vendredi 27 janvier 2017

La grande muraille de Yimou Zhang - Cinéma et histoire


La grande muraille

Date de sortie 11janvier 2014 (1h 44min)
De Yimou Zhang
Avec Matt Damon, Jing Tian, Pedro Pascal ...
Genres Aventure, Historique, Fantastique
Nationalités Américain, Chinois

Entre le courage et l’effroi, l’humanité et la monstruosité, il existe une frontière qui ne doit en aucun cas céder. William Garin, un mercenaire emprisonné dans les geôles de la Grande Muraille de Chine, découvre la fonction secrète de la plus colossale des merveilles du monde. L’édifice tremble sous les attaques incessantes de créatures monstrueuses, dont l’acharnement n’a d’égal que leur soif d’anéantir l’espèce humaine dans sa totalité. Il rejoint alors ses geôliers, une faction d’élite de l’armée chinoise, dans un ultime affrontement pour la survie de l’humanité. C’est en combattant cette force incommensurable qu’il trouvera sa véritable vocation : l’héroïsme. 
 




Un film très divertissant qui allie histoire et fantasy avec un bon dosage, projetée dans le premier millénaire, on revient sur l’existence de la poudre noire découverte en Chine 200 av JC et transmise au monde arabo-perse vers le Xe siècle. C’est donc cet appât qui attire des lascars occidentaux et ils vont se retrouver en bien mauvaise posture... 
La poétique et la fantasy chinoise apparaissent à travers une légende qui prend vite le pas sur l’histoire avec le réveil de créatures monstrueuses et tueuses. La Chine sait nous conter des histoires fantastiques et légendaires, elle recèle de récits extraordinaires et c’est à cela que nous sommes conviés dans ce film, je ne vous cache pas que l’intrigue est cousue de fil blanc et vous n’aurez pas mal au crâne en sortant, mais on ne pourra que s'extasier devant la beauté des batailles, d'un côté, une armée chinoise aux costumes colorés et chatoyants, et des techniques de combat spectaculaires, et de l'autre des créatures impressionnantes, que j'aurai préféré un peu plus "dragonisantes" à l'image de la délicatesse de leur art, là, elles paraissent à mon goût trop évoluées en comparaison de l'époque et ne font pas très ancestrales mais plutôt futuristes  ...

On ne pourra s'empêcher de penser aux différentes batailles vues dans "le seigneur des anneaux", car ces chinois nous rappellent l'agilité des elfes,  et les bestioles,  la monstruosité des orcs ! et oui ! il est difficile de se détacher des grands classiques ... 

Un film assez décrié si j'en crois la presse, par un coût excessif et son choix d'un casting intégrant des "blancs" comme héros sauvant encore le monde ( d'après les chinois) ! bon je sors de cette polémique car mon seul plaisir est de voir un film, mais c'est vrai que le film donne la part belle à ces deux européens sans qui la Chine serait rayée de la carte ! On a du mal à sortir du règne des supers héros ! étonnant d'ailleurs, puisque le film est l'oeuvre d'un chinois ! ...

Pour conclure, Ce n'est pas le film du siècle, c'est certain, mais on passe un  bon  moment rendu agréable par les pointes d'humour entre les deux héros, et la beauté des armées chinoises, c'est un film très "visuel" !. Matt Damon, un excellent acteur que je n'avais pas encore vu avec les cheveux longs, s'accommode très bien de ce rôle d'aventurier ! On notera aussi beaucoup de respect entre Matt Damon et Jing Tian, sa partenaire qui vont vivre une romance platonique et impossible, les acteurs préservent bien le fait que les cultures sont différentes et font perdurer chacun leur tradition.  
Un des acteurs est aussi La grande Muraille de Chine, dont j'ai à peine parlé d'ailleurs, mais qui regorge de magnifiques gadgets et se trouve magnifiée dans ce film, cela m'a donné envie d'en savoir plus à son sujet, alors je vous invite à la lecture du petit Plus !


Vers 220 av. J.-C., Qin Shin Huang entreprit de réunir des tronçons de fortifications existants pour en faire un système défensif cohérent contre les invasions venues du nord : les armées mongoles et mandchoues. Poursuivis jusque sous les Ming (1368-1644), ces travaux ont produit le plus gigantesque ouvrage de génie militaire du monde. Son importance historique et stratégique n'a d'égale que sa valeur architecturale.
En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li »  le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois.
© Rubén Cabezas
Auteur : Rubén Cabezas

© Aneta Ribarska
Auteur : Aneta Ribarska

Grand ouvrage défensif militaire voulu par une succession d’empires chinois, la Grande Muraille fut construite en continu du IIIe siècle avant J.-C. au XVIIe siècle après J.-C. à la frontière nord du pays. Totalisant plus de 20 000 km de long, sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance. Elle commence à l’est à Shanhaiguan, dans la province du Hebei, et se termine à Jiayuguan, dans la province orientale du Gansu. Les méthodes de construction propres à des lieux et des époques différents ont été intégralement préservées, c'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.


