Présentation de l'éditeur ( j'ai lu) Fantastique
Traduction : Alain Robert
Mississippi, 1857.
Quel capitaine de vapeur sensé refuserait le marché de Joshua York ? Cet armateur aux allures de dandy romantique offre des fonds illimités pour faire construire le navire le plus grand, le plus rapide et le plus somptueux que le fleuve ait jamais connu. En échange de quoi ses exigences paraissent bien raisonnables : garder la maîtrise des horaires et des destinations, et, surtout, ne jamais - à aucun prix - être dérangé dans sa cabine hermétiquement close, dont il ne sort qu'une fois la nuit tombée. Voilà enfin l'occasion qu'attendait le capitaine Marsh, vieux loup de rivière aux proportions gargantuesques, pour relancer sa compagnie en perte de vitesse. Si ce formidable vapeur lui permet de coiffer ses concurrents au poteau, peu lui importe les lubies de l'étrange armateur. Jusqu'au jour où une vague de meurtres sanglants apparaît dans le sillage du Rêve de Fèvre...
Un récit étonnant qui, je dois le dire, m'a charmé, voire envoûté… quasiment vampirisé. L'époque même de l'aventure, en 1857 sur les rives du Mississippi, amène le lecteur à rêver.
Tout bouillonne de vie à la nouvelle-Orléans, c'est la grande époque du vapeur, le rail, lui, fait ses premiers pas poussifs et l'abolition de l'esclavagisme est au coeur de toutes les passions. La description du bayou, de la vie sur les bateaux à vapeur est superbement bien décrites et on se laisse bercer par le roulis des navires, passagers et marchandises montent et descendent le cours d'eau comme un ressac incessant.
On ne peut s'empêcher de penser à l'univers de Mark Twain ! Les populations noires soumises à l'esclavage, la Louisiane et sa culture vaudou, les populations hétéroclites qui peuplent les bords du fleuve … Toute une ambiance attractive et envoûtante.
Tout bouillonne de vie à la nouvelle-Orléans, c'est la grande époque du vapeur, le rail, lui, fait ses premiers pas poussifs et l'abolition de l'esclavagisme est au coeur de toutes les passions. La description du bayou, de la vie sur les bateaux à vapeur est superbement bien décrites et on se laisse bercer par le roulis des navires, passagers et marchandises montent et descendent le cours d'eau comme un ressac incessant.
On ne peut s'empêcher de penser à l'univers de Mark Twain ! Les populations noires soumises à l'esclavage, la Louisiane et sa culture vaudou, les populations hétéroclites qui peuplent les bords du fleuve … Toute une ambiance attractive et envoûtante.
Quand notre brave capitaine Abner Marsh, se voit acculé à la banqueroute par une mauvaise saison, il ne voit pas très bien comment il va se sortir de ce guêpier et pouvoir sauver sa flottille, c'est alors que le destin lui met entre les mains, un étrange dandy au visage pâle qui lui propose "tout bonnement" de lui construire le vapeur le plus puissant et le plus beau… Le rêve d'Abner devient "Le rêve de Fevre", nom de son nouveau bateau. Ce dernier ne comprend pas les motivations de ce jeune homme à l'allure élégante, mais accepte, il pourra ainsi redorer son blason de capitaine et connaître la renommée en surpassant "l'Eclipse", autre bateau à aubes très puissant. En échange, il devra apprendre à ce Joshua York, les commandes principales de pilotage, et surtout ne jamais venir le déranger en pleine journée. Pendant les premiers temps, la coopération se passe bien, mais Joshua York finit par exiger d'autres bizarreries … En effet, il ramène des amis à l'allure équivoque lors de ses escales de plus en plus fréquentes. Cela finit par contrarier tout l'équipage, et les rumeurs commencent à aller bon train ...
