jeudi 28 janvier 2016

Royaume de Vent et de Colères - J.L Del Socorro

Présentation de l'éditeur - fantasy historique 
1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme. Les pions sont en place. Le mistral se lève. La pièce peut commencer.






Tout à fait le genre d'histoire qui peut me plaire, un fait historique agrémenté d'un soupçon de magie ou de fantastique ! Je me lance donc dans la lecture, et après avoir lu beaucoup de chroniques élogieuses, je pars sereinement dans cette lecture en espérant passer un bon moment.


Pour tout vous dire le début me plait bien ! L'aventure s'installe dans une auberge en 1596, en plein coeur de la cité phocéenne, le contexte historique est planté, et on trouve l'armée d'Henri IV, aux portes de la ville de Marseille qui lui résiste. A sa tête, le ligueur Charles de Casaulx, consul de la cité qui n'a pas vraiment confiance dans la récente conversion du roi huguenot ! On effleure un pan de l'histoire de France qui n'est pas très connue, et à ce titre, c'est très intéressant ! L'auteur a fourni un travail de recherche et cela se sent dans l'enchaînement des faits. 

Dans cette auberge, on va donc découvrir peu à peu tous les protagonistes liés à l'intrigue. Victoire, Axelle, Armand et son compagnon Roland, Gabriel, Gabin … des personnages assez charismatiques, qu'on apprend à connaître au fil des pages, les personnages féminins m'ont plu, elles sont mises à l'honneur, elles ont un passé fort et sont dotées d'une belle psychologie complexe et moderne à la fois.

La mise en bouche est donc plutôt bien tournée, on est ferré dans un premier temps, par des chapitres courts qui donnent la parole à chaque intervenant de façon personnelle. Cette première partie installe les personnages et nous dévoile sommairement le noeud de l'intrique.
 
…Ce qui m'a vraiment chagriné dans ce livre, c'est la suite car nous retrouvons dans une deuxième partie, les points de vue de chaque personnage mais à des dates et des lieux différents, comme pour rappeler leur passé et nous les faire arriver au jour J, c'est à dire au début du livre. Les personnages sont alternés à chaque chapitre, mais peut-on parler de chapitres lorsque cela concerne 2 ou 3 pages, ces cassures répétitives et cette chronologie déconcertante m'ont freinées et ne m'ont pas permis de m'attacher aux personnages et de prendre part à leur évolution, des flash-back intempestifs, dans lesquels je n'ai pas vu d'intérêt, sinon de m'éloigner d'une intrigue bien orchestrée au début… Voulant connaître le dénouement, j'ai donc avancé à tâtons sur la troisième partie, elle est mieux maitrisée pour moi, et m'a recentrée sur l'objet de toutes les attentions, mais l'auteur m'avait perdue trop longuement dans sa deuxième partie, et j'ai eu du mal à finir…

L'aspect historique est très largement abordé et pourtant j'aurai aimé un peu plus de développement sur certains aspects de l'intrigue, mais finalement c'est un très court roman où l'auteur a été à l'essentiel en nous présentant quelques tranches de vies reliées à un événement historique. La petite touche fantasy, elle, est très légère, voir discrète… au point que je me demande vraiment si l'on peut parler de fantasy ? Il y aurait eu sûrement à développer aussi de ce côté là !

Mr Del Sosorro aura pris soin de donner en fin de roman quelques explications à sa façon de procéder, il parle d'une approche très théâtrale pour ce récit, mais, malgré ma sensibilité à cet art, j'ai plutôt ressenti un aspect cinématographique à l'enchaînement des scènes. Moins touchée que d'autres, par les grâces et l'originalité de l'intrigue, j'ai trouvé son écriture très soignée et précise donnant beaucoup de vivacité au récit avec de bons dialogues. 
Sachant que c'est le premier roman de cet auteur, au demeurant très sympathique, puisque j'ai eu l'occasion de le rencontrer aux Utopiales, je guetterai la sortie de son prochain ouvrage car il y a, j'en suis certaine, de belles choses à venir chez cet auteur, dont la tête à l'air pleine de fabuleux projets... A suivre.