La Grande Muraille reflète les conflits et les échanges entre les civilisations agricoles et nomades de la Chine antique. Elle témoigne physiquement, et de manière significative, de la stratégie politique à long terme et des impressionnantes forces militaires et défensives nationales, mais elle a aussi une signification symbolique incomparable dans l’histoire de la Chine. Son but était de protéger le pays des agressions extérieures, mais elle préserva aussi sa culture contre les mœurs des barbares étrangers. Compte tenu des souffrances qu’a impliquées sa construction, c’est un point de référence majeur pour la littérature chinoise et on la retrouve dans des œuvres telles que la Ballade du Soldat, de Tch’en Lin (environ 200 après J.-C.) ou les poèmes de Tu Fu (712-770) et les romans populaires de la période Ming.

Les diverses composantes de la Grande Muraille ont toutes été classées comme des sites protégés en priorité par l’Etat ou la province dans le cadre de la Loi de la République populaire de Chine sur la protection des reliques culturelles.
Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde

© UNESCO Centre du patrimoine mondial 1992-2017   

On prête à la Grande Muraille la réputation d'être le plus grand cimetière du monde. Environ 10 millions d'ouvriers sont morts pendant les travaux. Ils n'ont pas été enterrés dans la muraille elle-même (contrairement à ce qu'on raconte) mais dans ses environs immédiats.

Le 7 juillet 2007, la Muraille a été désignée comme l'une des Sept nouvelles merveilles du monde par un organisme non officiel et à caractère commercial (NewOpenWorld Foundation). Elle est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année ...

dans le film
La vraie ...

mercredi 18 janvier 2017

Ressentiments distingués - Christophe Carlier

Présentation de l'éditeur ( Phébus) - Histoires de vie, policier

Le microclimat de l’île : pluie et bourrasques. Ce qui n’empêche pas ses habitants d’avoir un bon fond, et d’accueillir le facteur avec un sourire, quel que soit son retard. Le pauvre homme souffre d’arthrose ; mais l’heure de la tournée n’intéresse pas grand monde. Nul n’envoie plus de lettres d’amour et les factures arrivent toujours trop tôt. Jusqu’à ce que des missives malveillantes atterrissent dans les boîtes aux lettres.
Un corbeau avive les susceptibilités, fait grincer les armoires où l’on cache les secrets. Serait-ce Tommy, le benêt ? La vaniteuse Marie-Odile ? Ou bien Adèle qui goûte tant les querelles ? Ou encore Emile, Laure, Marge ou Félicien ? Bien vite, les soupçons alimentent toutes les conversations. Sans que les bavards complices n’en retirent le plaisir d’être solidaires.

  Merci à Phébus et Babelio


Quel plaisir ce petit livre, à vrai dire je n’ai pas souvent l’occasion de lire ce genre de bouquin, très moderne dans sa conception et qui se lit facilement malgré la multitude de paragraphes et de chapitres.

D'un premier abord, l’histoire n’est pas particulièrement originale, « un corbeau sévit sur une île en envoyant des missives, et fait vivre le commérage et la zizanie dans un village...» Mais par un habile jeu de phrases, de stratagèmes littéraires et de mise en page, l’auteur pose seulement quelques jalons pour ne faire transpirer que des émotions, des sensations, aucune description ni pour les protagonistes, ni pour les lieux, on a seulement  des RESSENTIS, et avec cela, l’imagination fait tout le travail, l’ouvrage porte d’ailleurs bien son nom à cet égard. 

Une intrigue fignolée car avec si peu de matière, on a l’impression de voir vivre tout un village, de connaitre chaque habitant et de comprendre leur vie taciturne. Le traitement en paragraphe court apporte des points de vue rapides et précis sur les différents personnages, quelques traits physiques et psychologiques, on va à l’essentiel et ça suffit pour se faire une idée de l'intrigue et des acteurs en lice. Le rythme est soutenu en installant un suspens lourd et pesant … paradoxale comme situation, mais bien menée et allant toujours crescendo ! 

Le récit se découpe en trois parties assez inégales, nous suivons dans un premier temps le facteur qui livre ses cartons maudits, on voit peu à peu cette farce prendre racine et pervertir les habitants, les masques tombent et les secrets aussi, les faux semblants sont grattés, le verni parti, il reste l’indifférence et l’amertume de ces gens vivants reclus sur eux-mêmes. La solitude et la jalousie deviennent chez certains comme une seconde nature. Bien que les messages diffus soient peu mesquins, ils s’insinuent dans les univers quotidiens, et on s’aperçoit à quel point, les insulaires eux-même alimentent et donnent de la densité à cette farce, orchestrée par un corbeau qui ne pensait sûrement pas, au début, déclencher tant de rebondissements et de ressentiments  ….