Abner Marsh, capitaine de vapeur, a tout de l'anti héros, ce vieux marinier au visage buriné et crevassé, est assez caractériel et sans aucune élégance, il se goinfre à table et jure comme un charretier. Mais il a quelques qualités irréprochables, il est un homme dévoué et courageux, fidèle aussi à certain principes et à certaines idées … Il met du temps à comprendre que York n'est pas tout à fait un homme ordinaire mais comme à son habitude, il fait fi des apparences … Bientôt pourtant, des événements vont lui ouvrir les yeux …
Deux univers différents vont se côtoyer et s'affronter en des huis clos assez grinçants. Le monde rustre des mariniers, et le celui plus délicat en apparence des adeptes de "la soif rouge" !
Le mythe du vampire est revisité, et Martin nous livre une version nouvelle et intéressante. Les superstitions bien connues tombent un peu en désuétude ! (On ne peut s'empêcher de penser à l'histoire de "Lestat", un vampire réfléchi et attachant).
Il y a deux races de vampires : certains veulent trouver une alternative à leur sort et modifier leur comportement en mettant un terme à leur gout immodéré pour le sang, et les autres, souhaitent continuer à vider de leur liquide rouge, le bétail humain. Avec Joshua York, adepte du changement, le vampire devient un être moins repoussant, plus complexe et plus crédible aussi. On est très attentif au chapitre assez long où il raconte sa vie, son combat est poignant et son histoire tragique, on s'attache beaucoup à ce personnage. Sa lutte contre sa condition et son désir de faire perdurer sa race, le rapproche de celle des esclaves noirs, (très présent dans ce livre) et qui luttent eux aussi pour leur vie et pour améliorer leurs conditions.
C'est dans cette atmosphère moite, vaporeuse et inquiétante que les événements s'enchaînent doucement, et ce n'est pas sans rappeler le rythme du fleuve. On avance petit à petit, tout se dessine, les esprits s'échauffent et les langues se délient. L'action n'est pas le fruit principal de ce livre, et l'étude des comportements est beaucoup plus passionnante à suivre. York est un être torturé car il souhaite devenir meilleur et changer les codes de son espèce, ce côté le rend attendrissant. Damon Julian son homologue vampire, est dans la deuxième mouvance, et on le perçoit comme un être abject qui veut continuer à se complaire en sadique sanguinaire, les deux hommes vont se livrer une guerre sans merci.
Et puis, nous avons Abner Marsh, qui se retrouve au milieu de leur rivalité. Abner et York s'estiment, un certain respect s'est installé entre eux. Ils vont se pardonner des libertés à bien des égards, et finalement ils vont pouvoir compter l'un sur l'autre. Il sont des hommes d'honneur et ce lien les rend aussi attachants à nos yeux. Leur différence va s'estomper. Ils recherchent tous les deux à atteindre un rêve, pour l'un c'est de battre des records de rapidité sur l'eau, pour l'autre c'est de redonner aux vampires, ses lettres de noblesse en transformant leur vie. Cette quête commune les fait avancer et nous les suivons avec plaisir dans leurs croyances jusqu'au bout de cette histoire.
On y trouve également, une galerie de personnages et de seconds rôles très colorés et variés, tout aussi intéressants à suivre, je parle de Mike le poilu, de Billy l'aigre, de Valérie, de Katherine…
Je dois vous avouer avant de conclure que je n'ai hélas pas apprécié la lecture du "Trône de Fer" alors que j'aime la fantasy, la tournure des phrases archaïques et la complexité de la mise en place des événements m'ont bloqués et je n'ai pas poursuivi … J'en attribue l'inconfort à la traduction car ce roman que je viens de lire coule tout seul comme un doux nectar, étonnant … en tous les cas je suis réconciliée avec ce Monsieur.
Ecrit dans les années 80, ce récit reste très actuel, et ne souffre d'aucune vieillerie, il renouvelle un genre très en vogue (bit-lit, steampunk...), le style est très cinématographique, et j'aimerai que Tim Burton puisse avec son égérie Johnny Depp trouver une bonne raison de faire ce film !
Un grand merci à Vivi Potter, grâce à qui j'ai pu lire ce livre, et avec qui j'ai partagé cette lecture, vous trouverez ici sa chronique.