288p
Le Traité Naval : lire un livre dont l'intrigue est en partie politique

jeudi 21 janvier 2016

Terreur - Dan Simmons


Présentation de l'éditeur ( Pocket) - Horreur - fantastique - histoire
Traduction : Jean-Daniel Brèque

1845, Vétéran de l'exploration polaire, Sir John Franklin se déclare certain de percer le mystère du passage du Nord-Ouest. Mais l'équipée, mal préparée, tourne court; le Grand Nord referme ses glaces sur Erebus et Terror, les deux navires de la Marine royale anglaise commandés par Sir John. Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt-neuf hommes de l'expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques. L'équipage est, en outre, en butte aux assauts d'une sorte d'ours polaire à l'aspect prodigieux, qui transforme la vie à bord en cauchemar éveillé. Quel lien unit cette "chose des glaces" à Lady Silence, jeune Inuit à la langue coupée et passagère clandestine du Terror? Serait-il possible que l'étrange créature ait une influence sur les épouvantables conditions climatiques rencontrées par l'expédition? Le capitaine Crozier, promu commandant en chef dans des circonstances tragiques, parviendra-t-il à réprimer la mutinerie qui couve?


Je suis encore sous le charme de ce roman, waouh ! quelle aventure, j'ai dévoré ces 1000 pages en une bonne semaine ce qui est relativement vite pour moi ! Quelle claque ! ce roman historique est un vrai thriller, précis et fourmillant d'anecdotes sur la vie des marins au milieu du XIXe siècle, et si l'on a bien en mémoire que ce récit est tiré d'une histoire vraie et avérée par la découverte d'une des épaves en 2014, et bien tout cela fait plus que froid dans le dos ! 


Vous trouverez ci dessous quelques explications sur la véritable expédition, et là, je dis "Chapeau Mr Simmons" car à quelques détails près, l'histoire colle à la réalité. A l'époque, John Franklin a mis sur pied cette longue expédition afin de trouver un passage reliant l'océan pacifique à l'atlantique, de quoi prendre un raccourci phénoménal … Mais ce raccourci va leur prendre plus de 3 ans et toute leur énergie. A bord des deux bateaux savamment parés pour ce genre de voyage, les hommes de l' HMS Erébus et du HMS Terror, 130 âmes environ partent donc avec la hargne et le courage au coeur. Hélas, l'Angleterre ne reverra aucun de ses hommes, certains faits sont troublants sur leur disparition et de là, la légende et les mystères vont naître. L'auteur reprend à son compte cette expédition, il comble les moments d'incertitude et nous offre sa version de l'histoire, elle est fascinante et remplie de mystères et de légendes ! Elle explique beaucoup de faits comme la disparition de plusieurs gradés, morts subitement et de façon inexpliquée et dont on a retrouvé plus tard les tombes sur place. La maladie n'explique pas tout... et Dan Simmons avec un bestiaire étonnant simule des peurs ancestrales en nous livrant le fruit de son imagination.



Les expéditions polaires à cette époque demandent une grosse préparation, et à travers le récit pigmenté de fantastique, on imagine très bien la vie à bord … résister et survivre à des hivers polaires est compliqué. Les hommes d'équipage vont se retrouver plusieurs années bloqués dans une banquise persistante. Ils ont prévu des vivres, du chauffage, mais les conserves mal soudées se détériorent très vite, la famine et le scorbut vont bon train, le froid lui n'arrange rien, soustrayant quelques orteils et autres appendices, et les ténèbres du monde extérieur vont peu à peu saper le moral des troupes et les faire paniquer devant la situation …Ils espèrent toujours que l'Amirauté viendra à leur secours mais les désillusions s'installent, l'angoisse monte avec des tentatives de mutinerie et des débordements en tout genre…pas le temps de s'ennuyer...