Non.. non, je ne dirai rien sur l'identité du corbeau, mais la deuxième partie du livre est encore plus intéressante puisque nous voyons l'évolution de cette histoire à travers son regard, impitoyable et sans coeur, larguant sur l’île un parfum de rancune et de vérité,  un corbeau inattendu qui se prend au jeu et se laisse emporter par la rumeur…
La troisième partie très courte conclut l’affaire aussi crûment qu’il est possible, le destin est parfois espiègle et l'effet boule de neige tout aussi incroyable, tout cela tend vers une fin étonnante entrainant un sourire du bout des lèvres et une certaine pitié pour les travers de l'humanité !

Une écriture précise, des images qui frappent l’imagination et rend ce huis clos très abordable, une étude du comportement humain et des mentalités insulaires sûrement très proches de la réalité, on imagine très bien la vie du café "la marine" dont les habitués se regardent en chien de faïence, alimentant les ragots et suspectant le corbeau dans chaque regard croisé.  Un tableau virulent et acide dans un genre assez différent des policiers que je lis habituellement, mais cette prose a de quoi toucher les esprits ! elle est poétique et pourtant sans concession,  c'est une très bonne expérience que je vous invite à découvrir ! 



18- La Boîte en Carton : lire un livre dans lequel tout commence par une lettre/un colis

mercredi 11 janvier 2017

Snowblind - Christopher Golden

Présentation de l'éditeur ( Bragelonne- L'ombre ) - fantastique - horreur
Traduit par Benoît Domis

Au cours d'une terrible nuit d'hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D'une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d'une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l'immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l'existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.
Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu'irrationnelle à l'approche de l'hiver. C'est alors qu'une nouvelle tempête s'annonce, plus terrifiante encore que la précédente... car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour.



Voici un moment que je n’étais pas venue par ici, les fêtes imposent un rythme différent de lecture et j’ai vite perdu le fil du temps, mais jamais l’envie … Tout doucement me revoilà avec une nouvelle chronique qui par un bon suspens au départ m’a sorti de ma léthargie !

Une histoire accrocheuse à la base, elle nous projette dans une petite ville qui se prépare et s'organise en vue d'une terrible tempête de neige, le roman est de saison et je dois dire que j'ai ressenti ce froid tout au long de ma lecture, c'était déjà un bon point ! 
Relevant ma couverture jusqu'au menton, des frissons d'angoisse se sont rajoutés bientôt à la sensation de fraicheur, j'adore ! Cette tempête attise des peurs ancestrales, et on découvre qu'à chaque coin de la ville des personnes disparaissent ou meurent congelés en quelques minutes, une nuit tragique ...On ignore tout, certaines ne seront jamais retrouvés... mais ces victimes ont toutes tenté d'échapper à quelque chose, mais à quoi ! ... je vous laisse la surprise...

La première partie est dynamique et fait donc monter l'adrénaline car l'auteur ne dévoile pas les causes de cet effroi et nous laisse imaginer des tas de créatures horribles. Cette partie est très courte et nous laisse un peu sur notre faim, d'autant que la deuxième partie, démarre 12 ans après sans aucun enchainement et nous amène quasiment à la veille d'une nouvelle tempête ! Un peu facile et c'est là ou le bât blesse ! Non seulement, on a pas eu beaucoup d'explications en première partie sur les raisons et l'évolution de ces événements climatiques qui ont engendré des sortes de fantômes avides de tuer,  mais on sent que tout va recommencer, et tout ça est " quand même" très téléphoné ! On retrouve les mêmes personnages troublés à leur tour car ceux qu'ils ont perdus dans la tempête semblent être de retour et d'une bien étrange façon. Pourquoi et comment ? Je suis incapable de vous dire ce qu'il en est, ce qu'il leur est arrivé et ce qu'ils vont devenir ! 

Je n'ai pas trouvé de logique à tous ces événements, et la fin est tout aussi énigmatique... Il en résulte que pour l'intrigue,  je suis très frustrée par le manque de densité, de précisions et par l'angoisse qui monte et retombe un peu comme un soufflet, mais j'ai apprécié de partager la vie de certaines familles, l'auteur nous livre un semblant d'analyse psychologique quant à la perte d'êtres chers, il appréhende certains de nos comportements devant la mort ou devant des situations improbables. Finalement, L'écriture a été suffisamment prenante pour enflammer notre imagination, et faire passer beaucoup de sentiments ... avec très peu de choses. Ce livre ne restera pas gravé dans ma mémoire, ce fut une lecture rapide et rythmée qui, avec un petit côté déjà vu, reste agréable dans le genre. Il pourra contenter nombre de lecteurs avides de fantastique, avec des apparitions aussi poétiques que diaboliques ! A découvrir !