdict vient de tomber... en effet ! c 'est un peu trop jeunesse pour moi ! 

il y a une grande part d'originalité dans l'univers mis en place, il est assez copieux d'ailleurs, et on aimerait sans doute un peu plus d'informations sur les différents espaces parallèles qui animent ce récit, mais chaque chose en son temps me direz vous ? Et c'est vrai qu'on découvre tout au long de ces  deux premiers tomes des bribes d'informations et de légendes qui rendent ce monde attractif avec une note futuriste malgré l'ère ancienne à laquelle nous vivons ce récit, nous sommes au VIe siècle avant JC ! 

L'intrigue se développe donc assez rapidement, et notre jeune héros, "l'élu", part à la recherche des talismans de Nergal, je ne rentre pas trop dans le détail, car c'est le coeur même de l'histoire. Mais sachez que Manaïl a, à présent, la dangereuse et longue tâche de réunir ces artefatcs pour les détruire avant qu'une force maléfique puisse mettre la main dessus, et si l'on en croit la légende détruire le monde en l'asservissant ... Une quête qui elle manque un peu d'originalité, maintes fois vue, c'est un classique du genre fantasy, mais ce vaste sujet pose quand même les questions de bases pourquoi lui ? pourquoi maintenant  ? et comment ? On ne sait pas tout à la fin de ce second tome, mais connaissant un peu les écrits de l'auteur, je sais que la fin de cette saga  apportera toutes les réponses à ces multiples questions.
Ce qui m'a gêné le plus dans ce récit, ce sont deux choses, je ne sais pas si c'est à cause du côté jeunesse, mais tout m'a paru très téléphoné, et malgré quelques coups de théâtre comme Mr Gagnon sait les provoquer, je trouve que le personnage principal n'est pas assez réactif et se laisse mener par l'histoire avec trop de facilité, s'étonnant moyennement de tout ce qui lui arrive. Le tout s'enchaine même trop rapidement parfois, sans généré de suspens !
La deuxième chose, c'est  la tournure de l'histoire, il y a beaucoup de répétitions et dans les dialogues et dans les actions ! On avance toujours de la même façon dans la quête des objets qui restent assez basique. J'espère que les tomes suivants seront plus intense dans le style et le caractère des personnages. A côté de ça, l'écriture est soignée, documentée, et toujours aussi fluide et agréable à lire. 
Je conseillerai donc cette lecture plus à des adolescents qui y trouveront toutes les rouages de la fantasy, un excellent démarrage pour apprécier cet univers !

530 pages
10- L'Homme à la Lèvre Tordue :  le personnage principal a une déformation physique

mardi 26 avril 2016

Le printemps du Livre à Montaigu, un salon qui se bonifie chaque année !




D’année en année, la notoriété de ce petit salon est grandissante, et fait venir des auteurs passionnants,  connus et moins connus, il y a un bon mélange, 
 il est encore possible de déambuler sans être bousculer,
et de pouvoir parler longuement avec certains auteurs.
 

Mr Licorne et moi-même avons passé ce samedi après midi en compagnie de Mypianocanta, et ce fut une bonne journée ! Peu d’achats, mais de belles rencontres littéraires.

Deux marquantes pour moi, ce sera, Patrick Mc Spare qui est vraiment sympathique
et parle avec effervescence et amour de ses romans. 
On a envie de tout lui acheter, et du brun frisé fougueux, nous passons à Olivier Norek, auteur de policier, policier lui-même, charmant blond-blanc aux yeux d’acier, qui communique son énergie et son assurance, avec une grande gentillesse.

Mmes Plichota et Wolf, les mamans d'Oksa Pollock, sont également de belles personnes, elle nous ont donné leur recette pour écrire à deux et comment elles s'organisent, intéressant à souhait !
J'ai  pu voir également Bernard Minier, mais comme j'ai tous ces livres ... on attends le prochain !
J'ai croisé Mister Katz, tres souvent en balade sur les stands !
David S Khara était annoncé, pas vu !!!!
Ah si ! Jean Luc Bizien aussi était présent, un  grand monsieur dans le genre policier et thriller ..

 Bon bref ... un régal de petit salon convivial !

Une conférence passionnante sur Marie Thérése d'Autriche - roman de Mme Joelle Chevé et sur la peur au Moyen age, roman et beau livre de Samuel Sadaune à gauche.

