jeudi 29 octobre 2015

Le nom du vent - Patrick Rothfuss

Présentation de l'éditeur ( Bragelonne) - Fantasy

J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de Trebon. J'ai suivi les pistes au clair de lune que personne n'ose évoquer durant le jour. J'ai conversé avec les dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.
J'ai été exclu de l'Université à un âge où l'on est encore trop jeune pour y entrer. J'y étais allé pour apprendre la magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du vent.
Mon nom est Kvothe. Vous avez dû entendre parler de moi.
Un homme prêt à mourir raconte sa propre vie, celle du plus grand magicien de tous les temps. Son enfance, dans une troupe de comédiens ambulants, ses années de misère dans une ville rongée par le crime, avant son entrée, à force de courage et d'audace, dans une prestigieuse école de magie où l'attendent de terribles dangers et de fabuleux secrets... Découvrez l'extraordinaire destin de Kvothe : magicien de génie, voleur accompli, musicien d'exception... infâme assassin. Découvrez la vérité qui a créé la légende.





Il y a un moment où il faut passer à l'action, alors à force d'entendre de-ci, de-là de bonnes critiques sur ce livre, je me le procure ... et MarieJuliet finit de me donner l'occasion de le lire grâce au dernier LDPA en cours. Au moment où je commence ma lecture, quelques copinautes me susurrent à l'oreille, que ce n'est pas si fabuleux que ça ... cette histoire, beaucoup de longueurs ... Arrrh ! le doute me prend mais c'est décidé, je vais me coltiner ces 800 pages sans broncher... On verra bien !

Le constat est clair, j'ai adoré l'écriture de cet auteur, un gros point fort de ce livre, j'ai décollé sur certains passages, emportée par l'émotion, par les descriptions, les sentiments, mais je dois dire que cela m'a paru assez inégal sur l'ensemble du livre, car parfois j'ai senti poindre l'ennui ... Des longueurs, c'est vrai, il y en a quelques-unes, car on trouve souvent des histoires dans l'histoire et parfois on ne s'est plus très bien à quel niveau, on est ... surtout au début de sa biographie ! L'auteur semble avoir besoin de démontrer ses dires, et nous avons beaucoup de démonstrations et d'explications qui densifient le récit ... et malgré ça, j'ai continué, enchantée par certains passages et survolant certains autres, j'étais curieuse de connaître la vie de Kvothe.

Un début exaltant, en effet, j'aime beaucoup l'ambiance des auberges à l'allure médiévale, et l'épisode qui ouvre le roman avec la soirée et le récit de l'attaque d'une créature du genre "arachnide" apporte son lot de suspens et de mystères, j'avais envie d'avancer plus vite dans la trame. Une entrée en matière savoureuse qui nous permet de nous interroger sur cet aubergiste un peu froid, et de commencer à nous attacher à cet homme sombre que l'on sent mélancolique d'un passé prestigieux. Il semble désenchanté et triste de sa vie derrière son comptoir, secondé par Bast, un personnage qui s'avère aussi sympathique qu'étrange…

L'histoire commence vraiment lorsque Kvothe sauve un jeune chroniqueur, scribe et biographe, des griffes des fameuses araignées tueuses. Ce dernier se doute très vite que cet aubergiste n'est pas celui que tout le monde croit …Ce n'est pas un homme ordinaire et sous Kote, se cache Kvothe, qui dévoile vite un étrange passé à notre chroniqueur ... Ce récit prend le ton de la biographie, et c'est à partir de ce moment que j'ai trouvé l'avancée un peu longue, tous les moments de la vie de Kothe vont se succéder assez linéairement et chronologiquement. Certains passages sont vraiment prenants comme le premier cours qu'il donne à l'université sous l'oeil furibond d'un ses professeurs par exemple, mais d'autres semblent plus anodins et ont manqué de tempo et d'énergie à mon goût, ingrédient nécessaire au récit raconté ….

