mardi 7 août 2018

DUST - Sonja Delzongle

Présentation de l'éditeur ( Folio) - Policier-Thriller

Quelque part en Afrique, la mort rôde...
2010. Dans un terrain vague de Nairobi, un gamin à vélo s'amuse à rouler dans une grande flaque sur le sable ocre. Du sang humain, répandu en forme de croix. Sans le savoir, le garçon vient de détruire une scène de crime, la première d'une longue série.
2012, à Nairobi. Une femme albinos est décapitée à la machette en pleine rue. Le tueur a emporté la tête, un bras aussi. Elle a été massacrée, comme beaucoup de ses semblables, parce que ses organes et son corps valent une vraie fortune sur le marché des talismans.
Appelée en renfort par le chef de la police kényane, Hanah Baxter, profileuse de renom, va s'emparer des deux enquêtes.
Hanah connaît bien le Kenya, ce pays où l'envers du décor est violent, brûlant, déchiré entre ultra modernité et superstitions.Mais elle ne s'attend pas à ce qu'elle va découvrir ici. Les croix de sang et les massacres d'albinos vont l'emmener très loin dans les profondeurs du mal.

Le roman policier est mise à rude épreuve en ce qui me concerne car mes choix sont double, j’aime le fait de résoudre une enquête et j’ai aussi envie d’en apprendre un peu plus sur l’histoire, la géographie ou tout autre sujet qui rajouterait une atmosphère particulière à ma lecture, je dois dire qu’il me tardait d’essayer cette auteure car je savais déjà que sous la violence annoncée, il y aurait une histoire humaine même si elle laisse un goût amer...

Outre le voyage palpitant au coeur de l’Afrique, la beauté du paysage et des grands espaces contrastent encore plus grandement avec la morbidité et l'horreur des situations qui s'enchaînent au fil du roman.

La galerie de personnages est assez intéressante, néanmoins, je n’ai pas accroché tout de suite avec Hannah baxter, une héroïne qui manque un peu de charisme à mon goût, elle tourne trop à la cocaïne, elle semble vite dépassée et manque d'assurance dans sa vie privée, elle dégage finalement un grand mal-être, tout comme elle a du mal à se faire une place dans l'équipe avec laquelle elle va travailler d'arrache-pied pour résoudre l'enquête. (D'ailleurs j'ai beaucoup pensé à Zulu de Ferey pendant ma lecture) J’espère la voir évoluer au fil des tomes car autant vous le dire tout de suite, j'ai déjà la suite des aventures de la profileuse "quand la neige danse" que j'espère lire très vite.

Le style est encore un peu incertain par moment, il est simple et sans bavardage inutile, mais j'ai noté quelques imperfections dans le maniement de l’enquête et de certaines tournures, parfois les choses avancent trop lentement ou trop vite, avec par exemple le revirement de son collègue mexicain avec qui elle ne s'entend pas et qui se retrouvent à faire ses 4 volontés. Les passages où elle s'aide de son amulette pour avancer dans l'enquête, et qui apportent à l'auteur des solutions de facilité pour découvrir des pistes, et faire avancer l'intrigue ! Ce sont parfois de grosses ficelles, et on devine assez rapidement qui sont les vrais prédateurs de l'histoire ! mais c'est une jeune auteur dans le genre et je verrai sans doute son style et sa maitrise évoluer dans les prochains tomes.

A côté de tout cela, et malgré quelques débordements dans l'enquête, l'ensemble reste cohérent et maintient l'attention. L 'inspira

tion de l'auteur sur un sujet aussi dramatique est originale, j'ai appris beaucoup de choses sur le sujet de l'albinisme en Afrique et je ne savais pas à quel point les croyances archaïques de certains peuples peuvent engendrer de telles horreurs ! Quelle sauvagerie !

C'est d'ailleurs ce que j'ai retenu de ma lecture, j'en ressors enrichie par des faits historiques mais consternée par ces massacres d'albinos. J'ai passé un bon moment intéressant et dense, l'action est présente et le travail de Mme Delzongle sur ces événements et leur mise en scène est indéniable. Alors, si vous ne la connaissez pas, il sera tant d'y remédier !








Depuis 2015, le 13 juin est la journée mondiale de sensibilisation à l'albinisme. Une maladie rare dont la répartition est très aléatoire dans le monde.

 Pourquoi y-a-t-il plus d'albinisme en Afrique qu'en Europe ?

Environ 1 personne sur 17 000 a développé la pathologie en Europe. La population occidentale est donc relativement épargnée par cette atteinte de la pigmentation oculaire et cutanée. Pourtant l’albinisme, maladie rare autant qu’invalidante, touche en proportion très différente les pays à travers le monde. Dans de nombreuses zones d’Afrique comme au Niger, le taux de prévalence de la maladie atteint 1 naissance sur 1 000.

Ce trouble lié à un déficit en mélanine d’origine génétique induit une déficience visuelle majeure parfois associée à une dépigmentation cutanée et pileuse.
Mais dans certaines parties de l’Afrique, la permanence de zones isolées et le peu de brassage génétique inhérent ont accru la présence de cette mutation parmi la population. Les deux membres d’un couple peuvent donc plus fréquemment être porteurs de l’anomalie et la transmettre.