Mr Bernard Werber au fond, et Mr Retailleau, 
Président du conseil régional des Pays de la Loire 
avec le gratin du coin ...  
  

Ah ! le souriant et sympathique Patrick Mc Spare ! 
Un plaisir de taper la causette avec ce monsieur qui nous 
donne des nouvelles de Mr Péru, et de ses amis de la fantasy ... 

Les héritiers de l'aube ! ma prochaine lecture fantasy !


Olivier Norek, qui a fait un tabac sur le salon ! 
Je suis aussi sous le charme, regardez cette gamine ! 
Il me tarde de lire son premier roman



Voilà, le panier est léger...mais consistant !




lundi 25 avril 2016

Epées et démons T.1 de Lankmar- le cycle des épées. - Fritz Leiber

Présentation de l'auteur ( Bragelonne) - Fantasy
Traduction :  Jean claude Mallé

Imaginez un monde antique et fabuleux, un monde de sortilèges et de joyaux, de crânes et d'épées affûtées. Au cœur de cet univers de légende : la cité de Lankhmar, dont les tours et les ruelles grouillent de brigands et de magiciens. C'est là que se sont rencontrés Fafhrd, de la Toundra de Glace, des terres hostiles perdues bien plus au nord que les Huit Cités et la chaîne des Pas du Troll, et le Souricier Gris, dont les yeux malicieux luisaient de magie et la silhouette évoquait les villes du Sud, les venelles obscures et les grands espaces brûlés de soleil. Alors que les deux hommes se défiaient du. regard dans une brume à peine percée par la lumière de torches distantes, ils eurent le sentiment diffus d'être les moitiés longtemps séparées d'un héros qui les dépasserait l'un et l'autre. Ils ne savaient pas encore que leur amitié serait plus longue que mille quêtes et cent vies d'aventure ! cette séerie se compose de 3 tomes.



Alors si j'ai bien compris les propos de ce maître de la fantasy, Mr Fritz Leiber,  Le cycle des épées est le travail de toute une vie, de toute sa vie, et si aujourd'hui, il  y a quelques renouvellements dans le genre, il semble qu'à l'époque et jusque dans les années 80, il imposa sa patte, son nom est recommandé et sonne fort pour les amateurs "d'héroïc fantasy". Je me devais donc de jeter un oeil sur ses écrits, et au détour de plusieurs envies, j'ai finalement décider de me plonger dans ces "longues nouvelles" qui forment un cycle très complet .... et je vais commencer ici à vous parler de la première histoire... "Epées et Démons", une belle entrée en matière qui a retenu toute mon attention, vite lu, j'ai trouvé beaucoup de modernité dans ce récit ....

Les premières pages sont à peine accrocheuses et on se demande un peu au début dans quel type d'histoire on s'aventure, on est perdu dans une histoire plutôt de coeur, et on attend... et puis passées quelques pages, on commence à rentrer dans l'aventure avec la véritable rencontre de Vlana et Fafhrd et celle du souricier et de sa compagne, l'équipe se forment et j'avoue que ce quatuor de voleurs m'étant au point un plan de "vol" (on ne parle pas d'avion là hein, bien sûr!) m'a tenu en haleine et m'a conservé l'oeil éveillé jusqu' à la fin de ce premier épisode...  

L'écriture est un peu particulière au début, mais j'ai beaucoup aimé les descriptions nombreuses, mais pas pesantes, qui nous plongent à la fois dans un monde magique et féroce. Les dialogues sont parfois assez drôles et modernes, l'univers lui-même est intéressant et promet de belles suites...

Lankhmar, la cité où vont se rencontrer nos héros, a la densité et la force d'un personnage à part entière, on y décrit ses atouts et ses dédales, et j'ai pensé tout de suite à la cité de Wastburg de Ferrand, pas aussi joliment décrite ici, mais avec les mêmes ambiances, tantôt glauque et sombre, tantôt joyeuse et chaleureuse. Dans cet univers dirigé par des guildes puissantes, celle des voleurs est la plus respectée et la plus imposante, elle sera au coeur de cette aventure grâce à laquelle nous allons vivre la naissance de l'amitié entre nos deux jeunes héros, deux charmantes canailles, le souricier gris, versé dans la magie et et Fafhrd, un garçon plein de maladresse, ces anti-héros sont très" humains", leur humour et leur faiblesse les rendent très attachants.