L'étude des personnalités prend le pas sur l'action, la magie et la fantasy, on découvre la vie de Kvothe, comédien, arcaniste, musicien légendaire, qui n'a pas de cesse de découvrir qui sont les chandrians, ces êtres mystérieux qui le fascine … et pour le reste, je vous laisse découvrir …. Mais sachez que le récit de sa vie nous entraine dans ses pensées, et la psychologie des personnages reste la préoccupation de l'auteur tout au long de livre. Cette quête initiatique qui nous amène à penser que cet homme peut sauver le monde, déstabilise parfois, propulsé entre la vie "d'Oliver Twist" et "les déboires d'un lycéen", il semble être le héros d'un conte moderne, et cela est parfaitement crédible. Mais à côté de ça, j'ai été un peu déçue de découvrir que le "sympathisme" reste une magie simple, et malgré une université conséquente, on manque d'explication de façon générale sur les arts et la magie, la narration se focalisant sur la vie quotidienne de Kvothe … mais il s'agit du premier tome, alors … nous attendrons un peu pour "le nom du vent" ...

L'univers est travaillé également, mais change un peu des atmosphères fantaisistes habituelles, on ressent bien le poids du médiéval, beaucoup moins celui de la fantasy traditionnelle, l'apprentissage de la connaissance est plus importante que l'art de la guerre. Cela donne une fantasy plus "intellectuelle" et je ne suis pas sûre d'avoir vraiment aimé, disons qu'elle m'a fait moins rêver ...

La part belle est faite à la musique, de très beaux passages évoquent cet art, c'est à souligner. On pourra parler également de la très belle couverture de Marc Simonetti, qui a tout de même une tendance "récidiviste" à nous présenter les héros de ces romans, de dos, tourné vers des paysages aériens, lointains et magnifiques ! Mais elles n'en restent pas moins superbes !

Voilà, ne sachant pas à quoi m'attendre, j'étais plutôt partie dans la lecture d'une aventure plus guerrière qu'autobiographique, ll n'est question d'aucune bataille épique, l'atmosphère est feutrée, et la concentration que demande cette lecture est importante, ne serait-ce que pour essayer de ne pas passer à côté des expériences et des messages qui façonnent la vie du héros… Messages qui sont sûrement des clefs pour les prochains tomes. J'ai peur de ne pas avoir été assez attentive, mais la curiosité l'emportera, et grâce au talent de conteur de l'auteur, je lirai sans doute la suite, il reste beaucoup de questions... et j'aimerai savoir ce qu'a fait cet homme, pourquoi il en est arrivé là … et surtout ce qui lui donne un rôle à part dans le monde de la fantasy actuelle.  A découvrir !



 

lundi 19 octobre 2015

Le manuscrit Robinson de Laurent Whale

Présentation de l'éditeur (édition Critic)  - Thriller

« 745 encoches. Une pour chaque jour exactement, depuis qu’il avait été abandonné sur ce caillou maudit. »

1520. Tenochtitlan, Mexique.
Des fleuves de sang inondent les rues. Pas un Aztèque n’en réchappera, civil ou guerrier, prêtre, femme ou enfant. Les hommes bardés de fer sont venus pour l’or et la gloire. Ils ont fait parler le tonnerre. La mort est leur alliée.

1706. Archipel Juan Fernandes, Chili.
Du haut de son promontoire, Alexander Selkirk voit sombrer un navire, victime des bordées de boulets espagnols. La solitude se referme sur lui, une fois de plus.

De nos jours. À la bibliothèque du Congrès, un manuscrit inconnu fait surface après plus de deux siècles. Daniel Defoe aurait-il manipulé l’Histoire en rédigeant son fameux Robinson Crusoé ? Que voulait-il dissimuler à ses contemporains ?
Autant de questions auxquelles devront répondre Dick Benton et les Rats de poussière, tandis que dans l’ombre, des forces manigancent et qu’un tueur impitoyable se lance à leurs trousses.

Merci à BABELIO et  à CRITIC  pour cet excellent livre que j'ai dévoré ...

On est dans l'aventure, la vraie, celle qui nous émotionne, qui nous tient en haleine, qui fait battre le coeur ... Bref, ce fut un beau voyage au pays de Robinson, et je n'en attendais pas moins de Mr Whale, que j'affectionne particulièrement ... Le personnage est simple et pourtant charismatique, sympathique à souhait, et il écrit carrément bien.

Déjà exaltée par la lecture des " pilleurs d'âmes" qui est de la SF et dont j'avais beaucoup aimé l'originalité, pas évidente dans le monde des pirates, je me demandais ce que me réserverait celui-ci, je ne fus pas déçue, et je dois dire qu'ici l'aventure continue, moins complexe, l'histoire est plus moderne, mais tout aussi alléchante  par le mystère qu'elle dégage dans les premiers chapitres.