Plus on progresse dans l'histoire et plus leur calvaire semble sans fin, les personnages récurrents sont attachants et leur psychologie fouillée, on appréciera les commentaires et les remarques du capitaine Crozier, le dévouement de l'enseigne Irving. Simmons accentue leur épuisement par des descriptions percutantes et pleine de réalisme. Certains chapitres sous forme de journal m'ont beaucoup touchés, notamment les écrits du chirurgien Goodsir, qui avec un oeil plus extérieur, nous brosse un tableau sans concession, des descriptions précises et des sentiments forts, le personnage est bouleversant, se posant les bonnes questions et ne se faisant pas d'illusion. Et, comme l'homme est aussi un dangereux prédateur quand il sent la fin proche, on aura aussi une palette de détraqués et d'hommes indignes qui finiront par semer la peur et la mort au coeur même des effectifs, je vous laisse juger de la cruauté de certains ..



La question reste sur le bout des lèvres pendant toute la lecture, vont-ils s'en sortir ? et même si on finit par deviner le dénouement inexorable, il reste beaucoup de surprises jusqu'à la fin ! une fin que j'ai beaucoup aimé personnellement, et qui nous rapelle que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, aussi improbable que celui puisse paraître parfois.


L'atmosphère est très bien rendue, au point qu'il faut faire des efforts pour se sortir de cette histoire, l'écriture est nerveuse, précise, fluide et nous entraîne avec ces hommes, engourdis de froids et de douleurs…Ce récit d'aventures humaines, palpitant et tragique, m'a tenu scotché du début à la fin. Un univers bien campé, un gros travail de recherche sur cet événement et en même temps une belle place à l'imaginaire et aux légendes. Alors mettez vos gants, votre chapeau et votre manteau le plus chaud car lorsque vous serez partis sur les traces de ces explorateurs, vous commencerez à sentir le froid glacial s'insinuer en vous… J'en frissonne encore rien que d'y penser …



L’expédition Franklin est une expédition maritime et polaire britannique qui avait pour but de réussir la première traversée du passage du Nord-Ouest et l'exploration de l'Arctique. Commandée par le capitaine John Franklin, elle quitte l'Angleterre en 1845 sur les bombardes HMS Erebus et HMS Terror, traverse l'Atlantique, remonte la mer de Baffin (entre le Groenland et la terre de Baffin), s'engage de le détroit de Lancaster avant de disparaître.

Franklin est un officier de la Royal Navy et un explorateur reconnu, ayant participé à trois expéditions en Arctique dont l'expédition Coppermine. À 59 ans, cette expédition doit être sa dernière, mais l'ensemble de l'expédition, Franklin et ses 128 hommes, meurent après que leurs navires se sont bloqués dans les glaces dans le détroit de Victoria, près de l'Île du Roi-Guillaume dans l'archipel arctique canadien.

Notamment pressé par Jane Griffin, l'épouse de Franklin, l'Amirauté britannique lance une campagne de recherche de l'expédition disparue. Motivées en partie par la renommée de Franklin, en partie par une récompense de l'Amirauté, de nombreuses expéditions ultérieures rejoignent les recherches. Plusieurs de ces navires convergent au large de la côte est de l'île Beechey, où les premiers vestiges de l'expédition sont trouvés, y compris les tombes de trois membres de l'équipage. Les explorateurs John Rae puis Francis Leopold McClintock, l'un en acquérant des objets et des témoignages sur Franklin en provenance des Inuits, l'autre en découvrant dans un cairn une note sur le sort de l'expédition, fournissent un faisceau d'indices expliquant la perte de l'expédition.

Dans les années 1980, une équipe de scientifiques dirigée par Owen Beattie, un professeur d'anthropologie à l'Université de l'Alberta, commence une série d'études scientifiques des tombes, des organes et d'autres preuves matérielles laissées par les membres de l'équipage de Franklin sur l'île Beechey et l'île du Roi-Guillaume. Avec l'avancée de la science, ils en concluent que les membres de l'équipage dont les tombes sont retrouvées sur l'île Beechey sont probablement morts de pneumonie, de la tuberculose et que cela a peut-être été aggravé par une intoxication par le plomb de boîtes de conserve mal soudées. Des marques sur les os portent des traces de cannibalisme. Finalement, la combinaison de ces études a suggéré que le froid, la famine, l'empoisonnement par le plomb et les maladies, y compris le scorbut, ont décimé l'expédition. En 2014, une campagne de recherche canadienne permit de retrouver l'épave d'un des navires, principalement grâce à la tradition orale inuit. (source wikipédia)