Le ton semble assez  léger et enjoué et cela masquera plus sourdement la montée en puissance de la magie et la fin surprenante de cette première nouvelle. Cette fin qui va permettre aux deux jeunes hommes, jusqu'ici  pleins de vie et de fougue, de continuer l'aventure mais liés à présent par une souffrance qui déclenchera chez eux un besoin de révolte et de liberté envers une guilde des voleurs aussi corrompue que puissante. Je ne peux pas trop en parler ... mais plus on avance, et plus, on a l'impression de vivre une farce qui prend une tournure tragique, voire sinistre et improbable, une farce ignoble qui en l'espace d'une nuit va les transformer en détruisant leur innocence et leur insouciance de vivre. Franchement, mon coeur s'est serré à la fin du récit... Mais m'a donné aussi une grande envie de les suivre dans la suite  ... Comme je ne veux pas dévoiler l'histoire, mes propos ont sûrement peu de sens, alors je vous invite a découvrir à votre tour, cette première aventure qui pose les bases de nos lectures actuelles en fantasy ...








222 pages

mardi 19 avril 2016

De force - Karine Giebel

Présentation de l'éditeur ( Belfond) - Thriller

« Le temps de l'impunité est révolu. Le temps des souffrances est venu. » Elle ne m'aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd'hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j'ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet. Car moi, j'ai voulu l'aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n'aime pas ainsi. Que m'a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c'est décidé. A part le livret de famille qui me rappelle que j'ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu. Lorsque j'arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d'entrer. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu'un tabouret au centre de la pièce. J'essuie mes larmes, je m'approche. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l'enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Ecrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n'a plus aucune limite. La haine. Voilà l'héritage qu'elle me laisse.


En ce moment,  j'enchaîne les" Giebel" et après "Satan est un ange", me voilà reconditionnée avec "De force". Quand on apprécie un auteur, on aime à retrouver sa patte, son style, il est là, incontestablement, plus dense et plus fourni que dans son dernier roman, qui m'avait laissé un goût de trop peu, dans tous les sens du terme. 
Le style incisif est donc retrouvé, je retrouve aussi sa délicatesse de chirurgien, elle nous dissèque un drôle de tableau familial où les secrets vont peu a peu éclater au grand jour et révéler encore des personnages au destin maudit ... 

Vous savez que je ne parlerai pas du récit à proprement dit, car chez cet auteur, le fil de l'histoire est un entrelacement de rebondissements, de fausses pistes et de surprises. Les forces du mal qu'elle se plait à nous traduire sous forme de récits humainement forts, sont sa marque de fabrique, et à ce titre, il ne faut rien dévoiler. La psychologie des personnages sera donc malmenée comme la nôtre, et tout doucement l'angoisse et le malaise vont prendre consistance, et elle nous fera vibrer tour à tour pour la pauvre Maud, une jeune et jolie fille riche... mais si mal dans sa peau, pour son père Armand, un chirurgien de renom ...mais avec un passé peu reluisant, une belle-mère jolie ... mais sarcastique ... bref, voyez une famille "parfaite" de l'extérieur ... mais qui va nous donner des sueurs froides, et plus on grattera le verni,  plus les désillusions s'enchaîneront ... Tout cela sous l'oeil étonné de Luc, un jeune garde du corps de fortune que le chirurgien a recruté pour apaiser les craintes de sa fille, traumatisée par une agression récente. 
C'est son agresseur qui va tout déclencher d'ailleurs car ce dernier va revenir hanter et détruire peu à peu cette famille, et malgré la présence de Luc, il ne cessera de les tourmenter rendant la cohabitation de ces 4 personnages encore plus étrange, l'auteur va nous conduire dans de drôles d'impasses, faites de mensonges et de cachotteries. La jalousie finira par faire de cette histoire, un huis-clos palpitant et tragique.

Je mettrai quelques bémols sur certaines situations, un peu téléphonées dans le sens où elle paraissent un peu faciles, mais on peut concevoir que dans cette ambiance un peu particulière la vengeance donne droit a beaucoup de prérogatives ... et heureusement, le suspens pallie à ces petites imperfections.