J'attaque ce livre en sachant qu'il est le deuxième d'une série " les rats de poussière", cela ne m'a pas gêné, mais bien entendu le premier : GOOD BYE BILLY est en haut de ma pile à lire, et celui ci est dédicacé par notre ami Laurent !
...bon, j'arrête ma frime ...

Donc l'équipe est d'une constitution un peu hétéroclite, une "as" de l'informatique, un archiviste passionné d'histoire, une punkette douée en généalogie, bref ... chaque membre apporte sa collaboration à Richard Benton, le chef des rats ! Drôle d'équipe assez complémentaire finalement qui va s'embarquer pour une croisière infernale ...
Et là, je vous préviens, il n'y a pas d'arrêt pipi quand on commence cette histoire, le rythme ne décélère jamais, et vous êtes maintenues scotchées au fil des pages par des chapitres courts et qui finissent souvent, en attente d'une autre action, alors vite, vite ... on se dépêche de poursuivre pour en savoir plus ... Grande maîtrise du suspens !

Ce qui est aussi manifeste ici, c'est la maîtrise de l'espace et du temps, car cette intrigue démarre sur trois fronts différents, et à des époques différentes ... Les points de vue sont parfois différents dans la même scène. La trame du roman devait être extrêmement précise lors de l'écriture et la concentration de l'auteur à son maximun, car il faut s'y retrouver. Et, ça fonctionne bien, car le lecteur ne se perd jamais, malgré un enchainement rapide des événements.

Je dois aussi vous parler de mon intérêt pour les pages où nous découvrons la vie solitaire et terrible du vrai Robinson perdu sur son île puis en compagnie d'un jeune espagnol, je les ai trouvé superbes, elles éclairent le récit, autant par les descriptions, que par les sensations qui s'en dégagent, ce sont sans aucun doute mes passages préférés. Plus reposants, ils sont une bouffée de calme et de réflexion dans cette folle course poursuite, l'auteur s'est largement documenté, et relate avec une belle justesse et une belle verve,  une histoire au timbre réel.
 
Et c'est quoi qui met tout le monde dans cet état !!! ... un ma-nus-crit , mais pas n'importe lequel bien sûr, celui qui relate la vie de Robinson crusoe, plus précisément d'Alexander Selkirk relaté par Daniel Defoe. Beaucoup, court après les pages de l'original de ce livre, car il est question d'un trésor ...les russes, les américains ... et les rats ... tout le monde est sur le coup ! Alors ça va déménager ! meurtres, plongée en mer, enlèvements, prise d'otage ... ça donne le tournis parfois ! Il ne manque rien pour faire un nouveau James Bond à la mode Whale ! franchement ce bouquin pourrait tout à fait devenir un film, un bon film d'action musclé. A découvrir !

 

Mr Laurent Whale ...Une belle rencontre à Angers !


vendredi 16 octobre 2015

Nains T1 de Jarry et Goux - BD

Présentation de l'éditeur ( Soleil) - Fantasy
Scénariste : JARRY Nicolas
Illustrateur : GOUX Pierre-Denis

Redwin, fils d'Ulrog, a grandi auprès d'un père aimant et attentif à son apprentissage de la forge. Mais, autrefois admiré de tous, Ulrog ne veut plus créer d'armes runiques. À compter de ce jour, Ulrog le forgeron est devenu Ulrog le Lâche. 
Humilié, fou de rage, Redwin est prêt à tout pour s'éloigner de son père et devenir un seigneur des runes : le maître forgeron et maître combattant de l'ordre de la Forge. 
Contre la volonté de son père, il se rend à la forteresse-état retrouver son oncle, un Vénérable de l'Ordre qui accepte de lui enseigner le combat et la forge d'armes. 
Pourtant ses victoires ne lui apportent aucune paix, aucun répit, bien au contraire, sa haine envers son père grandit de jour en jour. 
Dévoré par sa propre colère, Redwin deviendra seigneur des runes. Loin d'être un aboutissement, ça sera le début d'un long calvaire ...

Ici, nous est contée l'histoire de Redwin de la forge, cette bande dessinée est la première d'une série de 5 tomes qui exploitent les univers différents du peuple des nains, on découvrira ainsi l’ordre du Talion, du Temple, du Bouclier, des Errants et de la Forge. Cette saga fait suite au succès des ELFES du même éditeur. A découvrir également.