Document sur la découverte de l'épave :

-http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20140910.OBS8692/170-ans-apres-l-epave-de-l-expedition-franklin-refait-surface.html

-http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/09/10/une-epave-de-l-expedition-franklin-retrouvee-dans-l-arctique_4484764_3222.html





1056 pages

Le Gloria Scott : lire un livre se déroulant en partie sur un bateau

jeudi 14 janvier 2016

Wika - Olivier Ledroit et Thomas Day

WIKA - 1. Wika et la fureur d'Obéron (BD)
de Olivier Ledroit et Thomas Day

Il était une fois, au royaume des elfes, un prince au coeur brisé. Parce qu'il n'a pas supporté le mariage de Titania, l'amour de sa vie, avec le duc Claymore Grimm, le prince Obéron a lancé ses troupes à l'assaut de Castelgrimm, tué le duc et détruit la fée majeure qu'il avait tant chérie.
Sous la protection du maître d'armes Haggis Cornelly, la petite Wika Grimm a échappé au massacre des siens.
Privé de ses ailes pour passer inaperçu, le bébé inoffensif va grandir à l'abri. Mais même mutilée, une fée reste une fée : ses pouvoirs ne peuvent que la submerger
Qui sera la plus puissante ? La fureur d'Obéron ou la colère de Wika ?



Un coup de coeur pour cette très belle BD qui devrait se composer de 4 tomes d'après les informations glanées chez Glénat ! Une couverture colorée qui attire immanquablement le regard, achetée aux dernières Utopiales de Nantes 2015, j'ai pu y apprécier toute une exposition consacrée à l'univers de cette série, un bijou de luminosité, de couleurs et de beauté architecturale. 
J'avoue que les dessins magnifiques en grande planche sur les murs m'ont fait rêvé, un style coloré et très chargé dans lequel le regard se perd pour découvrir pleins de détails et de superbes entrelacs. La fantasy est à l'honneur avec une pointe de steampunk, dans les décors, les costumes. Les ambiances sont soignées et l'atmosphère qui se dégage nous immerge tout de suite dans cette histoire magique. Les illustrations et les textures sont superbement bien rendues et accompagne un texte clair et des dialogues adaptés à chaque personnage, mention spéciale au dessinateur et au coloriste ! 

Alors ici, il faut aimer le style chargé, voir rococo ! avec des détails à profusion … Personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir dans ces grandes planches harmonieusement colorées avec des cases asymétriques qui ne respectent pas un cheminement classique, il faut donc se balader dans les bulles de page en page … et découvrir l'histoire de Wika Grimm, ce joli bébé vit dans un univers "féerique" aux côtés de ses parents, car il est bien question de fées et de fantasy dans sa version la plus simple et la plus lumineuse, les jours heureux de cette petite rouquine vont vite se transformer en destin tragique, car Obéron, l'ancien amant de sa mère, éconduit, veut réduire en bouillie son ancienne maîtresse et sa progéniture, il y arrivera en partie… 

L'histoire est donc assez classique, on devine la vengeance de l'enfant sortie indemne de cette triste aventure, on l'a retrouve des années plus tard, et sa nouvelle vie peu enviable, elle découvre l'amour, mais aussi sa vraie nature, une force qu'elle va devoir apprendre à maitriser car "elle est une fée", ne l'oublions pas …
Pour le reste de l'histoire, vous devrez déambuler et vous perdre dans ces magnifiques planches et avancer sur les pas de Wika. Ce tome d'introduction laisse présager une suite intéressante, beaucoup de questions sont posées et se posent ... Mais d'ores et déjà,  je suis conquise par la grâce de ces dessins et par le charme de Wika, une héroïne attachante, ainsi que son entourage. J'ai hâte de me replonger dans ce monde magique, et de rêver à l'existence des fées ! beaucoup de trouvailles comme des tatouages qui évoluent tout au long de l'histoire, une vraie merveille ! ou encore des légendes concernant les fées tout à fait originales ! Bref … Jetez-y un oeil … mais attention, l'envoûtement commence dès  la premier page !