Ce roman est encore une belle réussite dans l'univers torturé et souvent malsain que Mme Giebel exploite à merveille, on y découvre encore une facette de l'espèce humaine peu reluisante ! L'auteur ne semble pas envisager beaucoup d'espoir pour l'extermination de nos travers ... son regard est impitoyable et acéré, elle  nous montre la réalité des choses sans l'enjoliver, mais simplement et avec application. Un miroir peut-être un peu sévère de notre société, mais en tous les cas, son écriture et sa détermination à nous l'évoquer sous cet angle, me pousse toujours et encore à lire ses romans !

528 p

mercredi 13 avril 2016

Miss peregrine et les enfants particuliers - Ransom Riggs

Présentation de l'éditeur ( bayard jeunesse) - jeunesse fantastique
Traduction : Sidonie Van den Dries

Jacob est un ado comme les autres, excepté qu'il se pose des questions sur son mystérieux grand-père. Quelles sont ces étranges photos d'enfants qu'il lui montrait quand il était petit ? Les histoires qu'il lui contait sur eux étaient-elles vraies? Et pourquoi disparaissait-il aussi souvent ?
Tout s'accélère le jour où il le retrouve blessé dans son jardin. Jacob a vu des monstres, il en est sûr, et personne ne veut le croire. Il ne lui reste qu'à suivre les dernières instructions qu'a murmuré son grand-père avant de rendre son dernier souffle...




Peu habituée à lire du jeunesse, je me rends compte au fur et à mesure de mes lectures, que j'y viens de plus en plus facilement car les sujets ne sont pas toujours si anodins que ça, certains même assez moralisateurs et d'autres témoignent d'un message authentique et historique qu'il est bon de faire passer.  C' est le cas avec ce roman, que je n'ai pas trouvé si "jeunesse" que ça, il est même assez dur et fort par certains aspects. Avant même d'ouvrir ce très beau livre-objet, je ne savais pas du tout à quelle sauce j'allais être happé...

Un bel univers qu'a su créer ce jeune auteur, marqué par un univers "burtonien", et d'autres influences sans doute, j'ai décelé des petits "déjà vu", mais l'ensemble reste cohérent, novateur, et fait travailler parfaitement notre imaginaire. (j'ai pensé au film de Spielberg, l'empire du soleil ... Ne me demandez pas pourquoi, peut-être que ceux qui ont lu le livre comprendront mon ressenti ...)

Jacob, jeune garçon, héros et narrateur de l'histoire nous amène progressivement dans l'univers de son grand-père qui lui raconte des histoires à tour de bras, mais voilà, ces histoires paraissent improbables et rocambolesques, elles mettent en scène des enfants aux dons fantastiques et  particuliers, à peine croyable et d'ailleurs, Jacob n'en croit pas un mot... et pourtant, le jour où Abe, le papi quitte ce monde, il laisse une lettre à son petit fils Jacob qui va semer le doute dans son esprit, et le jeune garçon mettra toute sa sensibilité et sa curiosité pour découvrir le fin mot de l'histoire ...

On part alors dans un tourbillon fantastique, dans une boucle du temps où on exploite l'espace d'une même journée, les horreurs de la dernière guerre, des images symboliques nous recentrent sur la persécution des juifs, l'enfermement, l'injustice, la différence et tout ça prend corps à travers les enfants, leurs dons, et leurs réactions  ... on ne s'ennuie pas. C'est un rappel de l'histoire triste et émouvant, et aussi une promesse d'espoir et d'amour à travers leur dépassement !  
Après une première partie assez banale, on appréciera de découvrir des enfants dans un monde paralléle, l'action s' instensifie, et contribue à nous surprendre.

Deux petites choses m'ont un peu gênées, d'une part, on se demande un peu toujours où on va dans l'histoire, l'auteur se laisse porter mais comment va-t-il va se sortir de certaines pirouettes ? (le vieillissement des enfants à l'extérieur de l'île par exemple...)  D'autre part, il y a les adultes qui ont un rôle assez ingrat, ils semblent un peu sans cervelle et limités dans leurs actions. Le père de Jacob en tout premier lieu, tout comme Miss pérégrine d'ailleurs ... Bref, ils ne semblent d'aucune utilité dans ce roman, seuls, les enfant sont à l'honneur  ... Pour finir, j'ajouterai que les photos donnent un peu de vie et d'étrangeté à la mise en page, elle parsèment le livre, mais n'apportent rien sur l'éclairage de l'histoire.