Une très belle BD, un beau style, même si les "nains" sont assez vilains de nature, et restent un peu difformes ici..(on est loin du seigneur des anneaux et de Thorin !). La palette de couleurs est ajustée et met bien en valeur les paysages et les émotions. 
J'ai lu cette histoire d'une seule traite, une histoire simple, un scénario peu complexe et des événements qui s'enchainent sans surprise, mais ce certain classicisme n'empêche pas de suivre avec plaisir ce nain destiné à devenir forgeron et qui préfèrera le combat et le pouvoir. Délaissant une famille aimante qu'il ne comprend pas, il part pour devenir Seigneur des runes, ces nains puissants allient l'esprit de combativité à l'esprit de la forge, en frappant eux mêmes leurs propres armes et armures. L'apprentissage des runes lui permettra de faire naître une magie indestructible et de donner de la puissance à ses armes... 
Mais le coeur a ses raisons ... et malgré une vie trépidante qu'il a souhaité, une grande lassitude s'emparera de lui, la violence et le mal ne sont pas dans ses gènes... Il reviendra bien heureusement à de plus nobles sentiments, tiraillé entre le pouvoir et sa famille, il saura faire le bon choix ! Une belle histoire qui illustre une belle leçon de morale ! 




mardi 13 octobre 2015

Le fantôme de la Tour Eiffel - Olivier Bleys


Présentation de l'éditeur ( Folio) - Policier historique

Si vous voulez tout savoir, et même un peu plus, sur la tour Eiffel, voici un extraordinaire roman d'aventures qui se déroule pendant sa construction, achevée en 1889.

Les héros en sont deux jeunes ingénieurs, une actrice, une ventriloque, et toute une confrérie de spirites qui se réunissent à la morgue pour converser avec les esprits. Il y a aussi, bien sûr, un méchant : Gordon Hole, architecte américain jaloux de Gustave Eiffel, qui est prêt à tout pour "culbuter la Tour". Les péripéties se succèdent : enlèvements, fausse morte, séquestration, escalades acrobatiques du grand monument de fer.
On visite le Paris insolite de la fin du XIXe siècle. On vit dans les bureaux de M. Eiffel, régnant sur une armée d'ingénieurs et de dessinateurs. Sur le chantier, on voit pousser la Tour, de plus en plus vite, suscitant enthousiasme et sarcasmes. Le vocabulaire d'époque revit à nos oreilles. Les costumes, les robes... On assiste même à l'invention du soutien-gorge !


Quand j'ai lu la quatrième de couverture, je n'avais plus qu'une envie, mettre ce livre dans mon panier. En effet, tous les ingrédients étaient là pour me convaincre, une enquête à Paris au début de l'ère industrielle avec la Tour Eiffel comme actrice principale ! bingo, j'allais partir au pays des enquêtes de Rouletabille et de Gaston Leroux, de Méliès et de Freud ...

Alors, je ne m'éterniserai pas sur l'histoire, mais sachez que ce roman qui est presque écrit à la manière d'un roman feuilleton ou d'un journal de chantier, ne m'a pas complètement convaincu, je l'ai lu facilement et j'ai beaucoup aimé la première partie de l'histoire qui est plus historique que romanesque. On y découvre la vie sur le chantier, et j'avoue que l'histoire de cette construction est passionnante, l'auteur a su nous faire revivre le Paris de cette époque, et j'ai aimé tous ces moments liés à la vie quotidienne des ouvriers, qui ne savent pas encore si cette Tour est une bonne fée ou une diablesse redoutable. On y croise Gustave Eiffel, on vibre avec les oeuvres de la grande exposition universelle de 1900, et j'ai appris que la Tour Eiffel avait eu autant de détracteurs, étonnant ! 
Olivier Bleys nous apprend vraiment plein de choses étonnantes sur cette période. Il faut dire que c'est une époque très riche, il sait beaucoup documenté, ce sont les débuts de la mode, la montée des sciences et du spiritisme, bref, c'est le grand règne de l'industrialisation qui commence ... un programme passionnant ...