 

 

vendredi 8 janvier 2016

Bird Box - Josh Malerman


Présenation de l'éditeur ( Le livre de poche) - Horreur - SF
Traduction :  Sébastien Guillot

Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. S’ils ôtent leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe. Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme. Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l’autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd’hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout.


Lisant beaucoup de thrillers, je recherche souvent la perle rare qui saura me donner sueurs froides et mains moites avec une histoire finement orchestrée !
Et bien en voilà une qui va rester gravée un moment ! L'auteur nous laisse envisager une belle carrière, et il a mis la barre très haute pour son premier ouvrage post-apocalyptique ! Un nom à retenir ! 

Aussitôt commencé, il est très compliqué de lâcher le livre, l'histoire est hypnotique avec un suspens à couper au couteau. Beaucoup d'originalité dans ce roman qui suggère plus qu'il n'explique ou ne décrit. C'est la grande force de l'écriture de Malerman qui nous manipule parfaitement en ne nous laissant ressentir que les émotions fortes : peur et angoisse. 

Voir ou mourir, en gros c'est le cruel dilemme que l'auteur a orchestré dans ce petit condensé où les pires scénarios arrivent.. Etre privé de la vue, qui est un de nos sens les plus utilisés et les plus nécessaires à notre vie quotidienne, est une angoisse indescriptible pour les voyants, jouer sur ce facteur marche à tous les coups, c'est une corde sensible qui ne pouvait que nous faire chavirer dans le cauchemar, et c'est chose faite dès le début ! 

La narration est bien menée, l'auteur est à la fois spectateur et s'immisce dans la peau des personnages en narrant leur perception des choses à travers l'énorme handicap, de vivre les yeux bandés pour échapper à une mort certaine. Cette idée de la mort inacceptable et inconcevable nous tient en haleine, elle n'a pas de visage, pas de noms, on ne sait pas ce qui l'anime …
Les questions de nos locataires qui survivent en autarcie, enfermés entre 4 murs, sont légitimes, et nous avons les mêmes interrogations, nous sommes aussi inquiets pour leur avenir, leur survie, les pires doutes s'installent, surtout quand on ne comprend pas ce qui arrive, dans ce cadre, ils ne voient pas d'échappatoire non plus, une descente vers l'enfer qui révèle les caractères de chacun et rend les choses invivables… ils ne comptent plus le nombre de fois ou ils auraient voulu enlever leur bandeau et voir… Mais, pour ceux qui n'ont pas résisté… le sort a été cruel ! … Je vous préviens les neurones et l'imagination fonctionnent à 100 à l'heure ! 

Je ne vous dirai rien d'autre sur cette histoire, dont le premier chapitre démarre quasiment à la fin de l'aventure… L'auteur au moyen de flash-back, remonte le récit jusqu'au début (4 ans plus tôt) en alternant des scènes passées et présentes, c'est très judicieux dans ce contexte, cela entretient un suspens encore plus frustrant, et on ne cesse d'avancer à toute vitesse pour atteindre le chapitre suivant et le fin mot de cette histoire…. 

Le véritable point fort, c'est l'ambiance suggérée et oppressante qui est le pilier du roman, et nous fait supporter le manque d'images. La force et la suggestion de l'écriture nous amène à inventer nous-même les décors et les paysages, c'est intelligent et chacun aura son idée très personnelle de l'environnement. Au final, vous serez surpris de n'avoir pas appris grand chose sur l'intrigue même de l'histoire, mais vous serez sans doute, déboussolée d'avoir vécue une incroyable aventure humaine au delà des limites de l'horreur, car le sujet c'est bien ça, il nous ramène devant nos propres peurs et réactions, piégés comme de petits oiseaux dans une cage …





373 pages
Le Pensionnaire en Traitement : lire un livre
dans lequel les personnages vivent en colocation

lundi 4 janvier 2016

La maîtresse de guerre - Gabriel Katz


Présentation de l'éditeur ( Scrineo) - Fantasy

Dans le même univers que celui du Puits des mémoires, Kaelyn, fille d’un maître d’armes, rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres filles de son âge rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter. Elle s’engage donc dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…



Après la trilogie du puits des mémoires, j'attendais beaucoup de Mr Katz, très bon conteur qui sait bien marqué de suspens et d'aventure, ses écrits. 

