jeudi 10 janvier 2019

Dans les eaux du Grand Nord - Ian Mc Guire

Présentation de l'éditeur (10/18) - Roman historique - Aventures
Traduction : Laurent Bury


Puant, ivre, brutal et sanguinaire, Henry Drax est harponneur sur le
" Volunteer ", un baleinier du Yorkshire en route pour les eaux riches du cercle polaire arctique. Patrick Sumner, un ancien chirurgien de l'armée traînant une mauvaise réputation, n'a pas de meilleure option que d'embarquer sur le baleinier comme médecin. En Inde, pendant le siège de Delhi, Sumner a cru avoir touché le fond de l'âme humaine, et espère trouver du répit sur le " Volunteer "... Mais pris au piège dans le ventre du navire avec Drax , il rencontre le mal à l'état pur et est forcé d'agir. Alors que les véritables objectifs de l'expédition se dévoilent, la confrontation entre les deux hommes se jouera dans l'obscurité et le gel de l'hiver arctique.



Quel roman ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et franchement ce fut vraiment une très bonne surprise.
J'avais beaucoup aimé me retrouver à bord du HMS
Erebus et du Terror dans le TERREUR de Dan Simmons (Excellent roman d'aventure d'ailleurs, chronique par ici ), et grâce à ce plus petit roman en volume, j'ai retrouvé le quotidien terrifiant de ses marins à la peau dure, qui survivent sans doute à cause de leur force de caractère et de leur hargne, je ne parle même pas de courage !  L'auteur nous décrit avec justesse la vie à bord de ce baleinier groenlandais le "Volonteer", il est apprêté pour partir dans le grand Nord à la chasse à la baleine, et là on pense aussi à l'univers de Moby Dick ! L'industrialisation en cette fin de XIXe se développe de plus en plus et cette chasse est très lucrative, même si elle arrive aussi à sa fin. 

D'ailleurs, j'ai vu un très bon film sur le sujet qui vient parfaitement clore cette lecture. Je vous le recommande.  " Au coeur de l'océan " réalisé par Ron Howard !




Mais revenons à notre livre ... Au delà de l'aventure que représente cette expédition, la dimension humaine est très importante, et Patrick Summer, chirurgien de fortune, banni de l'armée britannique, sera le porte-parole de cette histoire. Un personnage qui a aussi beaucoup de comptes à régler, il combat ces propres démons et devra se pencher aussi sur ceux de l'équipage, chacun a son secret et son lourd passé, l'atmosphère déjà pesante avant le départ s'intensifiera au fil du voyage...

Notre docteur se retrouve donc au milieu d'une bande de sauvages, des hommes violents et sans concession pour les petites natures, dont il nous fait partager les états d'âmes. A bord, ça va vite se compliquer quand on va retrouver un jeune mousse assassiné dans d'étranges circonstances. Cette mort rend notre chirurgien très inquiet, et malgré la brutalité de ces hommes, il s’acharnera à connaître le coupable et la vérité, dévoilant encore plus d'ignominie au sein même de l'équipage. Je vous laisse goûter par la lecture, la "joie" d'être mousse à l'époque !

Un auteur inconnu qui gagne vraiment à être lu, une écriture fluide, un rythme agréable et une immersion totale dans un univers glauque où la convoitise rend les hommes cupides et manichéens. On a juste envie de mettre de bonnes baffes à ces fieffés escrocs qui composent l'équipage de ce capitaine poissard ! On assiste aussi à des scènes animalières dures mais on est happé par le réalisme du récit et on est près d'eux dans l'immensité glaciale d'une nature hostile et magnifique à la fois. Un grand frisson m'a parcouru tout au long de cette lecture !  A découvrir !