L'auteur a voulu greffer sur cette aventure humaine et technologique, une histoire de jalousie et de vengeance sordide et qui, au début, a retenu toute mon attention... car franchement les prémices de l'affaire sont bien décrites et nous emmène tout droit dans une aventure exaltante, mais hélas, au fil des chapitres, l'inspiration s'égraine, et l'intrigue évolue "bizarrement" ... ponctuée trop souvent par des faits divers, on a du mal à percevoir le vrai fil conducteur...
L'auteur capte par moment notre attention en instaurant quelques séances de spiritisme, il montre la crédulité des personnes à l'époque, mais il n'inclut pas assez de mystères et dévoile les faits sans nous donner beaucoup d'émotions, parfois c'est décevant, et pourtant la plume est belle et bien tournéeSûrement un rythme instable qui n'arrive pas à faire décoller et à donner de l'ampleur à l'histoire qui a pourtant tous les ingrédients pour nous exalter  (poursuite, enlèvement, meurtres ...) ...

Les personnages ne sont pas très attachants, et nous restons trop spectateurs de ce qui leur arrive. On les suit sans entrain dans une affaire qui tourne un peu en rond et manque de punch ! Reste cette première partie qui m'a ravi, et que je garderai en mémoire, pour le reste ... et bien ... et bien ... passons !



La tour Eilffel. C’est à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889, date qui marquait le centenaire de la Révolution française qu’un grand concours est lancé dans le Journal officiel. Le pari est d’« étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour de fer, à base carrée, de 125 mètres de côté et de 300 mètres de hauteur ». Choisi parmi 107 projets, c’est celui de Gustave Eiffel, entrepreneur, Maurice Koechlin et Emile Nouguier, ingénieurs et Stephen Sauvestre, architecte qui est retenu.
Les premiers coups de pelle sont donnés le 28 janvier 1887. Le 31 mars 1889, la Tour achevée en un temps record -2 ans, 2 mois et 5 jours- s’impose comme une véritable prouesse technique.



jeudi 8 octobre 2015

Le livre sans nom - Anonyme

Présentation de l'éditeur (le livre de Poche) - Thriller

Santa Mondega, une ville d'Amérique du Sud oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets.
Un serial killer qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom. La seule victime encore vivante du tueur, qui, après cinq ans de coma, se réveille, amnésique. Deux flics très spéciaux, des barons du crime, des moines férus d'arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un massacre dans un monastère isolé, quelques clins d'oeil à Seven et à The Ring, et voilà le thriller le plus rock'n'roll et le plus jubilatoire de l'année ! Diffusé anonymement sur Internet en 2007, cet ouvrage aussi original que réjouissant est vite devenu culte.
II a ensuite été publié en Angleterre puis aux Etats-Unis, où il connaît un succès fulgurant.






Cela fait bien longtemps que j'aurai du lire ce livre perdu dans les fins fonds de ma pal, les avis que j'ai lu, ne parlent que d'un bon thriller à la sauce loufoque ... Et j'avoue que pour me changer des thrillers psychologiques noires et intenses qui vous tiennent éveiller la nuit, c'est l'idéal...
... Enfin presque, car les cadavres se ramassent à la pelle par ici, ainsi que les litres de sang … Mais cela ne m'a pas empêché de lire avec intérêt cette fresque cauchemardesque au pays du western spaghetti, un thriller aux relents d'un bon film de Tarantino, et je n'ai aucun doute la dessus, il aurait tout à fait pu écrire ce genre de scénario.

On est très vite happé par l'histoire qui sans briller par son originalité au niveau du contenu, regorge d'intérêts dans le contexte et la galerie de portraits caricaturés qui va donner toute sa saveur à cette histoire de chasse aux trésors. Cette course poursuite se trouve assortie de règlements de comptes à n'en plus finir !

Les personnages, des "acteurs" hors norme aux noms dantesques et risibles, et avec le recul, ma préférence va au tenancier du bar : Sanchez ! Son verre de pisse s'est quand même quelque chose ! ça place tout de suite, le genre de gars pourri auquel on va avoir à faire, et pourtant il est le seul à sortir son épingle du jeu et surtout à ne pas faire partie de l'hécatombe ... Un petit malin avec un rôle pas si anodin que ça !
Pour les autres, c'est la fête, imaginez : des moines "façon karaté kid", une femme qui sort d'un coma de cinq ans sans séquelle, toute fraîche, Elvis le King ... bref, la ville de Santa Mondega qui est déjà un repaire de gens louches et de voyous, voit aussi l'apparition de vampires … un peu incongru tout ça, délire exponentiel avec un certain goût pour la mode du "vampire", on est loin de Twilight, beaucoup moins romantique ! 
Un livre qui mélange donc les genres aussi bien humains que littéraires, et c'est cette atmosphère particulière qui plait !
L'alcool finissant d'égayer le tableau …
Des dialogues truculents, des bons mots et des situations rocambolesques qui se transforment en gags parfois "grossiers" mais ça tient la route ! et ça soulage aussi de toute cette violence latente et réelle…
Sans être d'une grande envolée littéraire, le style simple colle bien aux personnages, il n'est pas question d'enrichir ici son vocabulaire, mais juste de nous faire passer un bon moment comme on regarderait un bon film, lui-même truffé de références cinématographiques ! Délicieux !