J'avoue que la maitresse de guerre est un roman qui se lit très bien, mais ne demande pas un grand investissement personnel, l'histoire est à mon goût trop classique dans son évolution, et manque de profondeur, on survole des aspects intéressants, et certains autres sont très prévisibles … Je vois qu'il est classé" en jeunesse, j'en suis surprise… mais ceci explique peut-être cela ! 

Ce livre comporte un bel aspect "aventure", et on est emporté dans un monde de type "médiéval - oriental" que l'auteur situe quelque part dans le sultanat d'Azman, la capitale est Damnas, et elle rappelle l'orient à bien des égards, un monde imaginaire où la fantasy reste assez absente, on y parle de poisons, de nécromancie, mais la magie n'a pas vraiment sa place dans ce monde de brutes épaisses ou la valeur de l'homme se mesure plutôt à sa capacité à combattre. 

C'est donc une histoire de sentiment sur fond de guerre. Nous allons y trouver beaucoup de combats,  ainsi que des duels, très bien orchestrés et mis en scène, leur réalisme est renforcé par le style vif de l'auteur, la lecture est assez percutante et les dialogues très incisifs, mais il m'a déstabilisé plus d'une fois, en incluant du vocabulaire très actuel à des scènes plutôt "antiques", personnellement, je n'adhère pas tellement, cela me sort un peu trop du contexte. 

Ici, nous avons donc un contre emploi total, après les 3 hommes du puits des mémoires, il exploite la vision féminine d'une guerrière, l'auteur parle au nom de l'héroïne, il le fait très bien, accentuant parfois son côté midinette ou son côté félin, connaissant l'auteur, il a du beaucoup s'amuser à penser comme une " fille"! 
L'héroïne est une jeune femme fière, Kaelyn, elle a beaucoup d'atouts, elle est rousse, belle, tenace et courageuse et n'a de cesse de trouver grâce aux yeux de son maître et amant Hadrien Khan, c'est là que la fragilité de l'histoire commence, avec cette romance impossible entre ces deux êtres. Elévée pour se battre, elle ne rêve que de combats, Hadrien, son maître au début du roman, devient vite son amant et son mentor, leur passion soudaine va déclencher les foudres de la femme d'Hadrien, et leur vie va basculer … 

Mais au delà de la guerre et des complots de l'histoire, ce sont les rapports entre ces deux personnages qui retiennent l'attention, des rapports un peu sadiques, un peu masochistes… Hadrien, maître de guerre est très versatile et ne semble ému que par la force de Kaelyn et ses feintes au combat, joue-t-il aussi avec elle le jeu de la stratégie, du chat et de la souris ? Le bonhomme est un peu spécial, il a une part de mystère qui le rend charismatique et calculateur, mais on n'en saura jamais beaucoup sur lui et Kaelyn aussi ne sait jamais sur quel pied danser, mais une chose est sûre, elle "bave" dès qu'il approche ! Cet aspect superficiel du personnage masculin va finir par le rendre irritant, tout comme la jeune fille qui manque un peu de conviction et se laisse souvent mener par le bout du nez …. 

Les personnages sont assez caricaturaux dans l'ensemble, et si les femmes sont à l'honneur, elles n'ont pas les plus beaux rôles, jalouses, tueuses, entremetteuses, manipulatrices … Mais cela n'est pas pour me déplaire, et puis on est assez content de voir une femme battre à plate couture des grosses brutes grâce à la ruse et à la réflexion… C'est un peu jouissif quelque part ! 

Voilà, un bon petit roman au final qui se laisse lire agréablement et ne vous pendra pas la tête, romance et duels au programme, les grosses ficelles sont là, mais l'auteur nous emporte avec son style fluide, simple qui détend et nous fait voyager habilement.




416 pages
La Ligue des Rouquins : lire un livre
dans lequel un personnage est roux.x