J'ai lu ce livre très rapidement et j'ai apprécié cette lecture dans son ensemble, beaucoup d'amalgames dans les messages qui traitent tous du même thème : de l'ouverture d'esprit à la tolérance, les messages sont passés, et on se demande à présent où va nous conduire l'auteur ... Je serai presque curieuse de lire la suite pour le savoir, je la tenterai donc à la prochaine occasion ...

432 pages
29- La Maison Vide : lire un livre dans lequel une demeure abandonnée est au centre de l'intrigue

mercredi 6 avril 2016

L'île des chasseurs d'oiseaux - T.1 saga de Lewis - Peter May

Présentation de l'éditeur ( Babel Noir) - Policier
Traduction : Jean-René Dastugue

Marqué par la perte récente de son fils unique, l’inspecteur Fin Macleod, déjà chargé d’élucider un assassinat commis à Edimbourg, est envoyé sur Lewis, son île natale, où il n’est pas retourné depuis dix-huit ans.
Un cadavre exécuté selon le même modus operandi que celui d’Edimbourg vient d’y être découvert. Sur cette île tempétueuse du nord de l’Ecosse, couverte de landes, où l’on se chauffe à la tourbe, pratique encore le sabbat chrétien et parle la langue gaélique, Fin est confronté à son enfance. La victime n’est autre qu’Ange, ennemi tyrannique de sa jeunesse. Marsaili, son premier amour, vit aujourd’hui avec Artair.
Alors que Fin poursuit son enquête, on prépare sur le port l’expédition rituelle qui, chaque année depuis des siècles, conduit une douzaine d’hommes sur An Sgeir, rocher inhospitalier à plusieurs heures de navigation, pour y tuer des oiseaux nicheurs. Lors de son dernier été sur l’île, Fin a participé à ce voyage initiatique, qui s’est dramatiquement terminé. Que s’est-il passé alors entre ces hommes ? quel est le secret qui pèse sur eux et resurgit aujourd’hui ? Sur fond de traditions ancestrales d’une cruauté absolue, Peter May nous plonge au cœur de l’histoire personnelle de son enquêteur Fin Macleod.
Fausses pistes, dialogues à double sens, scènes glaçantes : l’auteur tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.


Ah ! quel régal ce livre ! Je ne connaissais pas cet auteur, et j'ai eu peur dans un premier temps de m'ennuyer ferme, tout sonnait un peu tristounet il faut bien le dire, le site, le spitch, la couverture ... et bien pas du tout, aucun ennui à l'horizon, et bien au contraire, l'histoire est passionnante, mais pas comme un thriller à l'action débordante, non, cette histoire nous fait rentrer tout doucement dans un univers gris et plutôt déprimant, mais ce monde particulier à Peter May est presque magique,  je m'y suis sentie bien, j'ai dévoré cette histoire. 

Le point fort, c'est l'ambiance, l'atmosphère qui se dégage de ces paysages écossais est presque palpable, une beauté sauvage et sombre que l'écriture de May encense, et sans pour autant verser dans la description, on ressent tout de suite des sensations.
Dans ce décor prédisposé aux âmes mélancoliques ...et alcooliques, on trouve des personnages typés et typiques, des caractères bourrus et charismatiques, notre personnage principal est aussi teinté de chagrin, l'inspecteur Fin Mac Leod, semble un peu mis au placard, désoeuvré depuis la mort accidentel de son fils, il va accepter de revenir sur le lieu de sa naissance où un crime étrange vient d'être commis, celui-ci n'étant pas sans rappeller d'autres meurtres ayant eu lieu à Edimbourg, et sur lesquels il enquêtait.... y aurait-il un lien  entre ces crimes ? ...ça, je vous laisse le découvrir ...