De pistes en pistes, on tourne un peu en rond, et même si l'intrigue est menée tambour battant, mon petit bémol serait qu'on a l'impression que parfois, c'est l'auteur qui suit son histoire au risque de se faire déborder par ses personnages, mais le coup est vite rattrapé car on sent aussi son amusement dans l'écriture, il maintient un délire assez cohérent, il y a du suspens et on a très envie de savoir comment cette histoire va finir ! ... La suite sera sans doute au programme de mes lectures, un de ces quatre, car je me suis bien amusée avec ce premier volet qui ne se prend pas au sérieux, et qui joue avec nos nerfs en maîtrisant la parodie !  A suivre !
 

L'originalité du livre tient au caractère anonyme de l'auteur. « Nous ne savons réellement pas qui il est », explique Marie Misandeau, éditrice chez Sonatine. Ce qui n'empêche pas les internautes d'émettre des hypothèses sur l'écrivain. 

Mais que cache donc l'auteur mystérieux du Livre sans nom? A l'occasion de la sortie de L'oeil de la lune, la suite de ce polar déjanté et déjà culte, il lève - légèrement - le voile. 
En exclusivité pour L'Express.
"Seuls son éditeur et son agent anglais le connaissent. Anonymous, c'est sous ce masque que l'auteur, un Britannique semble-t-il (il aime le whisky et le foot), a souhaité publier, en octobre 2007, chez MOMBooks, Le Livre sans nom, son premier (?) roman, un ouvrage déjanté à souhait et plébiscité par la blogosphère. Deux autres romans ont suivi, mettant en scène son héros, le Bourbon Kid, un mystérieux tueur en série. Le succès aidant, les rumeurs les plus folles ont surgi sur son identité. Entre-temps, Le Livre sans nom s'est vendu en Allemagne et en France (70 000 exemplaires dans chacun de ces pays), mais aussi en Espagne, en Roumanie, en Corée, en Russie... Et Mr Anonymous d'être toujours aussi secret. Romans licencieux, livres politiques, ouvrages censurables, auteurs inconnus et disparus... partout et à toutes les époques, la littérature a connu son lot d'"anonymes" - récemment en France, Le Secret (Seuil), Récits d'un pèlerin russe (Points), Une Femme à Berlin (Folio), Le Bréviaire du carabin (Masson), Journal d'un morphinomane (Allia), ou encore Confession sexuelle d'un anonyme russe (Allia) ont ainsi été publiés sous X. Mais que peut bien cacher notre anonyme du jour ? Un écrivain célèbre ? Un artiste réputé ? Ou un véritable inconnu très joueur ? Quel qu'il soit, à l'occasion de la sortie en France de son deuxième roman, L'oeil de la lune, il a accepté de répondre - par écrit évidemment - à nos questions.