                                      

La chasse à la baleine

La pêche à la baleine permettait aux Européens d'obtenir des produits pour leurs industries. Les Européens consommaient des millions de gallons d'huile de baleine (lampes, lubrifiant) mais aussi pour la peinture, les vernis et le savon. Pour approvisionner ces marchés les Basques ont tué des milliers de baleines. Le baleinier moyen pouvait transporter 1.250 tonneaux d'huile extraite du lard de 25 baleines. Ces « barricas » étaient entreposées dans la cale.
La pratique de la chasse à la baleine a connu un très grand essor avec des moyens industriels considérables au XIXe siècle. La guerre russo-japonaise, XIXe et XXe siècle, avait pour enjeu l'accès aux ressources baleinières de la mer du Japon et du Pacifique Nord Ouest.
Dans cette période, on a :
  • des navires susceptibles de s'attaquer à des baleines de haute mer ; 
  • la constitution de flottes pour optimiser l'exploitation de zones riches ou de migration 
  • l'utilisation du harpon propulsé puis l'utilisation du harpon à tête explosive. Et comme les canons ont des lunettes de visée, l'animal n'a aucune chance !
La chasse à la baleine a plusieurs raisons économiques :
  •    la nourriture ;
  •   l'huile (chauffage, éclairage, cuisine). L'huile de cachalot sert à lubrifier les machines travaillant à grande vitesse et demandant des mécanismes de haute précision. L'huile de rorqual était utilisée pour éclairer les villes. Un rorqual bleu de 26 mètres produit 27 tonnes d'huile ;
  •     les os sont utilisés comme matériau ;
  •     les fanons sont utilisés pour les baleines de parapluie et les corsets ;
  •     le cuir est utilisé pour fabriquer des ceintures ;
  •     les intestins séchés utilisés pour réaliser des cordages ;
  •     les produits cosmétiques dérivés ;
  •     les produits pharmaceutiques dérivés ;
  •     l'ambre gris du cachalot sert à fixer les parfums ;
  •     la spermaceti servait à fabriquer des bougies.
L'augmentation des prises a conduit à une raréfaction de la ressource. La moyenne annuelle d'animaux capturés s'élève à 1.500 dès 1890 et jusqu'à 50.000 dans les années 1930.

La Commission baleinière internationale (CBI)
Elle a été créée par la Convention de Washington (1946) dans un contexte de surexploitation des grands cétacés. À l'origine destinée à assurer « la conservation judicieuse de l'espèce baleinière et, partant, de rendre possible le développement ordonné de l'industrie baleinière », la CBI s'est progressivement donné pour mission la conservation des baleines
La CBI a pour rôle de :
  •     permettre la protection totale de certaines espèces (baleine bleue, baleine à bosse) ;
  •     désigner des vastes zones protégées ou sanctuaires pour les baleines ;
  •     limiter le nombre et la taille des baleines chassées (hors moratoire) ;
  •    fixer les saisons d'ouverture et de fermeture des campagnes de chasse et délimiter les territoires de chasse ;
  •     interdire la capture de baleineaux et de femelles accompagnées de baleineaux.
Par ailleurs, la Commission stimule, coordonne et subventionne la recherche sur les baleines, publie des données et des études scientifiques, et encourage la recherche dans des domaines voisins tels que les méthodes de capture non cruelles. De même, le Comité scientifique de la CBI élabore un état des lieux général des populations de baleines et entreprend une enquête sur les répercussions du réchauffement climatique et de la pollution sur les cétacés.
Les baleines bleues d'Antarctique sont à moins de 1 % de leur effectif d'origine. Une seule espèce, la baleine grise du Pacifique, est revenue à sa population d'origine mais la baleine grise du Pacifique Ouest est au bord de l'extinction ...


tiré de Claire König, Enseignante Sciences Naturelles pour Futura planete
La chasse à la baleine, d'hier à aujourd'hui
https://www.futura-sciences.com/planete

15 commentaires:

  1. J'avais repéré le livre grâce à sa couverture, mais je n'avais pas cherché à en apprendre plus alors qu'il a l'air super prenant et qu'il semble susciter un certain nombre de réactions chez le lecteur. Quant à ton point infos sur les baleines, j'ai appris pas mal de choses...

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    1. Je crois qu’il a eu un prix et a été très remarqué au salon de St Malo “ les étonnants voyageurs”. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais cela faisait un moment que je le prenais et le reposer lors de passages en librairie ! j’ai fini par craquer et je n’ai pas été déçu. Il est assez fort émotionnellement. su tu le tentes, n’hésites pas a venir m’en parler.

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  2. Merci pour toutes ces infos Licorne!! Je ressors de ta lecture avec un film à voir (mais faut dire que j'adore Ron Howard) un livre à découvrir et des connaissances supplémentaires. C'est ce qu'on appelle un billet riche!!