De fausses croyances africaines font des Albinos un produit magique très onéreux et nécessaire à l'élaboration de potions magiques. Certains "sorciers" et guérisseurs traditionnels estiment avoir besoin du sang, des parties intimes ou du membre d'un Albinos pour mener à bien le projet demandé par le client: succès professionnel, financier, sentimental.
Les croyances de la population ne s'arrêtent pas à la concoction de potions censées apporter la réussite. Ainsi, la légende raconte que la consommation des parties intimes d'un albinos offre le pouvoir. Au Zimbabwe, avoir des rapports sexuels avec une femme souffrant d'albinisme guérirait du VIH. Cette croyance a considérablement augmenté le nombre de viols commis à l'encontre des femmes atteintes d'albinisme. Au Cameroun, une légende dit que "seul le sang d'un albinos peut calmer le dieu de la montagne" lorsqu'un volcan entre en éruption.

Ces croyances archaïques sont donc à l'origine des pires horreurs. Les victimes sont démembrées et d'autres égorgées pour pouvoir récupérer leur sang. La Croix-Rouge a tenté de dénoncer ces crimes abominables dans son rapport " A travers les yeux des Albinos". Les chiffres des assassinats et mutilations sur les albinos s'élèvent à des dizaines et des centaines par année. Cependant, ils ne seraient pas tout à fait précis selon la population locale. En effet, il arrive même que des bébés soient tués dès la naissance puisqu'ils sont considérés, par certains, comme une malédiction.
Les Albinos ont un prix. Rabaissés au rang de produit, ces êtres humains subissent les pires calomnies. Considérés comme une denrée rare, la Croix-Rouge rapporte les informations données par des responsables de la police de Dar es-Salaam en Tanzanie : "des responsables de la police de Dar es-Salaam ont déclaré que la panoplie complète des organes d'un albinos, y compris les quatre membres, les organes génitaux, les oreilles, la langue et le nez, coûtait l'équivalent de 75 000 dollars US".

En 2013, sous pression internationale, la justice de certains pays africains s'est saisie de ce dossier. En 2015, plus de 200 "sorciers" ont été arrêtés en Tanzanie. Selon l'ONU, les crimes à l'encontre des Albinos aurait augmenté suite aux éléctions tanzaniennes qui s'organisaient en octobre 2015. Certains candidats souhaitaient gagner et, à défaut de proposer un programme convaincant aux électeurs, payaient des sorciers pour des potions qui apporteraient plus de chance et de réussite.
Une autre raison a été donnée concernant cette chasse de "l'enfant blanc". L'odieuse expression "offre et demande" concernant les Albinos trouve son principal centre en Tanzanie, où le boom industriel de la pêche et la ruée vers l'or, autour du Lac Victoria, ont augmenté les crimes. Selon les mêmes croyances saugrenues, le sang d'un Albinos permettrait de faire jaillir des pépites d'or sans avoir à creuser la terre ou de pêcher un poisson au ventre rempli d'or. Le combat risque d'être long encore. Même si la justice s'est emparée du dossier, les peines de mort appliquées à certains des criminels sont-elles réellement dissuasives ? Combattre le crime par la peine de mort dans "la chasse aux Albinos" est-elle plus appropriée qu'une leçon sur cette maladie génétique ? Le combat tant moral que judiciaire n'est pas près de fermer la page.

propos tiré d'un article sur LIBERATION 


Consigne 57 - roman qui se passe en Afrique












8 commentaires:

  1. j'ai lu quand la neige danse de cet auteure, et j'avais beaucoup aimer. Le personnage d'hannah baxter est un peu plus en second rôle si j'ose dire car il apparait que tardivement. Il n'avait aucun temps mort et allait de surprise en surprise. Une bonne découverte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Parfait ! Tu confirmas mon envie de m'y coller rapidement ! ;)

      Supprimer
  2. commentaire de C'era
    "Je te remercie pour cet article qui vient compléter ce que j'avais lu sur le sujet à l'époque de ma lecture. Les croyances et la bêtise humaine font du mal et j'en suis toujours très remuée.
    On peut reconnaître à ce roman sa qualité pour avoir mis le doigt sur cette horreur et nous la faire connaître.
    L'enquête, je l'ai trouvée pas si mal. Et pour avoir interpellé S.D. sur cette question du don et de l'amulette (qui à moi ne pose pas de pb outre mesure), elle m'a répondu que contrairement à ce que l'on pense, c'est bien plus courant que ça dans certaines enquetes (d'après témoignages policiers recueillis).
    Pour la suite, Hannah Baxter sera plus en retrait. Ce qui n'a rien enlevé à l'intérêt de l'enquête suivante. A mon avis hein ;)
    Nous en reparlerons j'espère. Le 3ème m'attend à la maison."

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous en reparlerons, je retiens que j'ai appris beaucoup de choses et ça c'est un excellent point ! Le reste suit alors j'aurai plaisir à reprendre les enquêtes de cette auteure ! ;)

      Supprimer
  3. Cette auteure m'intrigue, même si les facilités dont tu parles me font relativiser un peu. Il faudra que je teste à l'occasion !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu peux, malgré ces petites choses, j'ai adoré ce bouquin et je vais lire la suite bientôt ! ;)

      Supprimer
  4. J'avais écouté une émission qui m'avait glacée le sang au sujet de ces croyances sur l'albinisme en Afrique. Et j'ai vraiment l'intention de lire ce roman, qui doit bien secouer aussi, rien que d'imaginer cette sauvagerie dont tu parles...
    Merci pour le petit plus toujours très instructif de cette chronique.
    Bises à ma Licorne préférée :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien que pour ça le livre vaut le détour, on y apprend beaucoup de choses sur les coutumes "locales, voir barbare" en Afrique ! Perturbant comme constat !

      Supprimer

Merci pour vos commentaires ...