Vous avez d'abord publié votre roman sur Internet. Aviez-vous essuyé de nombreux refus de maisons d'édition?
Tous les éditeurs que j'avais contactés avaient en effet rejeté mon manuscrit. Pour deux raisons : Le Livre sans nom ne correspondait à aucun genre défini et je refusais de donner mon nom. Je n'ai pas été plus surpris que cela. Alors j'ai mis quelques chapitres sur Internet et proposé l'achat en ligne. Il s'en est vendu 34 exemplaires le premier mois, puis le bouche-à-oreille a fait s'envoler les ventes, qui ont atteint plusieurs milliers d'exemplaires.
Pourquoi ce choix de l'anonymat ?
Cela m'amusait de voir si à la lecture de ce roman quelqu'un me reconnaîtrait. Et si les gens achèteraient le livre sans connaître l'auteur.
Pourquoi ne pas avoir opté pour un pseudo classique : prénom plus nom ?
Comme mon roman traite justement d'un livre ancien sans titre ni auteur, cela avait un sens d'être juste l'"Anonyme".
De nombreuses rumeurs ont circulé sur votre identité, Tony Blair, le prince Charles, David Bowie, Quentin Tarantino, ou alors un collectif... Cela vous flatte-t-il ?
Oui, je trouve cela très amusant et flatteur aussi, l'évocation du prince Charles étant la plus drôle. En revanche, je ne sais pas si lui trouve cela aussi amusant.
Allez-vous bientôt révéler votre identité ?
Non, je ne l'ai pas prévu. Quand j'ai trop bu, il m'arrive de dire aux gens que je suis l'auteur de ces livres, mais, jusqu'ici, personne ne m'a jamais cru. Finalement, c'est un mauvais plan pour draguer...
Que pensez-vous de l'énorme succès de vos romans, en Grande-Bretagne comme à l'étranger ?
J'espérais que cela marcherait, mais j'étais loin d'imaginer que cela irait au-delà d'un petit cercle de fans, en raison de la violence du récit et du mélange des genres. Tout cela a, de loin, dépassé mes attentes. Le summum a été atteint lorsque Don Murphy, le producteur de Transformers et de Tueurs nés, a pris une option sur les droits cinéma du Livre sans nom.
De quel genre relèvent vos livres ?
Je ne sais vraiment pas. J'ai commencé Le Livre sans nom comme un western mais j'ai très vite décidé de le situer au XXIe siècle. Puis, au cours de l'écriture, j'y ai mêlé un peu de polar, de fantaisie et de SF. Par la même occasion, j'ai ajouté quelques vampires. Je prenais tellement de plaisir à tout cela que je ne m'inquiétais plus d'être publié ou non.
L'humour est-il primordial ?
J'essaie vraiment d'écrire des histoires sérieuses mais c'est plus fort que moi : si l'occasion se présente de faire quelque chose d'inattendu ou de franchement ridicule, je ne peux m'en empêcher. Lorsque vous collez Elvis dans une histoire pleine de vampires, de serial killers et d'un Terminator, il est inévitable que certains passages soient comiques.
Vos héros ont quasiment tous des surnoms ou des pseudos. Pourquoi ?
A mes yeux, l'action doit être le plus dense et rapide possible. J'ai beaucoup de personnages, dont il faut pouvoir se souvenir aisément. En leur donnant un surnom, je pense faciliter la lecture et la mémorisation. Et puis, c'est toujours sympa d'avoir plus d'un nom. Moi-même, j'en ai usé de plusieurs tout au long de ma carrière.
Votre univers est fortement marqué par le cinéma, les séries télévisées, la culture pop et la musique. Seriez-vous un trentenaire ?
J'ai été très influencé par le cinéma et les shows télévisés. Je pense que de 15 à 24 ans j'ai vu au moins un film par jour. Et j'ai fini par connaître par coeur les dialogues de nombre d'entre eux.
Que savez-vous de vos lecteurs à travers le courrier et les blogs ?
Au début, il s'agissait principalement de messages d'hommes, mais, après L'oeil de la lune, j'ai reçu du courrier féminin, car, malgré la violence et les meurtres, il y a aussi une histoire d'amour au coeur de ce deuxième roman. De manière générale, mes lecteurs sont charmants et cool.
Vous agitez la blogosphère, entre Myspace, Facebook et divers sites... Cela vous prend du temps, non ?
Beaucoup, mais cela en vaut la peine. J'ai des éditeurs formidables - comme Sonatine - et ils en font la promotion. Or, comme je ne participe à aucune séance de signature ou conférence publique, le moins que je puisse faire, c'est de converser avec les lecteurs sur Internet.
Sur Myspace, un jeune homme masqué et revêtu d'une chasuble marron apparaît devant la couverture du Livre sans nom. Est-ce vous ?
Ah, ah, non ! Ce type déguisé en Bourbon Kid était un étudiant chargé de la promotion du roman à la Foire du livre de Londres il y a quelques années. Je pense qu'il a failli mourir de chaleur dans cette tenue. Et en plus il n'a pas été payé. Il a eu le droit en tout et pour tout à un sandwich au fromage.
Pensez-vous écrire un quatrième tome avec le Bourbon Kid pour héros ?
J'en ai écrit un quatrième intitulé Le Livre de la mort. Mais j'étais alors d'humeur sombre et du coup la violence et les meurtres ont dégénéré sous ma plume... Il y avait quelque chose de très désagréable dans tout cela, j'ai remisé mon manuscrit dans un tiroir et je n'ai pas l'intention de le ressortir avant un certain temps. Je travaille sur d'autres projets, de manière anonyme, bien entendu."