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    1. Merci Piplo, j’essaie d’égayer un peu les articles, et c’est une occasion de s’enrichir en approfondissant certains sujets. Ca donne aussi du poids à ma lecture qui restera de cette façon plus ancrée encore en mémoire.

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  3. Pas trop le mal de mer sur ce bateau ?

    tu as déjà lu Moby dick (dans le genre chasse à la baleine).

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    1. Dans le film si ! et dans le livre aussi, les descriptions sont très réalistes. Pas lu Moby Dick mais j'avoue que ça m'a donné envie de le parcourir, l'univers doit être similaire ! et puis c'est un classique ! ;)

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  4. Je crains de plomber un peu l'ambiance, désolée... Autant j'ai adoré Terreur de Dan Simmons moi aussi, autant là je serais rebutée à m'embarquer. La chasse à la baleine me révolte. Elles sont si extraordinaires et majestueuses que c'est un crime de les chasser. J'aurais l'impression d'assister à la cruauté des scènes animalières évoquées (et qui malheureusement continuent encore de nos jours ^^) en spectatrice écœurée. Le roman risquerait de passer par la fenêtre fermée 😬 C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai jamais pu lire Moby Dick. Je passe mon tour pour cette fois ma Lili, ma PAL n'en sera que soulagée après les kilos emmagasinés pendant les fêtes (sacré Père Noël !) :) Merci pour les infos en plus, très éclairantes sur le triste sort de la baleine grise du Pacifique Ouest... Bises :)

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    1. réponse plus bas ! mille excuses, j'ai mis du temps à éditer ce premier message ! ;)

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  5. J'ai offert ce roman à une amie pour notre swap de l'avent de Noël ^^ Et du coup, je l'ai aussi! Et ça c'est une bonne nouvelle parce que ton billet me donne très envie de découvrir cet univers et ce récit trépidant.

    En bonus, un film à voir qui m'a l'air intense!

    Et merci pour le point culture qui est un must. Super super.

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    1. Ah chouette ! on pourra en parler, je l'ai encore bien en tête ! il est dur je te préviens ! A tout point de vue, aussi bien pour les relations humaines et le comportement de certains bonhommes que pour le massacre de certains animaux ! coeur sensible s'abstenir !
      bises ma C'era et bonne lecture

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    2. Ah je voulais te dire que j'ai vu le film quasiment dans la foulée de ton billet. Très bien, assez intense et même un peu triste aussi (même si pour lui tout est bien qui fini bien)

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  6. J'ai l'impression que mon précédent commentaire est passé entre les mailles du filet ;-) Pas grave, je disais juste que la chasse à la baleine me révolte trop, et que le risque que ce roman passe par le hublot serait grand :D Alors je préfère lui éviter un plongeon forcé ! Ma PàL n'a que trop pris de tour de taille de toute façon ^^
    Les infos complémentaires sont très intéressantes, mais bien tristes pour l'avenir de cette espèce majestueuse.
    Bises ma Lili :)

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    1. Ca y est , j'ai édité ton message, je l'avais bien lu ! ( mais oublié de l'éditer ;)). Je comprends tout à fait ton ressenti sur cette chasse odieuse, il vaut mieux passer ton chemin car ces pauvres bêtes sont malmenés dans ce roman. Les scientifiques ont d'ailleurs découvert un fait intéressant sur leur chant qui serait différent selon les races de baleines mais qu'elles seraient capables d'apprendre et de retranscrire en l'associant à leur propre chant et tout ça pour épater un nombre plus grand de femelles ! Signe d'une intelligence très développée et d'une adaptation surtout ! ;) Je suis aussi très admirative de ces mastodontes ! bises ma Lupa !

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    2. C'est plutôt moi qui suis désolée pour la redondance de commentaires un brin militantistes ^_^
      Ce sont des animaux extraordinaires *_* L'espèce humaine est encore loin de mesurer toute l'étendue de leur intelligence et de la subtilité de leurs chants. Admiration et inquiétude se mêlent quand je pense à elles...
      Encore merci 😘

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    3. Pas du tout ! tu n'as pas à t'excuser, ce sont des choses qu'on ne répétera jamais assez ! bises

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