Le deuxième point fort n'est pas l'enquête par elle-même, mais la force des traditions racontées, elles sont d'autant plus intéressantes qu'à travers elles, on y découvre l'enfance de notre héros Fin, un héros au passé sacrément émouvant et drôle parfois, on appréhende l'existence d'une communauté très réglementée et ancrée dans ses us et coutumes, les passages concernant la chasse aux fous de Bassan est édifiante, magnifique et terrible ... je vous en relate rapidement le cérémonial en fin de chronique.
L'histoire se construit comme un puzzle autour de cette coutume, les rancoeurs du passé s'exaltent, les petites vengeances et les secrets se révèlent, l'amnésie cache des cicatrices encore vives, une amnésie qui a aveuglée pendant des années notre héros, et en recouvrant la mémoire, tout s'explique et on déroule doucement le noeud de l'histoire ...
Une très belle découverte pour moi, transportée dans une région aride et torturée où une communauté fermée vacille entre l'emprise de l'alcool et la religion omniprésente. On fait une plongée dans les souvenirs de Fin, un inspecteur touchant qui sera aussi secoué que nous par les révélations et les souvenirs qui vont lui revenir comme un boomerang en pleine figure. Je me suis déjà procurée la suite qui comporte deux autres tomes, j'ai hâte de retrouver cette écriture poétique et dense qui relate avec simplicité et beauté des histoires policières écossaises, mystérieuses et envoûtantes. A découvrir !



Chasse aux fous de Bassan (wikipédia source)

Trop exiguë et stérile pour permettre la subsistance d'une population permanente à l'inverse de sa voisine North Rona, Sula Sgeir a toutefois joué un rôle important dans l'alimentation et l'économie de Lewis grâce à ses colonies d'oiseaux de mer. De la même manière que les habitants de Saint-Kilda se rendaient régulièrement sur le Stac Lee pour y prélever de jeunes fous de Bassan, des villageois de Ness effectuent chaque année, depuis des siècles, une expédition sur Sula Sgeir pour y chasser, plumer et saler des milliers de poussins de cette espèce.

Dès le XVIe siècle, cette chasse fait figure de tradition bien établie puisqu'elle est évoquée dans la Description des îles occidentales de l'Écosse appelées Hébrides de Donald Munro, « grand doyen des îles » qui a sillonné une grande partie des Hébrides durant l'année 1549. Les expéditions de chasse au fou de Bassan sur Sula Sgeir sont également décrites dans un récit de 1797, expliquant qu'« à Ness vit un groupe de personnes aventureuses qui, voici quelques années, au péril de leur existence, se rendaient là-bas dans une barque ouverte à six rames, et ce, sans même l'aide d'une boussole. » De telles expéditions requièrent un grand sens de navigateur, la traversée au milieu d'un océan Atlantique parfois fortement agité n'étant pas chose aisée.

Aujourd'hui encore, vers la fin de l'été, une équipe de dix villageois de Ness met le cap pour Sula Sgeir afin d'y capturer le quota autorisé de deux mille jeunes oiseaux. Ils s'installent pour deux semaines environ dans un campement sommaire fait de cabanes de pierre. Les oiseaux sont plumés et salés au fur et à mesure des prises et stockés en plein air, soigneusement disposés pour former un tas en forme de cône tronqué. À la fin du séjour, ils sont acheminés jusqu'au rivage par une sorte de toboggan improvisé, puis chargés dans des canots et stockés dans le bateau, ancré à proximité, qui ramènera à Lewis l'équipe de chasse et son butin. La demande est souvent si importante qu'un système de quotas doit être institué pour satisfaire, fût-ce partiellement, tous les amateurs de guga. La loi de 1954 sur la protection des oiseaux comporte une disposition spéciale qui autorise expressément la poursuite de ces campagnes de chasse traditionnelles des hommes de Ness sur Sula Sgeir, bien que des associations de protection des oiseaux aient tenté d'obtenir leur interdiction totale.

Le poussin du fou de Bassan, dénommé guga en anglais d'Écosse, constituait jadis un aliment recherché dans tout le Royaume d'Écosse. Au XVIe siècle, il était servi à la table des souverains écossais et les personnes riches en raffolaient comme « mise en bouche ». Aujourd'hui encore, les habitants de Ness considèrent la chair des jeunes fous de Bassan comme un mets des plus raffinés, encore que d'autres jugent que cette appréciation tient plutôt du conditionnement culturel.


L'avis de Tautiton avec qui j'ai encore eu un grand plaisir à partager cette lecture.
60 - L'Aventure de Shoscombe Old Place : lire un livre du genre « Policier »

432 pages