vendredi 2 octobre 2015

Avec tes yeux - Sire Cédric

 Présentation de l'éditeur (Presses de la cité) - Thriller

Thomas ne croit que ce qu'il voit, mais personne ne le croit. Depuis quelque temps, Thomas fait des rêves atroces. D'épouvantables rêves qui le réveillent en sursaut et morcellent son sommeil qu'il a déjà fragile. Si ce n'était que ça ! Après une séance d'hypnose destinée à régler ses problèmes d'insomnie, il est en proie à des visions. Il se voit, à travers les yeux d'un autre, torturant une jeune femme... Persuadé qu'un meurtre est effectivement en train de se produire, il part à la recherche de la victime. Le cauchemar de Thomas ne fait que commencer.

Merci aux Presses de la cité et à BookenStock pour ce livre qui a réjouit mon côté "âme damné ".



Encore un livre qui restera marqué dans ma mémoire, mon imagination a été beaucoup sollicité par la violence de certains scènes, (et voilà que je parle comme s'il s'agissait d'un film, mais c'est à peu près ça, tout se déroule comme dans un scénario très visuel, et la bobine défile sans temps mort …) .. Donc, même s'il y a parfois de la gratuité dans la violence physique que l'auteur nous balance "carrément" au visage, cela ne m'a pas dérangé, j'ai bien eu quelques haut-le-coeur, mais j'ai un bon estomac, et je me raisonne…même si la force des images est parfois saisissante. voir insoutenable. 

A côté de l'horreur, il y a l'histoire, très prenante et subtilement tournée, on avance dans un scénario catastrophe dont je ne révélerai rien du tout... Mais sachez qu'on sent la peur terrée entre chaque ligne, il fait frémir ce roman et pourtant il se dévore littéralement. Encore une preuve d'une grande maitrise du suspens, idées claires, phrases courtes, on suit cette histoire à la vitesse d'une course effrénée. …

... et malgré la vitesse et l'enchaînement des événements, l'auteur nous ralentit parfois au gré de la réflexion de ces personnages, nous laissant le temps de réfléchir aux motivations du tueur fou mais aussi, pour nous rappeler notre impuissance devant certains éléments, qui sont à la limite du surnaturel et qui pourtant conserve beaucoup de crédibilité. Cette crédibilité, il nous la fait passer aussi grâce à des personnages très attachants, et dans lesquels, chacun pourrait se reconnaître. Cela donne un petit côté "ça peut arriver à tout le monde "… c'est encore plus effrayant !!! 
L'imagination fertile de l'auteur nous amène tout de suite dans l'émotion, quelle qu'elle soit, et ce genre de thriller me fascine. Ces mécanismes, Sire Cédric les maitrise parfaitement, il n' y a pas de doute. 

Un roman qui change un peu des autres … L'auteur nous avait aussi habitué à plus de "fantastique", beaucoup moins exploité dans ce roman, on trouve ici un univers plus rationnel et des personnages plus humains, plus ordinaire un peu paumés dans leur vie quotidienne et qui voit leur vie exploser d'un coup. Thomas et Nathalie incarne ce duo attachant, rien ne les sort du lot, et pourtant une simple séance d'hypnose va tout déclencher … Sur leur passage ils vont rencontrer FOX un personnage qui maitrise les techniques récentes liés à l'évolution complexe de l'informatique, un personnage aussi secret, qu'attachant et indissociable de cette histoire .. 

Un thriller plus traditionnel mais tout aussi dense, qui nous rappelle à chaque fois que le monde n'est pas toujours ce qu'il parait être, et tout cela grâce à une étonnante galerie de personnages, certains dévorés par la folie meurtrière, d'autres essayant juste de sortir de leur médiocrité ... Sire Cédric nous balade royalement de fil en aiguille, montrant divers aspects de la vengeance, il nous entraine inexorablement vers une fin assez logique, mais qui n'est pas sans laisser un goût amer dans notre bouche et notre coeur  …  Vivement la lecture de son prochain roman !

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